Retour sur la colère agricole: les avancées suffiront-elles?


Réunis pour leur traditionnel colloque pendant le Salon de l'Agriculture de Nouvelle-Aquitaine, les ingénieurs agronomes de la région se sont penchés sur la crise agricole de l'hiver dernier et sur les solutions possibles face à ces problèmes.

3 hommes assis coté à coteSylvain Desgroppes | Aqui

De gauche à droite, François Purseigle, sociologue et professeur à l'ENSAT (Toulouse), Luc Servant, président de la chambre d'agriculture régionale de Nouvelle-Aquitaine, et Olivier Lavialle, président du Centre INRAe Nouvelle-Aquitaine, ont participé au colloque organisé par UNIAGRO Aquitaine.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 29/05/2024 PAR Sylvain Desgroppes

En janvier puis février 2024, la France a vécu au rythme d’une mobilisation agricole d’ampleur, comme elle n’en avait pas connu au 21e siècle. Quelques mois plus tard, au moment de comprendre les mécanismes de ce soulèvement, et de réfléchir aux solutions possibles pour sortir des impasses alors pointées du doigt, de nombreuses questions demeurent. UNIAGRO Aquitaine a tenté d’y répondre.

C’est en effet ce samedi 25 mai, et sur invitation de son président Bruno Millet, que l’association s’est réunie dans le cadre du Salon de l’Agriculture de Nouvelle-Aquitaine pour un colloque sur le thème  »Les raisons du malaise et/ou de la colère des agriculteurs français et européens – les solutions pour demain ? », animé par Jacques Ripoche, ancien responsable de la rubrique agricole de Sud-Ouest.

« La mobilisation des agriculteurs a été forte et spectaculaire, remontant jusqu’à Paris et Bruxelles, où sont arrivées des mobilisations d’Espagne, d’Italie… Cela a provoqué un sursaut en Europe, avec la révision des BCAE, Bonnes Conditions Agricoles et Environnementales, et en France, sur la future loi d’orientation », lance le journaliste. Mais avant ce résultat, comment est arrivée cette colère ?

Trop de normes

« Il y a beaucoup de facteurs structurels. Les crises ont souvent mis face à face l’agriculture et l’État, mais cela a changé. On parle de distorsion de concurrence dans les espaces ruraux, de méconnaissance de ce qu’est l’agriculture, d’incompréhension du modèle de l’exploitation familiale d’aujourd’hui », estime François Purseigle, professeur à l’ENSAT (Toulouse) et sociologue.

Il y a en réalité un ensemble d’éléments qui ont contribué à la création d’une fracture entre l’agriculture et la société. Même si paradoxalement, les agriculteurs sont de plus en plus soutenus pour leur rôle. La surtransposition de normes, les contraintes administratives strictes et parfois mal adaptées aux réalités du terrain, les obligations imposées sans alternatives ont contribué à un mal-être grandissant.

« On a dit à l’agriculture qu’elle s’en sortirait par la bio, la montée en gamme, une baisse de la production de viande. Or, la consommation de bio a baissé de 20 % en 2023, la montée en gamme n’a pas trouvé une demande suffisante en face, et si l’on a baissé la production de viande, la consommation s’est maintenue, avec en conséquence une hausse logique des importations », ajoute Luc Servant.

Quelles solutions ?

« Pendant ce temps, les agriculteurs doivent faire face à une fluctuation forte de leurs revenus, au changement climatique, à la nouvelle PAC », poursuit le président du salon et de la chambre régionale d’agriculture. La réaction des instances politiques est arrivée, mais doit encore être mise à l’épreuve du terrain. La volonté est d’avancer, mais en restant prudent sur la suite des événements.

« Il y a eu un premier message positif avec le projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture, où l’agriculture est reconnue d’intérêt général majeur », lance Luc Servant. « L’autre message, c’est de ne plus avoir d’interdiction sans solution alternative », poursuit-il. Mais il reste encore des questions concrètes en suspens.

Alors qu’Olivier Lavialle, président du centre INRAe Nouvelle-Aquitaine, a évoqué les travaux menés pour trouver des alternatives aux néonicotinoïdes par exemple, c’est la faculté à réaliser cette transition qui interroge. « Comment accompagner la prise de risque ? Si l’on fait le choix de ne pas traiter, et que cela ne fonctionne pas, aujourd’hui, l’agriculteur assume seul la perte », déplore Luc Servant.

UNIAGRO est une association qui rassemble les ingénieurs diplômés des différentes écoles d’agronomie françaises. UNIAGRO Aquitaine rassemble ainsi 3000 ingénieurs exerçant leur activité au sein de l’ancien territoire couvrant l’Aquitaine. Bruno Millet, président de l’association et commissaire général du Salon de l’Agriculture Nouvelle-Aquitaine, organise à l’occasion de cet événement un colloque annuel pour réfléchir aux problématiques de société autour de l’agriculture.

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