« C’est un peu pour moi la réalisation d’un rêve » commence Hubert Reeves avec bienveillance ce jeudi après-midi, quelques minutes avant l’ouverture de l’Ocean Climax Festival. Si le célèbre astrophysicien franco-canadien fait l’honneur de s’arrêter à Bordeaux, c’est que, d’après lui, l’événement en vaut la peine. « Pendant longtemps j’ai eu l’impression que seuls les vieux, et quelques spécialistes, s’intéressaient à l’environnement. Je vois un changement aujourd’hui. Observer des jeunes venir ici et s’enthousiasmer pour ce qui se passe, c’est source d’espoir ».
Amusé, il enchaîne sur une fable. « Je raconte souvent l’histoire des deux planètes. La première dit à la deuxième « J’ai attrapé une sale maladie, ça s’appelle.. ça s’appelle… Humanité » « Oh, j’ai eu ça » répond la deuxième « Ne t’inquiète pas, ça part tout seul ». Le message est limpide : sans recherche active de solutions, l’humanité s’autodétruira. Ou du moins, nuance le scientifique, s’affaiblira au point de ne plus être capable de nuire. « On dit toujours aujourd’hui, « Il faut sauver la planète » » reprend-il, de nouveau sérieux. « Mais la planète, elle s’en sortira. Elle est extrêmement robuste. Ce qui va disparaître, c’est le monde tel que nous le connaissons. Et nous ne savons pas ce que nous allons recevoir à la place. C’est en ça que nous sommes en danger ».
Dans les mots de tous, la même urgence revient. « La COP 21, c’est un peu le sommet de la dernière chance » avertit Stéphane Latxague, directeur exécutif de Surfrider Foundation Europe. « En 2020, il sera trop tard. L’emballement climatique sera tel, qu’il deviendra impossible de rester en dessous de la barre des 2°C » Même discours du côté d’Alain Juppé, qui met le public en garde : « Décembre est un rendez-vous vital. Ce n’est pas une formule : il en va de notre survie ».
Rien de déprimant dans cette journée, pourtant. Tample ouvre les festivités avec sa pop-rock accrocheuse, et la Caserne se remplit peu à peu d’une foule enthousiaste. Le public, serré entre la scène et le stand de bières, se fait de plus en plus dense. I Me Mine, Botibol et Year Of No Light se succèdent scène de l’Entrepôt. Vitalic, clou de la soirée, inaugure la scène Vortex et son impressionante structure de métal et de bois, illuminée pour l’occasion par le label 1024. Même s’il agite des questions inquiétantes, le Climax est aussi un moment de partage et de fête. Parce qu’il ne sert à rien de rester prisonnier d’une humeur. Comme le conclue Hubert Reeves « L’important, ce n’est pas d’être optimiste ou pessimiste. C’est bien plus d’être déterminé à faire ce que l’on doit faire, quoi qu’il arrive »