Point de vue – L’achat de foncier rural par les non agriculteurs en Aquitaine Atlantique : Constats locaux, enjeux globaux


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Point de vue - L'achat de foncier rural par les non agriculteurs en Aquitaine Atlantique : Constats locaux, enjeux globaux

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 09/06/2010 PAR Joël AUBERT

En Gironde d’abord ! Sur les 7500 hectares de foncier en espace rural vendus en 2009, les non agriculteurs en ont acheté 4500, soit les 3/5. Ces acquisitions peuvent avoir tout autant pour finalité l’investissement agricole ou forestier, la propriété de loisirs, le terrain à bâtir, la voirie, le développement économique…autant d’usages légitimes mais qui deviennent, pour partie, des surfaces sur lesquelles toute production agricole devient quasi rédhibitoire.

Dans les Landes ensuite, en 2009, la tempête Klaus rend toute observation du sujet bien spécifique. Si on retient, pour l’analyse, 2007 et 2008, dans un marché rural d’environ 10.000 ha, les non agriculteurs en maitrisent environ les 3/4 ! Il est à noter que les acquisitions de massifs forestiers acquises par des forestiers sont effectivement recensées comme des acquisitions faites par des non agriculteurs. S’agissant des valeurs constatées, le rapport est totalement déséquilibré puisque cette fois ci ceux qui pèsent 3/4 en surface, représentent 90% en valeur !
Dans les Pyrénées Atlantiques enfin, sur un marché rural d’environ 3000ha, si les acquisitions entre agriculteurs et non agriculteurs s’équilibrent quasiment en surface (50/50), en valeur, les non agriculteurs « pèsent » plus de 90% !

Certes, tout le foncier acquis par des non agriculteurs ne conduit pas toujours à l’abandon de sa fonction de production. Une analyse plus fine permet de considérer que ce sont environ 1000 hectares/an et par département qui abandonnent définitivement leur vocation agricole…soit l’équivalent de la surface agricole d’un département moyen français tous les 10 ans !… Et le phénomène n’est hélas pas seulement national !

Un triple enjeu
Ce simple constat nous renvoie à un triple enjeu dont on peut penser qu’une totale prise de conscience n’a pas encore eu lieu par nos contemporains.
– L’enjeu alimentaire d’abord : produire une alimentation pour 9 milliards d’humains à l’horizon 2050 !
– L’enjeu énergétique ensuite, avec la fin programmée des énergies fossiles dans une à deux générations tout au plus.
– L’enjeu environnemental enfin avec la diminution de ces pièges à carbone que sont à la fois les surfaces forestières et agricoles.
Ce constat où le local rejoint aisément le global connait dans nos départements littoraux aquitains des pressions…pour ne pas dire des tensions, supplémentairesliées à au moinstrois phénomènes :
– Celui de l’extrême attractivité de nos zones littoral…avec tout ce que cela suppose en termes d’équipements, eux-mêmes consommateurs d’espaces.
– Celui du rattrapage du retard dans nos grandes infrastructures de communication : plus de 2000ha pour la future Langon-Pau et demain autant pour la future Ligne à Grande Vitesse !…Soit près de 5000ha en 10 ans !
– Celui enfin de la présence sur les trois départements littoraux de massifs forestiers couvrant plus de moitié de l’espace et dont la présence, à juste raison, connait une relative protection via le code forestier.

Ainsi, la seule observation des achats de fonciers par des non agriculteurs ne doit pas nous enfermer dans un constat d’impuissance. L’acte est en soi bien naturel. Par contre l’artificialisation auquel une partie de ce phénomène conduit pourrait, quant à lui, demain être contre nature ! …Le « Politique » a, à cet égard, une lourde responsabilité dont on peut espérer que son exercice prenne la mesure et du local…et du global !

Photo : 1D110

Pierre Pouget
Directeur général de la SAFER Aquitaine Atlantique
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