« Radio Trombines » : de belles histoires pour une reconversion heureuse


Alix de Salins et Margaux Derathé

« Radio Trombines » : de belles histoires pour une reconversion heureuse

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 12/08/2020 PAR Justine Wild

Il faut dorénavant savoir évoluer et se réinventer. Crise existentielle ou crise du salariat, il y a cette injonction à donner du sens à ce que l’on fait, à sa vie. Et pour venir en aide aux employés désireux de se réorienter, ateliers, experts en ligne et start-up se multiplient. Mais franchir le pas reste compliqué.

L’histoire de Margaux Derathé, jeune maman de 33 ans et Bordelaise depuis peu, est celle d’une reconversion professionnelle étonnante, mais passionnée. Après avoir intégré une école de commerce, puis obtenu un diplôme d’avocat, elle occupe un poste en tant que fiscaliste en cabinet d’avocats pendant quatre ans, avant de devenir juriste fiscaliste pour un grand groupe d’autoroutes. Mais très vite, elle a le sentiment de ne pas être à sa place, de s’être trompée d’orientation. Reprendre sa vie en main, changer de boulot, lancer sa boîte. Les idées fusent dans la tête de Margaux. Elle prend finalement la décision de réaliser, via l’organisme Switch Collective, un bilan de compétences, à l’issue duquel ses doutes s’estompent : elle n’est pas épanouie professionnellement, et doit trouver un sens à ce qu’elle fait. Elle se promet alors de quitter son poste au cours de l’année à venir. Engagement tenu : un an après, alors qu’elle avait un parcours tout tracé dans le droit, la jeune femme démissionne pour se lancer, en février 2020, dans son aventure entrepreneuriale, soit quelques semaines avant la mise en place du confinement. Laissant derrière elle une vie plus classique, elle crée de toutes pièces sa petite entreprise, Radio Trombines.

Un long cheminement

A la faveur d’un bilan de compétences, Margaux comprend donc la nécessité de faire un métier qui la passionne, et qui lui permette de faire de jolies rencontres et de créer de belles émotions. Mais avant de faire le grand saut, elle a dû explorer l’art et la manière de changer de trajectoire professionnelle, et coucher sur le papier ses aspirations, ses atouts et ses compétences. Elle se penche alors sur ses loisirs et centres d’intérêt : au-delà d’affectionner les bons moments partagés avec ses amis autour de jeux de société, l’auto-entrepreneuse raffole de podcasts, en particulier ceux qui racontent la vie des gens ordinaires. C’est ainsi que lui est venue l’envie de réaliser des « portraits sonores », pour offrir la possibilité à tous d’avoir des traces de ceux qu’ils aiment.

Margaux Derathé

Soutenue par une couveuse d’entreprise, et en suivant un plan d’action minutieux dans lequel étapes, dates et délais s’entremêlent, Margaux a pu donner vie à son projet. Le dispositif d’accompagnement lui a effectivement permis de confronter ses idées à son environnement, en la renseignant sur les aides dont elle pouvait bénéficier, les possibilités de financement, ou encore les démarches administratives à réaliser. « Un bon tremplin pour se lancer », d’après la jeune femme, qui dispose désormais de trois ans pour faire ses preuves, et pour démontrer à tous que son projet est viable sur le long terme.

« J’aimerais tellement pouvoir me souvenir de tout » 

Comment proposer un format audio novateur et stimulant, quand le monde entier est gagné par l’engouement des podcasts ? Ce nouveau marché en effervescence voit effectivement son offre et son nombre de téléchargements exploser, avec toujours plus de réalisateurs amateurs, aux contenus ciblés de qualité. Margaux a voulu relever ce défi en lançant son concept des « portraits sonores ». L’objectif ? Proposer des biographies sonores aux familles, pour qu’elles aient des souvenirs vivants de leurs proches, enregistrés avec leurs voix, leurs émotions, leurs expressions, leurs intonations, leurs rires. Consciente que l’histoire d’une personne prise dans son individualité ne séduirait qu’un faible nombre d’auditeurs, elle abandonne l’idée de créer un podcast, et opte, à la place, pour un format qui lui permet de personnaliser l’offre et la demande. Elaboré depuis un an, et officiellement lancé depuis seulement six mois, le projet en est à ses balbutiements, mais repose sur des bases solides, la jeune femme ayant suivi une formation technique de plusieurs jours auprès d’ingénieurs du son d’Arte Radio à Paris.

Le concept des « portraits sonores » naît aussi de la volonté de la jeune maman de cristalliser des bons moments avec ses proches : « J’ai toujours eu envie d’enregistrer mes grands-mères, pour conserver un souvenir de toutes les histoires qu’elles me racontent au détour d’un déjeuner ou d’un thé. Car j’aimerais tellement me souvenir de tout. Cette envie est devenue plus forte depuis que je suis maman, et que je découvre cette nouvelle responsabilité que j’aurai de transmettre à ma fille l’histoire de sa famille. » Pour ce faire, Margaux adopte un format audio qui, selon elle, est le plus à même de transmettre des souvenirs, partager des émotions et refléter une personnalité. Elle explique : « A travers une voix, on se laisse totalement embarquer, sans que l’attention soit détournée par un style d’écriture ou par des images. En écoutant une personne, on peut s’imaginer à ses côtés, se projeter dans son récit, rêver. Avec l’audio on est dans le présent, dans l’intime, et dans le vrai. Je pense qu’on ne peut pas se cacher derrière une voix. »

 Grands-parents en vacances


Un projet flexible, à consolider d’abord, à enrichir ensuite

La jeune auto-entrepreneuse propose plusieurs types de « portraits sonores », allant de la simple « brève de vie », qui invite une personne à raconter un épisode de sa vie, des anecdotes et des souvenirs, au « portrait entre amis », à savoir un portrait raconté par ses proches, au travers d’anecdotes partagées, de moments vécus et de petits mots. Un véritable matériel de studio est apporté au domicile des interviewés et, au cours des deux heures d’enregistrement, le micro se fait oublier, pour laisser place à un échange convivial et détendu. Puis viennent le montage, l’habillage sonore – sans parole pour mettre en valeur le récit – et le mixage. Mais comme l’artiste le rappelle : « tout est adaptable, car le portrait doit parfaitement correspondre à la personne. C’est pour cela que je développe, sans cesse, de nouveaux formats selon les désirs de mes clients ».

La fondatrice de Radio Trombines réfléchit en effet déjà aux évolutions que pourrait suivre son projet : après avoir consolidé son travail auprès des particuliers, elle envisage de proposer ses talents aux collectivités qui voudraient récolter la mémoire de leurs habitants, aux entreprises désireuses de réaliser les portraits de leurs dirigeants, ou bien à des structures d’accueil de personnes âgées, en vue de mettre en place des « ateliers mémoire » et, pourquoi pas, de réaliser, à terme, un documentaire sonore. Un concept novateur qui vient briser, un tant soit peu, l’isolement de nombreuses personnes aggravé par la crise sanitaire.

Plus de renseignements au sujet des « portraits sonores » sur le site de Radio Trombines ou sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram.

 

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