“Je fais l’imprimeur pour gagner ma vie, et l’éditeur pour la perdre”, lance Didier Periz en manière de plaisanterie. “On parvient à avoir un équilibre financier”, tempère-t-il rapidement. Pleine Page a tout de même connu quelques succès en librairie. Au rayon régionalisme, notamment. En coédition avec l’association des Savoir-faire d’Aquitaine, 20 chansons d’Aquitaine (qu’il faut savoir), ouvrage accompagné d’un CD de David Olaizola, est sorti en 2006 et n’a pas mal marché. Dans cette même collection de “l’Aquitaine qu’il faut savoir”, 15 maisons d’écrivains d’Aquitaine qu’il faut connaître paraîtra en avril prochain. Avec la même réussite ?
Côté polar, la collection “Rouge nuit” s’est fait sa place au soleil du livre bordelais. “C’est une collection de polars locaux, explique Didier Periz. On fait appel à des écrivains, souvent issus du cru, qui n’ont parfois encore jamais été publiés mais ils peucent être aussi des auteurs confirmés.” Bordeaux blues, Bordel à Bordeaux, Bouillie bordelaise, ces quelques titres donnent une idée des rêves ou des cauchemars qui peuvent agiter la belle endormie.
Bacalan « for ever »
Si Pleine page est ancrée dans la vie aquitaine et bordelaise, elle l’est encore davantage dans celle de son quartier. Bacalan, Didier Periz l’a dans le sang: “avant d’habiter le quartier, je passais matin et soir devant les bassins à flot. Ils sont comme une respiration marine au sein de la ville.” Des lacs urbains que leurs propriétaires, le Port Autonome de Bordeaux et la CUB ont voulu condamner, il y a quelques années. C’était sans compter sur la pugnacité des Bacalanais, qui les ont sauvés. Bacalan-Beach, ouvrage paru en 2007 de Pierre Cétois et Didier Periz, est né de cette résistance. Il redonne vie aux écluses, au Pont du Pertuis, aujourd’hui hélas condamné, à des objets de marins oubliés, aux morutiers qui, il n’y a pas si longtemps, accostaient aux bassins. “Ce livre est un état d’esprit”, souffle l’éditeur, rageur au souvenir de la triste fin qu’a manqué de connaître le site.
Des poèmes et des Hommes
L’autre grande histoire d’amour de Pleine Page, c’est la poésie. Un amour ingrat, puisque selon Didier Periz, “la poésie ça ne se vend pas”. Mais la ligne éditoriale de la maison est ailleurs, elle résonnerait presque comme un art poétique: “il faut publier des choses difficiles parce qu’elles sont belles”. “Notre travail d’édition en poésie, nous sommes les seuls à le faire dans la région”, déclare l’éditeur. Sans financement extérieur, Pleine Page organise, en collaboration avec la librairie Olympique et l’éditeur toulousain Noir et Blanc, le Prix Olympique de poésie, qui récompense un manuscrit. La maison d’édition gère en outre le fonds Opales, qui propose un catalogue exclusivement poétique, avec notamment plusieurs recueils de Thierry Metz, “un immense poète”, selon Didier Periz. Derrière un mot, un regard qui tremblent, on devine l’amitié qu’il portait à l’artiste, disparu en 1997. À la fin de l’année, son ultime texte, L’Homme qui penche, co-édité par Opales et Pleine Page, va faire l’objet d’une pièce au théâtre Vidy, à Lausanne. Une belle reconnaissance pour le poète et son éditeur.
Léo Peresson
Présence permanente au Salon
Les Nouveautés Tout ce pourquoi est de sel (L’Un dans l’Autre), l’Ours pêcheur (Polar Rouge nuit): Philippe Cougrand lauréat du Prix littéraire d’Aquitaine 2008 dédicacera l’ouvrage; Pas perdus dans les rues vides ( Raul Nieto de la Torre, poésie), les Arbres se taisent de Francine Burland, premier roman; 15 Maisons d’écrivains d’Aquitaine qu’il faut connaître de Michel Suffran (l’Aquitaine qu’il faut savoir) www.pleinepage.com; diffusion France entière (hors Aquitaine) Soleils Diffusion: 01 45 48 84 62; Aquitaine: Chrpentier -Sobodi: 05 57 35 64 55. |