Cette opération exigeant du temps et un grand savoir-faire, dans la plupart des cas, les éleveurs préfèrent la confier à des tondeurs spécialisés. Ces derniers, grâce à la pratique régulière de cette activité et à leurs qualités physiques, sont capables de performances dignes de sportifs. C’était le cas sur le ring d’Aquitanima, lors de la démonstration organisée par les éleveurs ovins et les chambres d’agriculture, pour Gilles, véritable force de la nature. Ce cernier a montré, devant le nombreux public massé le long des barrières, comment prendre une brebis, l’amener sur la plate-forme de tonte, et comment la contenirtout en actionnant la tondeuse.L’homme la maintient soumise en tenant de sa main gauche une de ses pattes avant retournée vers le flan. Au moindre signe de rebellion, tandis que la tondeuse évolue sur le corps de l’animal, et que le manteau de laine s’ouvre, il lui enfonce les onglons dans le ventre. La brebis semble avoir vite compris, et préfère se soumettre. Il n’aura pas fallu plus de trois minutes pour la débarrasser de sa laine.
Le mouton en danger
Mais que fait-on de cette laine? Il y a quelques années, elle était presque invendable, et à des prix dérisoires. Aujourd’hui, a expliqué Jean-Pierre Dugat (chambre d’agriculture de la Gironde)elle retrouve un regain d’intérêt en raison de son utilisation en tant qu’isolant dans les constructions écologiques. Mais, selon les responsables syndicaux ovins, il n’y a pas encore un grand rapport à en attendre, “et ce n’est pas cela qui sauvera l’élevage ovin français”. Ce dernier arrive en effet à un carrefour important avec la prochaine réforme de la PAC (Politique Agricole Commune), et on craint qu’il ne résiste pas à la réforme des soutiens. “Si rien n’est fait, dans 10 ans, vous ne mangerez que du mouton anglais ou néo-zélandais” a affirmé un commentateur de la démonstration avant de lancer un appel à la consommation d’agneau français.
Gilbert Garrouty