Marie Bruffaerts organise le travail en milieu carcéral


Claude-Hélène Yvard

Marie Bruffaerts organise le travail en milieu carcéral

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 21/11/2013 PAR Claude-Hélène Yvard

En région Aquitaine, les maisons d’arrêt et centres de détention totalisent 2 908 détenus. On estime qu’entre 38 et 40 % d’entre eux ont eu activité rémunérée en prison, cela représente 309 emplois équivalent temps plein. « Le travail en prison jouit d’une très mauvaise image. Les réticences sont nombreuses. Pourtant, notre mission de service public pénitentiaire est de favoriser l’insertion de ces personnes dans la vie active au terme de leur détention. Pour répondre à cet objectif, nous avons deux outils principaux la formation professionnelle et le travail pénitentiaire, » explique Marie Bruffaerts, responsable du pôle emploi et travail pénitentiaire au sein de la direction interrégionale des services pénitentiaires. Ce service couvre les régions de Poitou-Charentes, du Limousin et de l’Aquitaine et gère 20 établissements. La grande majorité des détenus souhaitent travailler pendant la durée de leur peine car cela améliore leurs conditions de vie à l’intérieur de la prison, cela garantit de meilleures chances de réinsertion à la sortie et les rémunérations perçues contribuent aussi à l’indemnisation des victimes. Le travail en prison est fondé sur la base du volontariat et soumis à la décision d’une commission qui regroupe des juges, des surveillants, des représentants des services de santé et de la Directe. 

Commande ponctuelle ou surcroît d’activitéLe travail pénitentiaire peut s’avérer utile pour une entreprise qui a une commande ponctuelle à réaliser dans des délais très courts ou qui souhaite développer une nouvelle activité. Dans chaque établissement existent des équipes capables de gérer et de développer des productions dans le respect des délais et des critères de qualité voulus par le chef d’entreprise. « Les compétences développées au sein de nos établissements sont très variées : menuiserie, mécanique, mise sous pli, conditionnement, confection de vêtements, étiquetage, maraîchage, » poursuit Marie Bruffaerts. En Dordogne, les centre de détention de Neuvic, qui enregistre ces derniers mois une baisse d’activité, et surtout celui de Mauzac ont développé des activités de travaux à façon de petite imprimerie, de conditionnement de parfum,  d’articles chaussants, de fabrication de boîtiers électriques, de maraîchage bio (à Mauzac, dans le cadre de procédures de semi-liberté). « Actuellement, nous cherchons à développer des partenariats avec des entreprises de Périgueux pour la maison d’arrêt. »

Exemple en Dordogne – « On peut avoir une belle qualité de travail en prison »Barbara Leroux est la responsable de l’entreprise de création de meubles Sunset Création. « Nous travaillons en prison depuis 24 ans. Le démarrage de ce partenariat s’est fait un peu par hasard. Notre atelier est situé dans les locaux du centre de détention. Les détenus travaillent avec notre parc de matériels et de machines. Dans l’univers très concurrentiel qu’est le nôtre, nous avons une exigence de qualité importante vis-à-vis de nos clients. Chaque jour, trois de mes collaborateurs, des contremaîtres hautement qualifiés en menuiserie, se rendent à la prison. Ils encadrent la production réalisée par les détenus. C’est une forme de sous traitance, » témoigne Barbara Leroux. Pour cette responsable d’entreprise, les principaux avantages sont de ne pas avoir de locaux à financer, et elle n’a pas à gérer les flux. « Par contre, Pour garantir un travail de qualité, chaque poste est doublé. En moyenne, 22 détenus travaillent pour l’entreprise, mais il y a un turn-over assez important ».
Chaque détenu perçoit entre 45 et 50 % du Smic, environ 4,21 euros de l’heure. Étant détenu, il n’a pas de contrat de travail.  L’entreprise assure les 17 % de charges. « Si nous étions dans un schéma classique,  nous aurions deux fois moins de personnes à la production. L’intérêt ne se situe pas au niveau des charges de personnel. Et il existe une dimension sociale indéniable. » Barbara Leroux compte d’ailleurs d’anciens détenus dans son effectif.

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