Protection des espaces agricoles: les outils en question lors de la conférence du foncier rural en Gironde


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Protection des espaces agricoles: les outils en question lors de la conférence du foncier rural en Gironde

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 14/03/2012 PAR Solène MÉRIC

« Au niveau Aquitain, la première cause de perte de foncier rural, c’est la friche », rappelle Jacky Bonneteaux et les statisticiens de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt. Mais, en Gironde, comme dans les Landes, c’est bien l’artificialisation des sols qui vient principalementgrignoter les terres agricoles. Une artificialisation synonyme soit de construction de bâtis, de grandes infrastructures ou encore de sols revêtus (parkings). Mais, contrairement aux idées reçues, l’artificialisation en Gironde, c’est aussi et surtout (dans 40% des cas) « l’enherbement artificiel des sols », autrement dit, la pelouse qui entoure le bâti. Et le phénomène, sous la pression de l’attractivité du territoire, s’accentue de plus en plus. « De 1,7 ha d’artificiel non bâti, pour 1ha de bâti, le rapport est passé à 2,2 ha d’enherbement artificiel pour la même base d’1 ha de bâti » souligne le statisticien de la DRAAF.

Haro sur les maires?
Pour autant, au-delà de cette vocation à l’agrément du bâti, Jean-Luc Gleyze, conseiller général de Gironde et Magali Vérité, Présidente des JA de Gironde, soulignent que la surface agricole disparaît aussi au profit de « l’extension des surfaces commerciales, en excès par rapport au besoin des populations », « de projets d’installation de panneaux photovoltaïques ».
Alors, haro sur les maires ? Gérard César, Président de l’Association des Maires de la Gironde, tempère : « le Maire est pris entre le désir d’agrandir sa commune en terme de locatifs et de zones d’activité, et la conscience du besoin de la mixité des usages au regard de l’agriculture ».

« Parvenir à un savant équilibre »
A ce sujet, il rappelle que c’estprécisément le rôle des nouvelles Commissions Départementales de la Consommation des Espaces Agricoles (CDCEA) que de rendre un avis « savamment équilibré » entre ces deux impératifs. Un avis remis au Préfet sur les documents d’urbanisme tels que les cartes communales, les PLU et les SCOTT. Des documents issus des lois SRU et Urbanisme et habitat, qui, glisse-t-il, « devraient être dépoussiérées »…Une insuffisance de ces outils que Jean-Luc Gleyze s’oblige aussi à reconnaître face au constat de l’incessante déprise agricole.
Pour autant, la CDCEA âgée d’un an n’est pas épargnée par la critique : l’avis n’a qu’une valeur consultative, et elle ne se prononce pas sur tous les projets d’artificialisation. Sur le photovoltaïque notamment, « le Préfet refuse d’adresser ces dossiers en CDCEA » souligne avec vigueur Francis Massé, Président de la SAFER AA.
Jean-Luc Gleyze attire l’attention sur une autre nouveauté, un outil expérimental : le Périmètre de Protection desEspaces Agricoles et Naturels Périurbains (PPEANP) mis en place sur la zone maraîchère des Jalles. Mais là encore, une critique se fait entendre. Ici, la protection est telle que « même les agriculteurs ne peuvent y construire des bâtiments d’exploitation ou d’habitation. C’est un frein pour notre productivité » pointe l’un d’eux.

Le public venu nombreux assister à la CDFR organisée à la Maison de la promotion sociale à Artigues


« Préserver le consensus »
Pour autant tout espoir n’est pas perdu concernant les SCOT et les PLU. Comme l’a rappelé, Xavier Stéphan de Pays Quartier d’Aquitaine, intervenant de la salle, « il y a dix ans la grande majorité des communes rurales étaient dépourvues de documents d’urbanisme » Si elles sont aujourd’hui 80% a en être dotées, on paie peut-être aujourd’hui ce temps de réaction décalée. « Il faudra bien à peu près dix ans pour que les effets de ces outils se fassent sentir »…
Au final, même perfectibles, les outils se multiplient. L’impératif pour Francis Massé est que ceux-ci sachent « conserver la dimension du consensus et de la discussion entre tous les acteurs ». Le pouvoir d’arbitrage sur l’orientation du territoire ne doit selon lui pas être confiés aux seuls élus, mais bien aussi, à voix égales, laisser leur place aux agriculteurs.


Photos: Aqui!

Solène Méric

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