newsletter
Devenir annonceur
2 min
PUBLIÉ LE 27/04/2011 PAR Nicolas CésarL’ambiance était pesante ce matin devant le siège de France Télécom à Bordeaux. Une minute de silence a été observée au pied du siège régional de France Télécom par l’ensemble des salariés réunis autour de l’épouse et des quatre enfants du défunt, qui ont refusé d’être photographiés et de parler à la presse. L’un des proches de la famille s’est publiquement exprimée pour demander à la directrice régionale de France Télécom, Brigitte Audy, de quitter les lieux, en faisant part de leur « indignation que la direction soit présente à ce rassemblement ». Tous les salariés avaient les yeux rougis et la colère était perceptible. Car, ce salarié âgé de 57 ans s’est donné la mort symboliquement sur le parking de l’agence « entreprises » de Mérignac, où il travaillait encore il y a trois ans, avant d’être déplacé vers le siège de Bordeaux. Il avait changé à plusieurs reprises de métier. Désormais, il était préventeur, chargé des conditions de travail, de l’hygiène et de la sécurité.
Un salarié « fracassé » par les mutations et sa déclassification
« Ce salarié a été viré de l’agence entreprises de Mérignac, il a fait des petits boulots et a mal vécu cette déclassification. Il y a en a d’autres qui ont essayé de se réinsérer, mais qui aujourd’hui sont fracassés comme lui », déplore Chantal Gourgues, déléguée FO. Pour elle, c’est à l’évidence « le contrecoup des restructurations sous l’ère de Didier Lombard ». En effet, les syndicats reconnaissent que « des efforts ont été faits depuis la vague de suicides, mais surtout au niveau national, dans les négociations. Au niveau local, le management n’a pas encore changé », explique Florence Bordes, déléguée CFDT à France Télécom. « Il faudra du temps ». On savait qu’il n’était pas bien ces derniers temps. Il voyait des choses qui se passaient dans l’entreprise et qui auraient dû être abolies depuis la mise en place du nouveau contrat social », ajoute-t-elle. Selon la syndicaliste, le défunt avait envoyé un mail à la direction faisant état de ses remarques, resté sans réponse. Par ailleurs, la CFDT, où militait le salarié défunt, « exige que soit engagée, dans les plus brefs délais et en toute transparence, une enquête interne, en concertation avec les instances locales de représentation du personnel, afin que la lumière soit faite sur ce geste dramatique, pour permettre d’en déterminer les éventuelles causes professionnelles », demande-t-elle, dans un communiqué. « Nous avons fait des progrès significatifs l’année dernière et le climat social s’est amélioré », a déclaré Stéphane Richard, le directeur général de France Télécom dans un entretien au quotidien américain Wall Street Journal (WSJ) publié ce mercredi. « Mais rien n’est acquis. Cela demande un effort quotidien », ajoute-t-il. En outre, Stéphane Richard, a assuré aujourd’hui que le suicide d’un de ce salarié à Mérignac serait considéré comme un accident du travail si l’enquête interne démontrait « une quelconque forme de responsabilité de l’entreprise. « On ne peut pas changer cette entreprise comme ça en quelques mois, ça prendra du temps mais ce drame ne fait que renforcer notre détermination, et la mienne en particulier, de mener à bien cette reconstruction », a-t-il insisté. « C’est pour moi la seule voie possible pour que cette entreprise ait non seulement un avenir mais aussi un sens », a-t-il conclu.
Crédit photo : Nicolas César
