Mal logement : les associations alertent


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Mal logement : les associations alertent

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 28/03/2019 PAR Romain Béteille

Signal d’alerte

« Sensibiliser le grand public, interpeller les décideurs ». Ce jeudi 28 mars, de nombreux représentants d’association se sont réunis devant le Grand Théâtre de Bordeaux pour interpeller autour du problème du mal-logement des personnes précaires. Le rassemblement, effectué à l’appel du collectif « Un toit sans trêve », fait suite à une lettre ouverte équivoque adressée à la préfecture de Gironde en prévision de la fin de la trêve hivernale qui se termine le 31 mars. « Le ratio d’équipement en hébergement d’urgence et d’insertion de la Gironde est historiquement inférieur à la moyenne nationale (1,59 places pour 1000 habitants contre 2,75 au niveau national). Aussi, chaque jour, en moyenne entre 80 et 100 personnes isolées et 30 à 40 familles avec enfants représentant 150 personnes, ont sollicité un hébergement auprès du 115 et ne l’ont pas obtenu », peut-on notamment lire dans cette « lettre ouverte ».  « Durant la période hivernale, sont ouvertes 150 places en foyers d’urgence pour les isolés et 50 places en hôtel à destination des familles. Ce nombre de place reste inférieur à la demande et la fermeture des places hivernales au 31/03 va donc jeter dans nos rues potentiellement 200 personnes supplémentaires. Cette gestion au thermomètre, que les associations dénoncent depuis des années, entraîne une dégradation inquiétante de la situation sociale et de l’état de santé physique et psychique des personnes en situation de précarité ». 

Le collectif dénonce également le « sort des personnes vivant en bidonville » sur le territoire. Ce dernier a été chiffré par le dernier recensement de la DIHAL, réalisé en juillet 2018, à 1125 personnes réparties sur 103 sites, « faisant de la Gironde le quatrième département le plus concerné au niveau national et celui dans lequel l’augmentation est la plus forte ». « Plusieurs de ces bidonvilles seront expulsables à compter du 31/03 et, à ce jour, les pouvoirs publics n’ont présenté aucune solution pour reloger les familles concernées. Notons également toutes les personnes qui dorment dehors et qui n’appellent plus le 115, découragées face à l’absence de réponses ou de solutions dignes », poursuit le collectif, qui recense quasiment 500 personnes mises à l’abri dans des « lieux de vie alternatifs/réquisitions citoyennes/squats solidaires ». Les demandes des associations, là encore, sont assez claires : la pérennisation des places d’hébergement en dehors des places supplémentaires accordées par la préfecture dans le cadre de la trêve hivernale, la fin des expulsions des squats et des bidonvilles et la réquisition potentielle des logements vacants (22 473 sur la seule métropole en 2015 selon l’INSEE), problématique dernièrement mise en évidence dans le cadre des débats citoyens faisant suite aux mouvements sociaux des gilets jaunes.

Réalité et discours

Face à ces chiffres alarmants, la réalité des faits est parfois dure à envisager. C’est là que Rémi, 51 ans, intervient. Ce dernier, à l’issue d’une mauvaise expérience de colocation, s’est retrouvé le 17 novembre dernier dans un gymnase du foyer Palmer, à Cenon (ce dernier appartenant à la mairie). Il y a environ trois semaines, lui et la cinquantaine de personnes qui occupent encore le lieu, géré par l’antenne locale d’Emmaüs, se sont vus informer de la fermeture du lieu d’hébergement (fermé de 8h à 18h) ce vendredi 29 mars. « On a été jusqu’à 90, de toutes les nationalités. Je me disais au début que c’était un bien pour un mal, mais quand j’ai vu que 80% des personnes étaient des alcooliques et que je n’étais pas à l’abri des bagarres, j’ai déchanté. Aujourd’hui, il me reste environ 200 euros pour vivre, je serai employé en tant qu’ouvrier au Château Smith Haut Laffite dans quinze jours. En attendant, demain, je suis quand même à la rue ».

Suite à des problèmes de santé qui lui ont notamment coûté un talon, Rémi, arrivé à Bordeaux en novembre, à dès le début fait partie des mouvements sociaux des gilets jaunes. Il leur a d’ailleurs demandé, par le biais des réseaux sociaux, de lui trouver une solution d’hébergement provisoire. Le message n’avait, au moment de l’écriture de ces lignes, reçu aucune réponse. Ce premier dialogue a été l’occasion pour la préfecture de rappeler les efforts faits en matière d’hébergement d’urgence (1700 places occupées à 95% contre 1400 « avant l’ouverture du dispositif de veille hivernal », sans compter les maraudes à l’oeuvre pour envisager une mise à l’abri. L’ouverture prochaine d’une structure d’accueil près de la gare Saint-Jean, gérée par SOS Solidarités, a aussi été évoquée, cette dernière devant servir de « référence » aux pouvoirs publics. Il a également été rappelé que sur 1800 demandes de recours aux forces publiques, 350 ont donné lieu à l’accord des autorités sur le territoire. Au final aucune avancée significative n’a été obtenue de cette réunion, et la fin de la trêve hivernale le 31 mars prochain ne signe pas, au contraire, la fin des expulsions. Selon le dernier rapport de la fondation Abbé Pierre sur le mal logement, douze millions de personnes seraient confrontées à des problèmes de logement en France.

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