AVC: Une invention pour diagnostiquer et soigner au plus tôt


Gagner de précieuses minutes pour éviter de graves lésions voire des décès. Depuis deux ans, la start-up Cogniscan installée à l’incubateur AVRUL à Limoges met au point un appareil mobile qui pourrait révolutionner la détection des AVC.

une ambulanceSolène MÉRIC | Aqui

En miniaturisant un dispositif d'imagerie cérébrale dans un appareil portable, Cogniscan tend à permettre de détecter un AVC dès la prise en charge du patient en ambulance.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 24/07/2024 PAR Corinne Merigaud

Grâce à une nouvelle technologie basée sur les micro-ondes, un prototype a été conçu par Mohammad Ojaroudi, ancien chercheur au laboratoire Xlim de Limoges et Sahand Rasm, ex doctorant. Les deux hommes s’appuient sur les travaux de recherche qui ont débuté en 2017 au sein de ce laboratoire du CNRS.

« Des neurochirurgiens et des radiologues du CHU de Limoges nous ont proposé de travailler sur le diagnostic précoce de l’AVC nous disant qu’il y avait un marché, raconte Mohammad Ojaroudi, président de la start-up. Cette technologie est basée sur de nouvelles modalités électromagnétiques par imagerie cérébrale ce qui est différent des scanners à rayons X et des IRM à rayons magnétiques. Notre technologie est non invasive. Pour une IRM ou un scanner, ce n’est pas possible de miniaturiser alors que notre appareil est portatif.» Dotée d’une technologie innovante, cet équipement se présente sous la forme d’un caisson de 12 kilos et 50 cm dans lequel le patient insère sa tête.

30 000 décès par an

L’idée est de réaliser une imagerie cérébrale le plus rapidement possible dans l’ambulance, dès la prise en charge du patient par un médecin urgentiste afin d‘augmenter ses chances de survie. « En France, il y a 150 000 AVC par an et 30 000 entraînent le décès de la personne, les autres patients peuvent avoir des handicaps, souligne Sahand Rasm, directeur. Le coût socio-économique de l’AVC s’élève à 6 milliards d’euros par an en France en comptant les diagnostics, les traitements et post-traitements. »

Cet appareil est le prototype conçu par la start-up Cogniscan pour diagnostiquer plus précocement les AVC et augmenter les chances de survie des patients.

Avec un diagnostic plus rapide, il compte bien réduire ce coût. Diagnostiqué avant 3h, une simple injection suffit pour déboucher une artère et rétablir la circulation sanguine. « La thrombolyse traite l’AVC ischémique en fluidifiant le sang, ce qui permet de dissoudre le caillot qui obstruait l’artère cérébrale. Dans 80 % des cas, c’est un AVC de ce type. Celle-ci pourra être administrée dans l’ambulance par le médecin urgentiste. Entre 3 h et 10 h, le deuxième traitement sera la thrombectomie avec un transport obligatoire au CHU du patient. Il faut donc savoir, dans les trois premières heures, l’AVC est de type ischémique ou hémorragique pour gagner du temps sur le traitement à administrer.»

Les deux chercheurs ont constaté un nombre relativement bas de thrombolyses pratiquées en France. Seulement 14 % en 2016 et 19 % en 2020. Chaque minute gagnée sur le diagnostic réduit d’autant le risque sanitaire. 

Des essais cliniques en 2026

Suite à ce prototype mis au point en octobre 2022, ces chercheurs sont en train de franchir une étape de plus vers la miniaturisation de l’appareil qui ne devrait à terme peser que 5 kilos. Le diagnostic sera également plus confortable pour le patient qui n’aura plus à introduire sa tête dans l’appareil. « Ce sera comme un casque qu’on lui mettra sur la tête. On pourra prétendre à une précision de 2 mm grâce à l’intelligence artificielle qui pourra localiser la zone impactée, sachant que celle-ci est supérieure à 2 cm. »

Deux brevets ont été déposés pour le prototype par le laboratoire XLIM qui avait initié les recherches. Un troisième le sera par Cogniscan pour la seconde version, plus particulièrement sur les capteurs hyperfréquences et la carte chargée de récupérer le signal. « Nous avons développé une méthode intelligente de collecte de tri des données pour augmenter la crédibilité des images » précise le président.

Sahand Rasm, directeur de Cogniscan montre l’imagerie obtenue par l’appareil.

En septembre sera lancée la prochaine phase avec des essais sur des lapins pour envisager des essais cliniques sur l’homme en 2026. Leur objectif est 2028 pour obtenir le marquage CE, le feu vert pour la commercialisation de l’appareil. « Une levée de fonds de 1 à 2 millions d’euros est en discussion avec des fonds d’investissements assure-t-il, ils attendent d’abord les résultats sur les animaux. »

Quelque 200 000 euros ont déjà été levés. La Région a débloqué 92 000 € pour la R&D, Aquiti ayant octroyé deux prêts d’honneur innovation de 60 000 €. La BPI a accordé 90 000 € au titre de l‘accélérateur « émergence ». Enfin, cette innovation a été récompensée par la CARSAT (25 000 €) et a remporté, en 2022, le 1er prix Coup de pouce de la Fondation Le Roch-Les Mousquetaires (10 000 €).

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