Opération « Urgence EAU Bordeaux » pour venir en aide aux personnes à la rue


Emilie Lorente et Cécilia Fonseca

Opération « Urgence EAU Bordeaux » pour venir en aide aux personnes à la rue

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 30/08/2020 PAR Justine Wild

Plus de 2 milliards de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à l’eau potable, alerte encore aujourd’hui l’ONU. Cette réalité semble lointaine et pourtant, en France, devant chez nous, de nombreuses personnes démunies sont également privées de ce droit fondamental. C’est pour pallier ces inégalités que le collectif « Les Gratuits », formé fin 2018 autour de citoyens engagés de la métropole bordelaise, a lancé sa grande collecte de bouteilles d’eau et de gourdes, dans un contexte particulier, qui conjugue crise sanitaire et canicule.

Genèse du projet

Le collectif regroupe à ce jour plusieurs dizaines de membres actifs, quelques centaines de donateurs réguliers, et rassemble une communauté de près de 2 500 membres sur sa page Facebook, tous soucieux de venir en aide le plus simplement et le plus directement possible aux personnes en difficulté, qu’elles soient à la rue, dans des squats ou simplement dans des situations de précarité. De tous horizons, ces bénévoles sont souvent jeunes, et comptent parmi eux quelques personnes anciennement à la rue, qui ont bénéficié des maraudes, et qui ont finalement trouvé un toit.

Relayées sur les réseaux sociaux, et notamment en association avec les membres de la communauté d’entraide et de coopération sociale Wanted sur Facebook, les activités des « Gratuits » ont vite gagné en notoriété. Le nom du collectif n’a d’ailleurs pas été choisi au hasard puisque, initialement, il était organisé autour de ce qu’ils ont justement appelé « les gratuits », à savoir des portions alimentaires individuelles, des échantillons de savon, de gel douche, de parfum, de protections hygiéniques, etc., offerts par des hôtels, des compagnies aériennes ou encore des supermarchés à leurs clients, et qui dorment ensuite éternellement dans les placards. Ces produits sont collectés et servent à créer des kits d’hygiène petit format, donc peu encombrants et facilement transportables pour les personnes sans domicile et en difficulté.

Echantillon d'hygiène

La volonté du collectif est finalement de sensibiliser et d’aiguiller ces personnes aux droits dont ils peuvent bénéficier et aux moyens d’y accéder, et d’attirer l’attention des riverains et autres passants croisés dans l’espace public, sur leur situation précaire. Clément Jeandet, bénévole pour « Les Gratuits », témoigne : « Dans une société solidaire qui fonctionnerait correctement, dans laquelle l’Etat assumerait ses responsabilités, secourir des personnes vulnérables et garantir leurs besoins vitaux comme l’accès à l’eau, ne devraient pas relever de bénévoles. Malheureusement, aujourd’hui, c’est à nous d’aider et de renseigner les personnes à la rue sur l’accès aux droits, les démarches administratives, les problématiques d’emploi, d’addiction, de droit du sol. Et nous voulons faire entendre que les expulsions ne résolvent rien. Il faut que cela cesse ; il faut un regard enfin plus humain sur la situation de ces populations. »

Un été particulier

Le confinement a constitué un véritable tournant, exacerbant les besoins alimentaires des personnes précaires dans la rue. Face à l’absence de réponses des pouvoirs publics, le collectif a lancé des appels aux dons. Depuis le début de la quarantaine, le collectif a participé, aux côtés d’autres associations, à une large vague de solidarité visant à distribuer, en complément des kits d’hygiène, de la nourriture et de l’eau, au rythme de trois à quatre maraudes hebdomadaires. Le collectif a aussi, de concert avec le cuisinier du collège Edouard Vaillant à Bordeaux, saisi le Conseil départemental, afin de distribuer des denrées périssables invendues aux personnes sans-abris et précaires. Résultat ? 300 repas complets fournis, par jour, pendant cinq semaines.

L’accès à une eau potable de qualité, un besoin primaire et un droit universel, a été d’autant plus fondamental cet été, en raison de la canicule et de la crise sanitaire. D’après le collectif, ce sont, à Bordeaux, des centaines de personnes à la rue et dans des squats qui souffrent quotidiennement d’un manque d’accès à cette ressource vitale. Avec, à plusieurs reprises, un mercure avoisinant les 40°C dans la ville, elles étaient exposées à de forts risques de déshydratation et d’hyperthermie susceptibles de leur causer de graves problèmes de santé. C’est de fait, dans ce contexte, que « Les Gratuits – Gironde Solidarité » ont lancé l’opération « Urgence EAU Bordeaux », en vue de collecter des bouteilles d’eau et des gourdes.

Cette première action a rencontré le succès escompté puisque près de 700 bouteilles d’1,5L et une cinquantaine de gourdes ont été collectées et intégralement redistribuées aux personnes dans le besoin à l’occasion de « maraudes », pendant tout le mois d’août.

Des administrations publiques locales mobilisées

Cette collecte avait aussi pour objectif d’attirer le regard des pouvoirs publics sur les problèmes d’accès à l’eau. En effet, d’après les membres de Bordeaux Maintenant, près de la moitié des points d’eau potable de la ville sont hors d’usage. C’est pour remédier à cela que le collectif mène un travail étroit avec la mairie. Il salue d’ailleurs la considération et la réactivité dont fait preuve la nouvelle équipe municipale, et en particulier le travail d’Harmonie Lecerf, chargée des questions sociales, et de Maxime Ghesquiere, conseiller municipal et métropolitain à Bordeaux, relatif à la remise en fonctionnement de la quasi-totalité des fontaines à eau de la ville. Ils ont de plus lancé une commande de 500 gourdes en inox pour aider les plus précaires à s’approvisionner aux fontaines disponibles.

Afin de couvrir les immenses besoins des personnes en situation de précarité, le collectif peut finalement s’appuyer sur des partenaires comme le Conseil départemental, des restaurants et un vaste réseau d’associations, fondations et donateurs habitués ou ponctuels. L’occasion de créer de belles initiatives, pour redonner un peu de dignité, aux ombres de la rue.


Les projets et prochains appels aux dons sont consultables sur le groupe Facebook du collectif.

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