Med-Lazhar Abidi, a bien des origines agricoles, mais il n’est pas agriculteur. Il travaille dans le secteur agro alimentaire, mais sans lien direct avec la terre ou l’élevage. Pourtant un jour qu’il se baladait dans les allées du Salon International de l’Agriculture de Paris, il a fait une rencontre, dont il ne s’est toujours pas vraiment remis ; un coup de foudre qui dure pour la belle Blonde d’Aquitaine. « Une tête fine, une jolie robe,… » un coup de foudre on vous dit. A tel point qu’il a décidé de développer la race en Tunisie, à des fins de production. Mais il ne suffit pas de le dire pour le faire, surtout dans un pays qui connaît une stabilité politique toute relative, une administration inconstante et des responsables difficilement joignables. C’est donc toute une stratégie, qu’il a mis en place, et qu’il déroule peu à peu jusqu’à la création d’une ferme d’élevage de la race sur le sol tunisien.
L’aide précieuse de l’Organisme de SélectionPremière étape s’informer sur la race, et ne pas se contenter d’en admirer les charmes. Une information trouvée sur internet , mais aussi en participant dès 2013 aux circuits techniques des Aquitanima Tours, organisés en amont du Salon agricole aquitain. L’occasion de percevoir les diverses caractéristiques et attributs de la race, ainsi que de faire quelques rencontres clefs en soutien de son projet. Parmi elles, Christine Pecastaings directrice d’Interco, Philippe Basta, Président de l’Organisme de Sélection (OS) de la Race Blonde d’Aquitaine, ainsi qu’Alain Rousset, Président de la Région Aquitaine.
«L’aide de l’OS, a été très précieuse et continue insiste-t-il, notamment sur les aspects de réglementation administrative, sanitaires… et pour les autorisations à mettre en place et à obtenir en Tunisie, pour pouvoir développer la race en tant que telle, et non pas à but d’engraissement. » Car jusque-là, la Blonde d’Aquitaine là-bas « n’avait pas d’historique. C’est d’ailleurs le premier bovin viande qui y posera les pattes », se réjouit-il.
En effet, explique-t-il, « en tant que pays en voie de développement, nous avons des programmes et des plans d’Etat qui sont mis en place pour soutenir le développement de filières d’élevages ciblés. Ont ainsi d’abord été développées les races laitières, et désormais nous sommes auto-suffisant. Globalement, nous consommons plutôt des produits issus de la filière ovine et caprine, mais le besoin de viande rouge devient de plus en plus fort. Il a donc fallu construire les réglementations et les cahiers des charges pour pouvoir accueillir la Race sur le territoire. Elle n’existait pas en Tunisie, ni d’ailleurs en Afrique du Nord. Sauf, d’une certaine manière au Maroc, où la semence de Blonde est utilisée pour des croisements avec une race locale.»
Un élevage rayonnant sur l’Afrique du NordAutant d’efforts combinés à « un investissement moral important » qui a payé puisque le 28 avril dernier il a obtenu l’autorisation d’introduire des génisses pleines sur le territoire tunisien afin de monter l’élevage de pure race génétique, dont il rêve depuis 3 ans. Son ambition, avec l’aide de son partenaire, l’éleveur Kamel Douihech, est de mettre sur pied « une véritable plate-forme d’élevage qui rayonnerait sur l’Afrique du Nord ». Celle-ci s’implante au nord ouest de la Tunisie dans le Gouvernement de Beja, idéalement situé sur le carrefour tuniso-algérien.
« Nous sommes actuellement en train de préparer les étables, tant sur sur le plan sanitaire que logistique. Les deux premières génisses devraient arriver fin juillet début août avec l’objectif de pouvoir les présenter suitées au Salon International de l’Agriculture,du Machinisme Agricole et de la Pêche de Tunis en octobre 2015 ! » Quant à l’adaptation de la race aux chaleurs tunisiennes, Med-Lazhar Abidi, et son partenaire, ne s’inquiètent pas trop. Après avoir pu comparer le comportement de veaux d’engraissement Blonde, Charolais et Limousin importés, « les Blondes étaient bien plus à l’aise que les autres sous le soleil africain !»
Mais désormais que le projet se lance bel et bien, sa concrétisation et son développement passeront par l’investissement d’éleveurs français dans la structure. « Un investissement à terme tout à leur avantage », assure Med-Lazhar Abidi, tout prêt à les accueillir pour visiter la ferme, son équipement et ses équipes de conseillers et ingénieurs. « Le développement de ce type de partenariat est très important pour nous » insiste-t-il, et c’est une des raisons de sa présence à Bordeaux, en début de semaine. « Et quel honneur ce serait, de parvenir un jour, à créer en Tunisie un concours de Blonde d’Aquitaine !».
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Blonde d’Aquitaine Tunisie
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