Reportage: Une soirée avec les « T.A.F », Tendances Alternatives Festives


Ethylotests, réglettes d'alcoolémie, bouteilles d'eau, gilets et bonnes chaussures. Voici le matériel indispensable de l'équipe des Tendances Alternatives Festives (T.A.F). Depuis février 2010, tous les jeudis, vendredis et samedis soirs de 21 heures

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Reportage: Une soirée avec les "T.A.F", Tendances Alternatives Festives

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/02/2011 PAR Audrey Chabal

22 heures, la dernière gorgée de café est avalée, les gilets sont endossés et les sacs remplis d’éthylotests et autres réglettes d’alcoolémie. L’équipe des T.A.F, Tendances Alternatives Festives, est fin prête pour entamer sa tournée de plusieurs heures à travers les rues de Bordeaux. Rébecca, 20 ans, a été désignée chef de soirée. C’est elle qui choisit l’itinéraire et a la responsabilité du téléphone de l’association. Direction place de la Victoire, en passant par la rue Sainte Catherine.

« Vous êtes qui, de l’ANPE ? Vous avez trouvez du « taf » ? » Deux jeunes filles s’approchent des volontaires en riant. Ce n’est pas la première fois qu’elles voient passer ces gilets et veulent en savoir plus. Jules, 21 ans, leur tend une réglette d’alcoolémie tout en leur expliquant la mission du T.A.F. Sur la réglette, en fonction du poids, du sexe et du nombre de verres consommés, chacun peut découvrir son taux d’alcoolémie.
Depuis février 2010, douze volontaires d’UnisCité, le service civique, participent à ce programme mis en place par l’ANPAA, l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie, et financé par la Préfecture à hauteur de 100 000 euros par an. Tous les jeudis, vendredis et samedis soirs, une équipe sillonne les rues à la rencontre des fêtards, essentiellement les 18-25 ans, afin de les sensibiliser aux risques liés à la consommation excessive d’alcool.

« J’ai un problème avec ça »
Après avoir discuté un moment avec quatre mineurs attendant des amis avant d’aller quai de paludate, le groupe est accosté par un homme tout en short et en rondeurs. Il lit le logos de l’ANPAA sur le gilet d’un bénévole et sort lentement une canette de bière de la poche intérieure de son manteau. « Vous voyez, j’ai un problème avec ça », explique-t-il en désignant la canette. « Il existe des médicaments pour éviter de boire, mais c’est remplacer une substance par une autre, non ? » L’échange dure plusieurs minutes durant lesquelles l’homme raconte son histoire. Pour Laure Bény, animatrice socioculturelle à l’ANPAA, c’est la limite du programme. « Nous faisons de la prévention, nous ne proposons pas des soins », explique-t-elle. « Les jeunes constituent donc notre public cible, mais les précaires sont souvent ceux qui viennent spontanément nous voir, juste pour discuter un instant. »

Groupe du TAF« Passe ton chemin, nous gonfle pas, on est tous bretons et alcooliques ici ! » Devant un épicerie cours Pasteur, un trentenaire visiblement alcoolisé interpelle un volontaire. « On a passé une dure semaine de travail, on décompresse là ! » David, 25 ans, ne se démonte pas. « On te laisse faire ta soirée, mais écoute une minute. » Laure Bény, en observation un peu plus loin s’approche pour s’assurer que la rencontre ne dérape pas. Face à la réglette d’alcoolémie, le breton se calme, la discussion peut s’engager. Il repart quelques instants plus tard, un éthylotest en poche.

Une soirée très calme
Vers une heure du matin, après la pause café, le groupe reprend la route, mais avec une toute autre mission. « En première partie de soirée nous faisons de la prévention, ensuite, il s’agit pour nous d’identifier les situations et d’intervenir si quelqu’un se sent mal » souligne Laure Bény. La marche se poursuit jusqu’à trois heures du matin dans les rues désertes de Bordeaux pour un samedi soir. Les volontaires travaillent 35 heures par semaine pour plusieurs associations et sont rémunérés 440 euros par mois. Pour cette mission un peu particulière ils sont formés aux premiers secours. Pour ce qui est de gérer le public, c’est souvent sur le terrain que ces jeunes engagés apprennent le plus. « Lors de la première sortie, je me cachais derrière mes camarades, raconte Rébecca, je ne savais pas vraiment comment aborder les gens, maintenant je suis beaucoup plus à l’aise. »

Les petites rues à proximité des lieux névralgiques de la fête sont, dans cette seconde partie de soirée, les cibles privilégiées des volontaires. « C’est dans les recoins que les gens vont s’ils sont malades » explique Jules. Toujours à deux, les T.A.F scrutent la moindre impasse.
« Eh, le T.A.F ! » deux jeunes hommes, à la terrasse d’un bar s’avancent, bière à la main. « C’est vraiment bien ce que vous faîtes, il en faudrait même plus des groupes comme vous ». Trois heures du matin, l’équipe termine sa mission en faisant un dernier tour place de la Victoire. Aucun incident à noter, en ce weekend de vacances scolaires et universitaires, la soirée a été très calme.

 Crédit photos : Aqui.fr et D. Bun

Audrey Chabal

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