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PUBLIÉ LE 14/07/2008 PAR Joël AUBERTD’abord, il convient de recouvrir les épaules de sa fille ou de sa compagne d’un châle ou d’un pull. En effet passant de la lumière naturelle à la lumière artificielle, vous pénétrez dans le sein de cette pierre calcaire taillée au Moyen Age par les carriers de Saint-Emilion, sous l’ancien immeuble des Hospices de La Madeleine. C’est alors que s’ouvre à vous, rehaussé par laqualité d’un éclairage étudié, un lieu de culture populaire. Car le grand intérêt de ce musée ne tient pas seulement à la beauté formelle des poteries de terre et de fer qui y sont exposées – de l’ordre du millier – mais au voyage dans le temps que celles-ci permettent, à la leçon de choses qui nous est proposée sur la vie domestique des habitants de nos provinces. L’entrée en matière, en pente légèrement ascensionnelle, aiguise la curiosité immédiate: un alignement de pots de fonte de grande dimension, les « Peyrols » du Périgord que l’on doit au collectionneur bergeracoisJean-Maurice Rahier. Une invitation à retrouver l’odeur du confit de porc qui cuit à petit bouillon dans la fournière, juste en face de la ferme. Ces chaudrons sont venus, en 2002, enrichir les collections du musée ouvert en 1996, un ensemble qui doit beaucoup à un homme du pays, Alain Querre, plus connu pour sa passion de la vigne et du vin que pour celle de la poterie et qui, pourtant, a réuni, là, avec deux autres collectionneurs une manière de trésor.(1)
L’utile et le beau
En effet, au gré de cette plongée dans le temps, de salle en salle, on avance au cœur de la vie d’une société où le potier joue un rôle essentiel, où la recherche de l’utilité est indissociable de l’ambition esthétique tonnelets à huile de Saintonge en terre rosée à glaçure verte des XVII° et XVIII°, superbe jarre à huile du Périgord en terre blanche à glaçure verte, têtes de chenets anthropomorphes de Basse Auvergne… On s’attardera aussi, entre autres merveilles, à la contemplation des épis de faîtage du « cavalier corrézien » ou du « notable saintongeais ». La reconstitution de fours, réalisée avec le concours de la Direction régionale des Affaires culturelles, la buanderie charentaise, un intérieur de foyer sont autant de découvertes passionnantes.Mais l’un des clous de cette plongée dans l’histoire de notre grande Aquitaine, est sans conteste, le mur d’images en céramique, la superbe fresque que l’on doit à Daniel Piron du Frastel qui nous fait partager la vie des Aquitains, à travers l’œil et la plume des troubadours, sous le règne des Plantagenets et de la grande Aliénor ! Cinquante tableaux sur lesquels il faut s’attarder. Choisissons-en un, allez à peine au hasard, le numéro 17 : « le Moine de Montaudon », Plaisirs de Moine :« J’aime aussi, en été, me délasser près d’une fontaine ou d’un ruisseau ; Alors les près sont verts, les fleurs renaissent, les oiseaux piaillent ; mon amie vient me trouver en cachette…et je la renverse un bon coup ». Le musée accueille aussi des expositions permanentes, parmi lesquelles on s’arrêtera devant les grandes poteries de Michel Jouhanneau, et les surprenantes sculptures en terre cuite de Michel Wohlfart. Outre la richesse de la découverte, la fraîcheur de l’endroit est idéale maintenant que l’été a consenti à s’installer.
1. au sein de l’Association pour la Recherche et la Conservation des Poteries Populaires Anciennes.
Dans ce lieu de mémoire deux prochaines dates à retenir les samedis du musée (18h) le 16 août sur le thème de « la poésie amoureuse des troubadours aquitains » et le 13septembre : les soupes du sud-ouest, avec dégustation commentée et débat.
Musée souterrain de la Poterie: 21, rue André Loiseau, Saint-Emilion (05 57 24 60 93); ouvert tous les jours de 10 à 19h: entrée 5 euros, gratuit pour les moins de 12 ans, tarifs de groupes.
