Région Aquitaine : une journée de débat autour d’une nouvelle politique agricole des territoires


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Région Aquitaine : une journée de débat autour d'une nouvelle politique agricole des territoires

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 27/08/2015 PAR Romain Béteille

Le débat était centré autour des compétences et politiques des différentes collectivités. A cette occasion, la salle d’Assemblée de l’Hôtel de région comptait parmi ses spectateurs de très nombreux présidents de Chambres d’agriculture et autres professionnels du secteur agricole. A là table des débatteurs, on retrouvait Alain Rousset, président de la région Aquitaine et de l’Association des Régions de France, Daniel Genissel, président de l’AC3A (Association des Chambres d’Agriculture de l’Arc Atlantique), Dominique Bussereau, président du Département de la Charente-Maritime, de l’Assemblée des départements de France et ancien Ministre de l’Agriculture de 2004 à 2007 ; Viriginie Calmels (en tant qu’adjointe au maire de Bordeaux en charge de l’économie et de l’attractivité économique métropolitaine  et non pas candidate aux régionales…), Pierre Dartout, préfet de la région Aquitaine et Charles-Eric Lemaignen, président de l’Agglomération Orléans-Val de Loire et de l’Assemblée des Communautés de France. 

Meeting politique ? L’enjeu du principal débat de la journée : définir les différentes compétences octroyées aux collectivités en matière d’agriculture. Un enjeu d’autant plus important que l’Aquitaine demeure la première région française pour l’emploi agricole, avec 43 100 exploitations et cinq milliards d’euros de chiffre d’affaires. Déjà, à la suite de la grogne des éleveurs, une cinquantaine de professionnels du secteur agricole s’étaient réunis le 5 août dernier pour commencer à mettre en œuvre le plan d’urgence. Avec une agriculture aussi diversifiée et une loi NOTRe qui s’apprête à bouleverser l’organisation des territoires, cette « réunion » qui avait parfois des allures de meeting politique, si elle n’a pas bénéficié de grandes annonces, a au moins permis de clarifier l’avis de chacun sur les effets de la réforme territoriale sur le monde agricole. 

Une présence territoriale de proximité Ainsi, on sait déjà qu’un Pôle Viticole devrait logiquement être situé à Bordeaux, que les grandes cultures devraient être traitées à Poitiers et l’élevage (hautement sensible comme nous l’avait déjà démontré un professionnel à St-Savin de Blaye) à Limoges. Pour le préfet de région, c’est une certitude : « l’État doit faire des économies sans altérer la qualité du service rendu. Il nous faut donc travailler différemment. Dans les départements, assure-t-il, il y aura toujours une présence territoriale de proximité ». Pour Charles-Eric Lemaignen, « il est nécessaire, quand on sait que nos collectivités auront de moins en moins d’argent public, de faire une réforme structurelle pour éviter les doublons » — comprenez deux emplois qui pourraient n’en faire qu’un seul. « On ne peut pas garder la dépense publique à 57 % du PIB », s’est efforcé de convaincre le président de l’agglomération orléanaise.

Des actions engagéesPour l’heure, selon lui, seules 15 % des intercommunalités auraient passé un contrat avec les Chambres d’Agriculture. C’est relativement peu, alors même qu’on sait que la future grande région comptera près de 85 000 exploitations et deviendra la première région agricole française. La large concertation évoquée par l’élu entre 2010 et 2012, qui a abouti à 23 actions (parmi lesquelles la promotion des circuits courts ou la création d’une couveuse d’entreprises agricoles pour les jeunes exploitants qui sera testé début 2016) fait pourtant figure de goutte d’eau, quand on voit la nécessité, selon Dominique Graciet (président de la Chambre d’Agriculture d’Aquitaine) de remodeler un « appareil de production très en retard dans la région ». Pour Virginie Calmels pourtant, le « rôle du politique est de voir plus loin que les crises, c’est la préservation du secteur agricole, l’installation des nouvelles exploitations, la veille foncière entamée avec la Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) depuis 2012 ».

De grandes inquiétudesPlus virulent, Dominique Bussereau a été moins optimiste que le reste des élus présents. « L’avenir de l’administration est dans les régions. l’Etat aurait dû profiter de la réforme territoriale pour gonfler les directions régionales, au lieu de faire semblant d’inutilement renforcer les départements. Elle va (la réforme) rendre extrêmement compliquée la répartition des rôles. Au final, elle va coûter plus cher pendant au moins cinq ans », a-t-il déploré. « Après 2016, en appliquant la loi, les départements ne pourront plus financer les Chambres d’agriculture, alors qu’elles étaient un levier important pour réaliser les politiques locales. De même, les aides à l’installation et aux groupements fonciers deviendront impossibles à financer, sauf si la loi est modifiée ». Une inquiétude légitime, confortée par les propos d’Alain Rousset pour qui « 50 % des disparitions d’exploitations se font à cause du foncier et de l’étalement urbain. Il faut que la formation des jeunes agriculteurs soit la mission principale des lycées agricoles. Le Ministère de l’Agriculture va devoir se doter d’une vraie stratégie d’innovation, nous devons nous préparer à la revoyure de la PAC ». 

Des problèmes déjà soulignésDans les rangs des interrogations, on retrouvait notamment la lourdeur et la longueur de l’aboutissement d’un projet pour les entrepreneurs (une durée de 5 à 6 ans avancée pour la France), le problème de la compétitivité de la France face à d’autres pays (48 millions de porcs en Espagne, 23 millions en France), les filières d’excellence et les circuits courts qui « ne sont pas toujours au-dessus des autres » alors qu’ils sont très souvent mis en avant par les élus et le gouvernement ou encore la question : à quand une réelle stabilité pour commencer à mener des projets ? Beaucoup de débats, et de problèmes dénoncés par les professionnels qui reviennent dans les discours depuis plusieurs mois, quelques engagements et pistes, mais aucune mesure concrète tirée de ces deux heures de débat. Il a au moins permis de souligner une certitude — avant, peut-être, un accord avec la grande distribution sur le gaspillage alimentaire malgré la frilosité de certaines enseignes —, la nécessité pour les collectivités Région-Département-Intercommunalités de travailler ensemble pour accompagner les mutations de l’agriculture à l’heure où la réforme territoriale laisse encore beaucoup de zones d’ombre et d’incertitudes sur les compétences des unes et des autres et les économies véritables à réaliser.

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