Coronavirus : le mouvement sportif néo-aquitain perd 165 000 licenciés


Yoan Denéchau
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 18/11/2020 PAR Yoan DENECHAU

« Le dirigeant que je suis est très inquiet ». La crainte est à la fois économique et humaine, pour Philippe Said, président du Comité régional olympique et sportif (CROS) néo-aquitain. Cet automne, le CROS Nouvelle-Aquitaine a contacté les ligues régionales pour une étude d’impact de la crise sanitaire sur les clubs. « 86 des 96 ligues nous ont répondu, et parmi elles les plus importantes en nombre de licenciés. La Nouvelle-Aquitaine a perdu 165 000 licenciés au 31 octobre, avec des disparités importantes d’une ligue à l’autre. Les sports en extérieur sont moins touchés ». A noter que la Nouvelle-Aquitaine compte près de 18 000 clubs et 1 480 000 licenciés (source: direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale).

Là où l’athlétisme (+1%) et le hockey sur glace (+7%) affichent une légère hausse du nombre de licenciés au niveau régional, une ligue comme le judo perd 28% de ces licenciés. « Sur le judo, la baisse pourrait dépasser les 40% si les infrastructures ne rouvrent pas. Plus nous attendons, plus la situation va devenir dramatique », prévient Philippe Said.

Enjeu d’utilité publique

Le président du CROS insiste également sur l’importance du sport vis-à-vis de la santé physique et mentale de ses pratiquants. « Le sport est d’utilité publique, il crée du lien social en plus d’avoir des bienfaits physiques, affirme-t-il. Beaucoup de licenciés viennent avant tout pour ce lien. Fermer les clubs et infrastructures sportives, c’est les isoler et les priver du bien-être lié à la rencontre et au partage ». Afin de conserver ce lien, le CROS s’est organisé, avec les ligues qui le pouvaient, pour proposer un service de pratique sportive à distance. La ligue régionale de gymnastique a par exemple pu proposer des exercices d’entretien en ligne. « Quand vous êtes confinés, il faut vous défouler, précise Philippe Said. Nous avons donc développé une pratique libre et virtuelle ». Le président du CROS prévient toutefois : cette pratique individuelle ne doit pas remplacer les clubs. « Les clubs sont porteurs de lien social, il ne faut pas se renfermer et devenir individualiste », ajoute Philippe Said.

Privilégier l’humain à l’économique

Au delà du seul sport, le président du CROS s’inquiète de la situation dans le monde associatif. « Pendant le premier confinement beaucoup de personnes engagées auprès d’associations caritatives, comme les Restos du Cœur ont dû arrêter pour ne pas prendre de risque. Beaucoup de ces bénévoles ont plus de 60 ans ». Pour pallier cela, l’État a lancé en mars la plateforme de mobilisation citoyenne jeveuxaider.gouv.fr. « Nous avons mobilisé le monde sportif régional, qui représente 290 000 bénévoles, reprend Philippe Said. C’est important pour nous de rester utiles, même si les clubs ont fermé ».

Philippe Said le concède : l’approche économique a pris le dessus depuis le début de la crise. « Le sport ne relève pas seulement de l’aspect financier. Nous ‘vendons’ du lien social en plus de l’activité physique ». Il affirme être parfois confronté à des familles qui demandent des remises sur leurs cotisations aux clubs. « Ils veulent payer au prorata de la pratique, éclaire-t-il. Je le comprends, mais c’est dommage : quand vous adhérez à une association sportive, c’est aussi une adhésion à son projet. Le coût d’activité dépasse largement le montant des cotisations de licence ». Philippe Said incite par ailleurs les pratiquants et leurs familles à faire un don aux associations sportives, convaincu que des clubs disparaîtront du fait de la crise sanitaire.

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