Après un été 2022 brûlant et 30 000 hectares de forêt girondine ravagés par les incendies, le Département entreprend une mission forêt. Une mission articulée autour de la résilience forestière et en concertation avec les acteurs compétents que sont l’association de défense de la forêt contre les incendies (DFCI), l’Office national des Forêts (ONF), et les sylviculteurs. « Il s’agit de penser régénération au-delà de la réparation », affirme Jean-Luc Gleyze, président du département de la Gironde.
Préserver et reconstituer la forêt
Le but est de reconstituer la forêt et la rendre plus résistante face notamment au dérèglement climatique et à la menace de nouveaux départs d’incendie. Boisée à plus de 45 % de son territoire, « la Gironde est le département le plus exposé aux risques de départs de feux de forêt en France », rappelle Jean-Luc Gleyze. Sans oublier que ce risque de départs d’incendie est voué à croître de 30 % d’ici la moitié du siècle.
On travaille sur des plans de gestion depuis des années. Les feux de forêt ont mis un coup de projecteur sur le sujet
Pour ce faire, le Conservatoire Botanique National Sud-Atlantique (CBNSA), l’Institut National de Recherche INRAE et l’ONF, composant le comité scientifique restreint de la mission départementale, ont présenté ce mardi 21 février, les premiers travaux en vue d’approches, d’objectifs et de moyens homogènes. « On travaille sur des plans de gestion depuis des années. Les feux de forêt ont mis un coup de projecteur sur le sujet », déclare Pascale Got, vice-présidente du Conseil départemental chargée de l’environnement.
Entre diversification des essences et régénération naturelle, les solutions abondent
Les lisières, par exemple, permettent de lutter, du moins ralentir les aléas climatiques, en particulier les feux de forêt. Mener des expérimentations sur une dizaine de kilomètres semble être une idée qui plaît. S’il est question des incendies, Pascale Got n’oublie pas de préciser que « la forêt est aussi fragilisée par les insectes invasifs, les parasites. » Une problématique toute aussi importante.
Face à ces deux dangers, la diversification des essences d’arbres apparaît comme une solution. Particulièrement l’introduction du bouleau dans la forêt des Landes de Gascogne, où le pin maritime règne. Le bouleau repousse en effet certains parasites. « Les forêts mélangées sont en général plus productives que la moyenne des forêts monocultures », souligne Hervé Jactel, directeur de recherche de l’INRAE et ingénieur agronome.
Parmi les perspectives de reboisement, l’ONF entend favoriser la régénération naturelle, plutôt que la replantation en plants qui reste une solution « en cas d’échec ». Ils proposent également le concept d’une « forêt mosaïque » avec une diversité des conduites de peuplement, des modes de récolte et de régénération ainsi que des types de récolte.
Concilier les usages, définir de nouveaux modes de gestion, préserver la biodiversité, bref repenser les forêts de demain, tel est l’objectif de cette mission. La mission forêt s’appuiera aussi sur des expérimentations. Dans cette perspective, un écosystème d’innovation ouvert, dit « laboratoire vivant », sera déployé dans le domaine départemental d’Hostens, où un projet de pépinière verra le jour.