Santé, agroécologie, littoral : la Région finance la science


Pour répondre à des enjeux sociétaux de grandes ampleurs, la Région Nouvelle-Aquitaine a décidé de soutenir financièrement trois programmes de recherches scientifiques, qui visent à améliorer la vie des citoyens d'ici la fin de la décennie.

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La Région Nouvelle-Aquitaine vient de lancer trois programmes scientifiques réunissant des laboratoires publics, sur les thématiques des risques littoraux, de l'agroécologie et des risques sanitaires

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 17/05/2024 PAR Artur Bucaille

Mis en place en 2022, les Programmes Scientifiques de Grande Ambition Régionale (PSGAR) veulent accompagner et faire émerger des programmes de recherches capables de générer des sauts technologiques, touchant à trois grands types de problèmes sociétaux : les risques littoraux, la transition agroécologique et les maladies infectieuses émergentes. Des programmes coordonnés par des laboratoires publics visant à servir d’appui ou d’orientation à de futures politiques régionales. « L’objectif, c’est de mettre la connaissance au cœur du débat public », confie Gérard Blanchard, Vice-Président du Conseil régional chargé de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. 

Pour y parvenir, 7,9 millions d’euros ont été octroyés par la Commission permanente de Nouvelle-Aquitaine pour la mise en place et les recherches liées à trois programmes :
CORALI,  COnnaissances inteRdisciplinaires pour une meilleure Adaptation face aux risques Littoraux (2,3 millions d’euros)
MAIA, MAssification et Intensification Agroécologique pour renforcer la résilience des systèmes agricoles et assurer la sécurité alimentaire en Nouvelle-Aquitaine (2,4 millions d’euros)
MIE,  Maladies Infectieuses Émergentes (3 millions d’euros)

A l’Hôtel de Région de Bordeaux, les élus et professeurs ont détaillé les plans d’actions des différentes PSGAR à l’occasion de leur lancement officiel

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Des littoraux à dompter

Le PSGAR CORALI vise à approfondir les connaissances scientifiques sur les changements des littoraux, et leurs impacts sur la vie des locaux. Outre les conséquences du réchauffement climatique ou les mouvements naturels du littoral, “il y a une forte mutation de l’espace littoral liée à l’évolution du nombre de personnes qui les fréquentent”, mentionne Olivier Pujolar, Vice-Président en charge des Partenariats et des Territoires à l’Université de Bordeaux. Depuis plus d’une décennie, des villes comme Lacanau subissent les changements constants du littoral, et elles n’arrivent plus à s’y adapter. 

On souffre d’un manque de connaissances concernant la modification et la transformation des vagues pendant les tempêtes”, souligne pour sa part Olivier Pujolar.  Pour y remédier, le projet CORALI veut  s’appuyer sur une rétrospective scientifique de l’évolution des littoraux, avec l’étude des évolutions passées comme miroir du futur des rivages néo-aquitains. 

Cette étude historique vise à mettre en place des stratégies d’adaptation, qui s’appuieront sur l’étude de l’évolution à moyen terme des littoraux, ainsi que sur les événements liés aux changements climatiques brutaux. Ces deux axes d’études permettront de s’approprier les littoraux néo-aquitains, à l’horizon 2028, date jusqu’à laquelle s’étend, pour l’heure, le PSGAR CORALI.

Une production agricole respectueuse de l’environnement

L’agriculture est le premier pilier économique de Nouvelle-Aquitaine. Mais le modèle dominant de la région reste l’agriculture intensive qui, bien que rentable, ne permet pas une exploitation durable des ressources et a un impact majeur sur l’environnement. “On a un contexte agricole qui est complexe”, déplore Adrien Rusch, Directeur de Recherche à l’INRAE. C’est de ce contexte qu’est né le PSGAR MAIA, dont le but est d’intensifier l’agroécologie pour assurer la sécurité alimentaire de la Région.

Avant de pouvoir rendre cette nouvelle méthode agricole viable et viser à sa généralisation, une période d’analyse et de recherche scientifique sera mise en place. “Il y a une méconnaissance des effets positifs et négatifs des systèmes agroécologiques. Ce manque s’explique par le contexte actuel, dans lequel l’agroécologie est minoritaire”, explique Adrien Rusch. L’aide financière proposée par la Région (2,4 millions d’euros) permettra d’accompagner les acteurs et les territoires « dans la transition des systèmes agri-alimentaires et la massification de l’agroécologie »

Une fois cette période de recherche effectuée, le projet MAIA promet, entre autres, de multiplier le nombre de territoires agroécologiques, de limiter le recours aux pesticides, de préserver la santé et la fertilité des sols et de prévoir les risques du changement climatique.

Ce projet s’étendra jusqu’en 2027, avec le soutien de la Région et d’acteurs locaux.

Éviter la propagation des maladies

Au-delà du problème de transition agroécologique, il y a un problème sanitaire”, s’exclame Alain Rousset. Le Président du Conseil régional fait ici référence à la propagation d’une pandémie planétaire qui touche la Nouvelle-Aquitaine, l’influenza aviaire. Cette maladie pathogène se limite pour l’instant aux volailles qui, une fois infectées, meurent en quelques jours. Si l’être humain n’est, pour l’heure, pas concerné par cette transmission, cela pourrait être bien différent. Dans le pire des scénarios, imaginé par les chercheurs, l’influenza aviaire pourrait muter en une pandémie grippale, transmissible entre les hommes, d’ici 2030.

Région Nouvelle-Aquitaine

Schéma de transmission de la grippe aviaire

Pour éviter ce cas de figure, la Région a décidé d’investir à hauteur de 3 millions d’euros dans le PSGAR MIE. L’objectif est de se préparer à la lutte contre les émergences des virus de demain, que ce soit sur le plan humain ou animal.

L’impact du réchauffement climatique se fait ressentir sur la transmission de certains virus”, alerte Denis Malvy, professeur à l’Université de Bordeaux. Pour ce faire, des outils de diagnostics rapides et innovants vont voir le jour. Dans le même temps, une optimisation des traitements actuels sera mise en place, en réponse au fait “qu’un trop grand nombre de personnes meurent à cause de la résistance aux antibiotiques”, souligne Marie-Cécile Ploy, professeur à l’Université de Limoges. Soutenu par pas moins de 37 acteurs différents, dont 4 centres nationaux, le projet MIE veut créer une synergie d’acteurs pour une meilleure santé des citoyens. 

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