Saft Bordeaux : 70 ans et toujours… survoltée !


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Saft Bordeaux : 70 ans et toujours... survoltée !

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 05/07/2019 PAR Julien PRIVAT

C’est sous l’impulsion de Jacques Chaban-Delmas, alors maire de Bordeaux, que la SAFT (acronyme qui signifie Société des Accumulateurs Fixes et de Traction), s’est installée sur les Boulevards. « Le site était au départ en périphérie de Bordeaux. Il s’est intégré à la ville au fur et à mesure qu’elle s’est étendue », confie Serge Llompart, directeur du site SAFT de Bordeaux. Il dispose de 78 500m2 en centre-ville, à la fois un avantage et un inconvénient pour l’expansion, même s’il y a encore de la réserve foncière autour. « Nous avons produit dès les années 1950. La partie Recherche et Développement a été rapatriée de la région parisienne dans les années 1970 ». Les résultats de l’entreprise sont bons avec un chiffre d’affaires de 113 millions d’euros pour l’exercice de 2018. Niveau salariés, le site en compte 702 (dont 300 chercheurs et ingénieurs en Recherche et Développement) : 35% de cadres, 42% d’ouvriers, 23% de techniciens de maîtrise. Preuve que l’activité se porte bien, même si la direction reste prudente, 110 personnes ont été recrutées l’an dernier et une cinquantaine devrait garnir encore l’effectif cette année.

Des batteries pour le ferroviaire, l'aviation sont produites dans l'usine

La R&D : le moteur des batteries 

Sur le site de Bordeaux sont assemblées et produites des batteries pour l’activité ferroviaire, l’aviation ou encore pour le stockage d’énergie renouvelable. Il y a également de la Recherche et du Développement (R&D). « Les batteries, cela reste de la chimie, explique Ghislain Lescuyer, le directeur général de SAFT. Autour, il y a des systèmes. C’est important de garder ce savoir autour de la chimie à Bordeaux, en Europe. Il faut se méfier et garder le leadership technologique, car les Chinois ont clairement cassé le marché. Ils veulent devenir les rois de la batterie, mais attention, car ça représente 15 millions d’emplois en Europe. Cependant, je reste convaincu que la batterie possède encore de beaux jours devant elle, ici. » 

La particularité du site de Bordeaux est la R&D. La moitié des employés du site y travaillent. Et 9% du chiffre d’affaires de l’entreprise y est investi. « C’est significatif », commente le directeur général. Patrick Bernard est directeur recherche à la SAFT Bordeaux. « On travaille sur de la chimie, de l’électrochimie, de la mécanique, à la fois sur les matériaux et sur les softwares. » À l’intérieur du laboratoire, il y a des appareils qui permettent de connaître la composition des matériaux, quels sont les atomes aussi : des machines de précision et visiblement à la pointe. C’est ici que naissent les batteries de demain. « Nous avons en permanence le regard tourné vers l’avenir et c’est l’une des clés de notre succès. Cela explique aussi l’importance essentielle que nous accordons à la R&D. Notre dernière initiative en témoigne : nous avons co-créé l’alliance européenne des  batteries afin de développer la nouvelle génération de batteries “tout solide”, qui seront intrinsèquement plus sûres et plus efficaces que leurs versions précédentes. Aujourd’hui, nos collaborateurs sont une quarantaine à travailler sur ce programme à Bordeaux », indique Ghislain Lescuyer.

Nicolas Evanno, responsable de l'incubateur, avec à la main une batterie qui sert de traction pour, entre autre, des véhicules miniers ou des chariots élévateurs

Un incubateur unique

La spécificité du site. La création, il y a trois ans, en 2016, d’un incubateur. « Pour aller plus vite », commente Ghislain Lescuyer. En résumé, cet incubateur interne à l’entreprise fait à la fois de l’innovation et du prototypage rapide. Trois équipes le composent : chimie et optimisation de l’électrochimie ; systèmes, gestion et intégration des batteries ; et mécanique, connecteurs, systèmes de refroidissement et dispositifs de sécurité. En ce moment, l’une d’elles travaille sur un prototype, que Nicolas Evanno, responsable de l’incubateur porte sans grande difficulté. « Normalement il devrait peser plus de vingt kilos », rigole-t-il. Ce boîtier, où seront bientôt renfermées des batteries qui sont fabriquées sur le site américain, sert pour de la traction que ce soit pour des véhicules miniers ou des chariots élévateurs. Les équipes de Nicolas Evanno vont de la conception à la fabrication des prototypes en passant bien évidemment par les essais. C’est assez malléable et rapide grâce aux techniques actuelles et leur imprimante 3D. « Nous la mettons en route le week-end ou le soir et quand on revient la pièce est produite. C’est nettement plus rapide qu’avant, où il fallait souvent faire usiner ce type de pièces par des entreprises extérieures . » Ici la  devise est : configurer, développer, commenter puis améliorer. Si les produits font leur preuve, ils feront peut être un jour partie des grosses productions…  

Ensuite, la visite de l’entreprise s’est poursuivie sur les lignes de production. Les opérateurs se relaient en 3x8h, 24h sur 24, 7 jours sur 7. Cela ne s’arrête jamais de travailler. Ils produisent des batteries qui dans l’aviation vont servir au démarrage de l’avio ; de secours, quand l’alimentation tombe en panne elles prennent le relais ; mais aussi pour l’instrumentation de bord. La SAFT équipe 100% des Airbus et la plupart des Boeing. « Nous équipons les 2/3 de la flotte mondiale, aussi bien militaire, civile que d’affaires », explique Karen Hollington. Pour les trains, la société les équipe en batterie de secours, notamment pour les portes, la climatisation et l’éclairage. Les batteries SAFT sont présentes dans le tramway de Bordeaux et sur le Bat3 (ce bateau électrique qui effectue les liaisons sur la Garonne). Niveau client, la SAFT, qui est l’une des entreprises leader dans le domaine des batteries, travaille pour le monde entier. D’ailleurs, 76% des ventes se font à l’étranger , à tous les principaux donneurs d’ordre de la planète.

Ce conteneur permet de stocker des énergies renouvelables. Ils se situent à proximité de champs d'éoliennes ou de panneaux photovoltaïques

Parmi les nouveautés développées et désormais assemblées à Bordeaux, un conteneur maritime de 20 pieds (soit 5,9m de longueur pour 2,35m de largeur). À l’intérieur se trouvent des baies qui ressemblent aux baies informatiques. Mais ici, ce sont des batteries au lithium-ion (fabriquées sur le site de Nersac en Charente) qui sont empilées les unes sur les autres. Elles permettent de stocker des énergies renouvelables souvent solaires ou éoliennes à l’échelle du mégawatt (soit la consommation de 1 000 à 1 500 foyers) et de la réinjecter sur le réseau en fonction de la demande. Ce qui offre une régulation ce qui n’était jusqu’alors pas vraiment possible avec les énergies renouvelables. Deux conteneurs vont être installés en Corse. Il y en a déjà en Alaska, ou encore sur l’île d’Hawaï. SAFT a donc répondu à la problématique du stockage des énergies renouvelables et espère voir de plus en plus de ses conteneurs à côté des champs éoliens ou des champs de panneaux photovoltaïques. 

Au total, plus de 1 100 personnes, proches et familles des salariés du site, ont pu découvrir tout ce samedi, les productions, la recherche et le développement sur le site SAFT de Bordeaux : une opération découverte et transmission de savoir de ce fleuron de l’industrie française qui a su s’imposer à l’international.

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