Si les idées et projets sont nombreux en matière de e-santé, dont la domotique à destination de la silver economie par exemple, il n’est pas rare que la phase d’industrialisation et de commercialisation de ces outils virent au flop. Les causes de ce constat réside bien souvent dans l’inadaptation de l’outil à l’utilisateur ou à l’usage visé par le porteur de projet : trop complexe à utiliser, mal adapté à l’objectif espéré ou encore un manque de preuve sur sa pertinence et son efficacité n’invitant pas à la confiance des utilisateurs, et donc encore moins à son achat.
C’est bien pour combler ce vide d’analyse et ce manque de retour autour de « l’expérience utilisateur » que l’ADI, l’agence régionale de soutien à l’innovation, en partenariat avec le cluster TIC santé aquitain, a présenté et lancé ce jeudi 5 mars le premier living lab e-santé aquitain.
Entreprises, experts méthodologiques et testeursSi celui-ci, sera « une organisation sans murs », comme le précise Jean-Yves Elie, responsable des technologies médicales au sein d’Aquitaine Développement Innovation, il permettra sous la houlette et l’animation d’ADI de mettre en relation à la fois des entreprises et leurs projets avec des utilisateurs de e-santé (patients, professionnels ou aidants selon les utilisateurs visés) qui testeront ces innovations dans leur quotidien ; et, comme intermédiaires, des experts méthodologiques (laboratoire et organismes de recherche) qui auront pour rôle d’analyser les usages faits des produits par les testeurs et leur pertinence au regard de leurs objectifs initiaux. L’idée pour l’entreprise « testée » est ainsi de pouvoir adapter son produit en pleine conscience des besoins réels des utilisateurs et de leur capacité à interagir avec l’outil en question. L’objectif final étant d’assurer l’industrialisation du produit et sa meilleure pénétration du marché d’un produit « test et approuvé ».
C’est l’objectif dont est notamment venue témoigner Catherine Argillier, dont la société ITWELL projette la création d’une plate-forme multiservice en officine, pour le seconder dans son rôle de pédagogue face au client. Persuadée que « c’est l’usage du produit qui va en faire a valeur », le living lab, permettra « d’ajuster les usages aux besoins précis des utilisateurs, grâce à une expérimentation à l’échelle de plusieurs officines, et ainsi d’affiner notre application pour une meilleure commercialisation par la suite. »
Analyser les usages des outils« Ces produits, précise Jean-Yves Elie, doivent être à un stade de développement suffisamment avancé et sur des dispositifs qui se prêtent à des évaluation d’usage hors champ médical et études clinique précisent-ils, et de citer en exemple, des dispositifs médicaux communiquants, des outils de coordination médico-sociaux, des serious games d’éducation thérapeutique, etc…
Du côté des centres de compétences, l’Aquitaine compte d’ores et déjà un certain nombre de laboratoires et organismes en capacité d’analyser les usages des outils, que ce soit du point de vue cognitif sur l’interface homme-système ou encore du point de vue des impacts sur les nouvelles organisations pouvant être induites par les outils numériques. D’ailleurs certains plateaux d’expérimentation en lien avec les usages, sorte de mini living labs, existent également, tels que Fontau’lab récemment mis en place par Bordeaux UNITEC.
Quant aux « testeurs », indispensables, à l’existence du livilng lab, le lancement du dispositif a été l’occasion pour Jean-Yves Elie de faire un appel aux acteurs du monde sanitaire et médico-social à rejoindre l’initiative, afin qu’il puissent être solliciter pour ces tests « grandeur nature ». Un appel, auquel a par exemple d’ores et déjà répondu favorablement, l’Union régionale des professionnels de Santé-Médecins libéraux, ou encore l’ADGESSA (Association pour le Développement et la Gestion des Equipements sociaux, Médico-sociaux et sanitaires)
Selon Jean-Yves Elié, pour les testeurs, «il y a tout à gagner à rejoindre le living lab, puisque cela permet d’appréhender les nouvelles technologies au fur et à mesure de leur arrivée sur le marché et même un peu en avance.»
L’info en plus :
Le lancement de ce living lab e-santé aquitaine a aussi permis de mettre en valeur une initiative similaire lancée en Limousin en 2014, baptisée Autonom’lab et davantage ciblée sur la question de la dépendance, en lien avec la silver economie, enjeu d’importance dans cette région. Autant dire une addition des forces pour les industriels et porteurs de projets de e-santé de l’ensemble de la future grande région.