Précarité énergétique : l’Insee Aquitaine tient les comptes


RB

Précarité énergétique : l'Insee Aquitaine tient les comptes

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 16/04/2015 PAR Romain Béteille

Après le coup de projecteur de l’Ademe et du CREAQ sur la précarité énergétique, c’est au tour de l’Insee de publier une étude ce jeudi 16 avril sur la fragilisation des ménages aquitains face au coût de l’énergie. Ainsi, dans cette étude qui s’inspire de données collectées en 2008 par l’Insee, on apprend qu’un ménage sur cinq serait vulnérable énergétiquement. Selon la définition du bureau d’études, un ménage est dit vulnérable s’il consomme plus de 8% de son budget pour le chaufface et l’eau chaude (soit 117 euros) ou plus de 4,5% (plus de 65 euros) pour le carburant. Bilan : 300 000 ménages touchés dans la région, soit 21% contre 22% pour la moyenne nationale. Le tout avec quelques spécificités notables. 

Des disparités entre les territoiresLa première, c’est celle concernant les déplacements : 175 000 ménages seraient vulnérables, soit 12,5% des ménages, un pourcentage supérieur à la moyenne métropolitaine de 10%. Le tout avec des disparités plus ou moins notables entre les départements : le pourcentage remonte à 19% en Dordogne, 17% dans les Landes ou encore 13% en Lot-et-Garonne. En moyenne, on dépenserait 660 euros par an en Aquitaine pour le carburant, et 1060 euros pour les ménages ayant des déplacements domicile-travail, en sachant que l’éloignement des pôles d’emplois est un facteur important de cette mobilité précarisée. Les jeunes, les agriculteurs, les ouvriers et les bas revenus en général et les personnes seules sont les plus vulnérables.

Pourtant, 158 000 ménages seraient vulnérables au niveau de leur logement, soit 11% contre 15% pour la moyenne nationale, là encore avec des disparités importantes entre les territoires. Des chiffres qui s’expliquent par le fait que les logements anciens sont évidemment plus énergivores que les neufs. Or, en Aquitaine, 58% des logements ont été construits avant 1974. Dans le détail là aussi ces tendances se confirment : 37% en Dordogne, 36% en Lot-et-Garonne, 30% en Aquitaine concernant les logements anciens. Plus alarmant mais non moins logique, cette tendance va s’accroître lors du passage à la future grande région, passant ainsi à 630 000 logements en situation de précarité énergétique, soit 25%. De même, si la hausse des prix de l’énergie venait à augmenter de 30%, ce serait 93 000 ménages supplémentaires qui y seraient confrontés. En revanche, si la consommation baissait de 23%, c’est 58 000 ménages qui sortiraient de cette situation. 

Structurer les politiquesPhilippe Roubieu, directeur adjoint de la Dreal Aquitaine (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), affirme que ces deux facteurs (habitat et déplacements) sont essentiels pour la stratégie des politiques publiques : « ça trouve écho avec trois piliers du développement durable que sont l’enjeu environnemental, notamment ceux autour de la transition énergétique, l’enjeu social pour le pouvoir d’achat et enfin l’enjeu économique puisque toutes les politiques publiques autour de ces thèmes sont facteur d’emplois », précise le responsable. « En Aquitaine, on constate quand même une vraie dynamique, et des actions de la part des collectivités locales. Entre 2013 et 2014, on a d’ailleurs constaté une progression des dossiers de l’ANAH (Agence Nationale de l’Habitat) : il y a eu 1962 dossiers déposés par des propriétaires occupants en situation de précarité énergétique, soit plus de 70% de plus. En 2014, le budget consacré à la rénovation des bâtiments par l’ANAH et l’Etat a été de 31 millions d’euros. De même, 70 millions d’euros ont été consacrés au renforcement des aides au logement » (grâce notamment au crédit d’impôt prolongé jusqu’en 2016 et l’éco prêt à taux zéro). 

L’Etat a également institué des délégations de compétences aux collectivités qui le souhaitent concernant « l’aide à la pierre » dans le domaine de l’habitat (subventions). Ces délégations sont présentes dans 6 collectivités en Aquitaine dont la Gironde, alors que le Conseil général de la Dordogne distribue ces aides et que le Lot-et-Garonne est en discussion pour intégrer le processus en 2016. Dans ce cadre, une convention est signée avec l’Etat, qui comprend des objectifs précis. « L’intérêt de ces dispositifs, c’est que les collectivités sont évidemment plus proches du terrain. Le plus souvent, elles définissent des aides plutôt sur leur propre budget, et abondent quand elles recoivent des aides de l’ANAH. Mais l’Etat a besoin des initiatives des collectivités. Il faut agir dans un premier temps sur l’offre de logements et de services, avoir des projets de territoires cohérents qui peuvent structurer et influer sur la vulnérabilité énergétique de demain », conclue Philippe Roubieu. En attendant, l’Aquitaine fait également partie d’un autre palmarès : avec 867 000 tonnes par an, c’est la cinquième région de France la plus émétrice de CO2. 

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles