« On est déjà au-dessus des recommandations du GIEC »


L'Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique (OPCC) vient de sortir son premier bulletin climatique annuel des Pyrénées.

Le cirque du Portillon avec le Seil de la Baque au pied des falaisesSaoussat

Le cirque du Portillon avec le Seil de la Baque au pied des falaises

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 23/05/2022 PAR Solène MÉRIC

« Les montagnes sont des milieux particulièrement vulnérables au réchauffement climatique ; elles enregistrent des impacts bien plus importants que les moyennes mondiales », rappelait en fin de semaine dernière depuis Bilbao Eva García-Balaguer, coordinatrice de l’Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique (OPCC). Les Pyrénées, justement, ne font pas exception. C’est ce que démontre et tend à anticiper le projet ADAPYR porté par l’OPCC et ses 7 partenaires pyrénéens, que sont la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie, l’Euskadi, la Navarre, l’Aragon, la Catalogne et l’Andorre. Un projet lancé en 2020 qui a permis de donner naissance à l’unique stratégie européenne existante en matière de réchauffement climatique et de créer de nouveaux canaux d’observation et de diffusions des données et de bonnes pratiques, face au changement climatique.

Parmi les outils créés par le projet ADAPYR, figure un géoportail qui concentre l’ensemble des données observées et collectées par le réseau des quelques 600 acteurs travaillant avec l’OPCC sur l’ensemble du massif (acteurs publiques spécialisées, centres de recherche, associations, etc..). Données sur la faune et la flore des Pyrénées, sur les ressources hydriques et forestière, sur le suivi des tourbières ou des glaciers, données météorologiques… Au total une très riche photographie des conséquences du réchauffement climatique sur le massif, au passé, au présent et même au futur avec la projection de certains scénarios de réchauffement imaginés par le GIEC.

« Depuis 1983, plus de la moitié des glaciers ont disparu »
Autant d’informations précieuses qu’il s’agit pour l’observatoire de communiquer à tous les publics concernés : des acteurs politiques locaux aux citoyens, en passant par les professionnels de la montagne, comme les sylviculteurs, directement impactés à termes par le réchauffement climatique. Pour ce faire dans le cadre du projet ADAPYR, l’OPCC vient de lancer son tout premier bulletin climatique annuel pour les Pyrénées. « Les impacts sont de plus en plus évidents », prévient Eva García-Balaguer, avant d’énoncer quelques unes des données inquiétantes de ce bulletin.

« Entre 1960 et 2020, la hausse des températures est de 1,6° de moyenne dans les Pyrénées. Ca veut dire que l’on est déjà au-delà de l’accord de Paris », commente-t-elle avant de poursuivre. « Nous avons aussi des données sur l’évolution des glaciers. Depuis 1983, plus de la moitié ont disparu, il n’en reste donc plus que 19. Le glacier d’Aneto (Aragon) a perdu plus 53% de sa surface, Le Seil de la Baque, qui avait une superficie de 17,76 hectares en 1990, a été réduit à 7,86 hectares en 2020. » Et la liste se poursuit : « le volume de glace dans la grotte de glace de Cotiella (Aragon) a diminué de 20% car la température à l’intérieur augmente. Les précipitations entre 1959 et 2020 ont diminué des de 8%. » Une diminution qui est plus importante encore sur le versant Sud des Pyrénées en raison de l’influence méditerranéenne, « sur certains endroits on note des diminution allant jusqu’à 18% » appuie-t-elle.

La gouvernance territoriale du projet OPCC-ADAPYROPCC

La gouvernance territoriale du projet OPCC-ADAPYR

« Faire des Pyrénées un territoire résilient en 2050 » 

Une chose est sûre pour la responsable : « Toutes ces données mettent en avant le besoin d’agir rapidement et de trouver des solutions basées sur la nature en encourageants le services écosystèmiques des milieux. » Et c’est bien là l’ambition de la stratégie pyrénéenne sur le changement climatique, l’EPiCC, également portée par le projet OPCC-ADAPYR : « faire des Pyrénées un territoire résilient en 2050 ».

L’EPiCC s’articule autour de cinq axes : le climat, l’économie de montagne adaptée, les écosystèmes naturels résilients, la population et le territoire et enfin la gouvernance. A ce titre, une série de lignes directrices a par exemple été publiée notamment pour la gestion et la conservation de la faune et de la flore pyrénéennes et pour inclure l’adaptation au changement climatique dans la planification locale des municipalités pyrénéennes.

De plus, le géoportail de l’OPCC a été développé avec l’ajout de 32 nouvelles bonnes pratiques, comme autant d’expérience d’adaptation « réussies, innovantes et reproductibles dans toutes les régions de la chaîne des Pyrénées ». Des mesures pour une adaptation, certes mais parfois, mieux encore, pour une réduction de l’emballement du réchauffement en lui-même.

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