L’installation sous démarche de label qualité


Deux jeunes agriculteurs en témoignent: le label qualité c'est d'abord la reconnaissance d'un travail bien fait par le marché

S'installer en production sous label de qualité offre des avantages et présente aussi des contraintes. Mais la conférence organisée dans le cadre de la journée Installation-Transmission, confirme que les efforts fournis par le producteur sont reconnusAqui.fr

S'installer en production sous label de qualité offre des avantages et présente aussi des contraintes. Mais la conférence organisée dans le cadre de la journée Installation-Transmission, confirme que les efforts fournis par le producteur sont reconnus

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 25/05/2022 PAR Cyrille Pitois

Les deux jeunes agriculteurs qui ont témoigné lors de la journée Installation Transmission organisée notamment par la Chambre d’Agriculture, ont mis en évidence des avantages et des difficultés à produire sous label de qualité. Mais les différents labels, les fameux signes d’identification de qualité et d’origine (SIQO) leur apparaissent surtout comme une reconnaissance de leur travail par le marché.

« Le choc démographique est là. Nous avons encore besoin d’installer un grand nombre de jeunes en prévision des départs. 54% des agriculteurs en activité dans la région ont plus de 50 ans! » souligne Julien Rouget, vice-président de la chambre régionale d’agriculture en charge du sujet. Avec un dispositif sous forme d’un guichet spécifique par département, la chambre accompagne 2 000 installations par an, sur des productions très diverses. 

Une valorisation inégale

En faisant le choix de travailler sous signe de qualité, l’agricultuer qui s’installe, s’engage à respecter un cahier des charges plus exigeant que pour un produit standard, en espérant aussi une meilleure valorisation de son travail. Mais pas que.

« Sur le marché de la viande, il se vend de tout. Il faut inviter les Français à manger de la viande française, » martèle Teddy Gauvin, éleveur de bovins label rouge dans la Vienne. Ses efforts de qualité sont récompensés par une meilleure rémunération et aussi la possibilité de continuer à écouler de la viande quand les marchés sont encombrés. Mais on ne gagne pas à tous les coups: « Il arrive que des animaux ne remplissent pas tous les critères, » ce qui oblige à les écouler en mode standard.

Même chose pour Martin Roquecave, et sa fraise de plein champ en Périgord. Un produit sous IGP qu’il faut ramasser à genoux, dans un laps de temps très court avec une variété spécifique. Et pas forcément pour un différentiel de prix à hauteur des contraintes. Martin n’envisage pourtant pas d’abandonner le label. « Si on ne cultivait que la fraise du Périgord, on ne s’en sortirait pas. Sur le plan financier, il y a des inconvénients. Mais bien sûr, il y a l’éthique de l’agriculture à travers cette production, » assure ce jeune homme de 25 ans héritier de quatre générations de fraisiculteurs. 

La pénibilité à inscrire dans les cahiers des charges

Un sujet entier pour Jean-Marc Poigt, kiwiculteur à Astaing (Landes), président de l’association Kiwi de l’Adour (fruit labellisé IGP et label rouge) et membre du comité national des Indications Géographiques Protégées, labels rouges et spécialités traditionnelles. Des mandats multiples qui vont tous dans le sens de la valoristaion de la qualté pour cet amoureux du produit, issu du monde de la distribution . « Le client a toujours besoin d’être rassuré face à une distribution qui fonctionne en libre service, sans professionnel médiateur qui raconte l’histoire du produit. Dans ce contexte le label est un élément clé. »

Dans le kiwi aussi le label n’est pas un laissez passer garanti 100%. « Dans mon verger, il n’y a que 60 à 70% de la production qui part sous label. Parce que la nature est là. Un fruit ne va pas avoir la bonne taille ou présenter un défaut qui va l’exclure des critères du cahier des charges. Et ca arrive dans toutes les filières. » Toutes les productions n’obtiennent pas la même valorisation. « La mirabelle de Lorraine est vendue jusqu’à six fois le prix de la mirabelle standard et le consommateur accepte ce différentiel. L’IGP Fraise du Périgord a plus de mal car il y a de la conccurence avec la fraise de Plougastel ou la fraise label rouge. Il ya une forme de concurrence entre les SIQO. Il faut redynamiser certains labels en faisant évoluer les cahiers des charges, en prenant aussi en compte la pénébilité des producteurs. On ne peut pas avoir une société qui se préoccupe du bien-être animal et qui reconnaisse la qualité des produits à condition qu’ils soient récoltés à genou. Il y a des évolutions à envisager, les possibilités de surgélation de certains produits pour allonger leur durée de vie. »

Sans perdre de vue la valorisation d’un territoire. « Produire sous un label de qualité, c’est être reconnu collectivement. Et un collectif c’est respecté. C’est important pour résister à la pression foncière à l’étalement urbain ou s’opposer à des projets qui changent la vocation de la terre. » Jean-Marc Poigt craint par exemple l’agrivoltaïsme, une technique qui consiste à utiliser des panneaux photovoltaïques comme ombrière pour les cultures. « Etre agriculteur c’est produire pour nourrir la population. Si demain c’est produire de l’électricité, on change de métier. Et cette évolution ne doit pas aboutire à constater dans dix ans qu’on n’arrive plus à produire sous les panneaux photovoltaïques mais qu’on est bloqué pour 25 ans, parce qu’on a signé un contrat pour 25 ans! On manque de recul pour s’engager sur des projets à 25 ou 30 ans. »


Une conférence-débat à retrouver sur Agriweb.tv





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