L’hydrogène va créer jusqu’à 10 000 emplois en région


Trois jours durant Pau a reçu les acteurs de l’hydrogène dans le cadre des Journées des Territoires au Palais Beaumont. Un rendez-vous pour faire le point, parler projets et ambitions d'un avenir par certains aspects déjà très concret.

Village des acteurs de la filière hydrogène lors des journée hydrogène des territoire à PauSolène MÉRIC | Aqui

Les Journées Hydrogène sur le territoire à Pau ont donné l'occasion à tous les acteurs de la filière, de l'amont à l'aval, de prendre le pouls des projets en cours et à venir dans un contexte de révision de la stratégie nationale hydrogène.

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 20/06/2023 PAR Solène MÉRIC

Àl’heure où la révision de la Stratégie nationale Hydrogène est en cours, et attendue pour la mi-juillet, Philippe Boucly, président de France Hydrogène, l’association qui fédère les acteurs de la filière française, a profité des journées du territoire à Pau pour poser une inquiétude : « nous sommes à un moment critique. Plus de 250 projets hydrogène sont recensés sur le territoire national, mais j’ai la crainte d’une révision à la baisse des ambitions du Gouvernement ». L’annonce en novembre de la décarbonation des 50 sites les plus polluants à travers une aide de 10 Mds€ est paradoxalement une des raisons de sa vigilance.

L’oeuf ou la poule ?

« S’arrêter à soutenir ces projets, ne représenterait à 2030 que 3 GW, soit moins de la moitié des 6,5 GW de capacité de production annoncés en 2020 dans la SNH », avertit-il, ajoutant qu’il faut assurer, outre la réalisation de grands projets hydrogène, « le nécessaire développement de projets de taille intermédiaire. C’est ceux-là qui permettront de couvrir le territoire, de limiter le transport et d’assurer une compétitivité économique ». En somme, faire le pari de l’hydrogène non seulement pour la décarbonation des activités, mais aussi pour la réindustrialisation de la France. Un diptyque indispensable pour « parvenir à faire entrer de l’argent privé, dans la boucle du déploiement de la filière », pour l’heure principalement portée par des subventions et investissements publics.

Mais par où commencer, « la poule ou l’oeuf ? » La question est revenue souvent au long de la journée d’échange. Pourquoi et comment créer un réseau et une accessibilité à l’hydrogène s’il n’y a pas de marché ? Inversement comment susciter un marché si la molécule en face n’est pas disponible à proximité ? Une question à résoudre car, en bout de course, c’est « de 100 000 à 150 000 emplois qui sont visés à 2030 au plan national, soit entre 5 000 et 10 000 par région, » estime-t-il. Actuellement, la filière compte un peu moins de 6 000 salariés.

Nécessaire coalition des acteurs

A cet enjeu, dont les Régions hôtes de l’évènement (Nouvelle-Aquitaine et Occitanie) ont bien conscience, la réponse n’est pas dans le « ou » mais dans le « et ». Philippe Boucly et sa vice présidente, Valérie Bouillon-Delporte invitant pour le déploiement des projets à une nécesssaire« coalition des acteurs sur le territoire » : publics, privés, producteurs, distributeurs, constructeurs, usagers… L’hydrogène a besoin de marcher sur toutes ses jambes à la fois permettant une visibilité tout au long de la chaîne de valeur. Une processus qui se développe déjà, à bien regarder les nombreux projets présentés à Pau.

Philippe Boucly (Président France Hydrogène), Carole Delga (Présidente de la Région Occitanie), François Bayrou (Maire de Pau), Jean-Marie Bergeret-Tercq (Élu région Nouvelle-Aquitaine) et Joëlle Colosio ( directrice exécutive adjointe des territoires ADEME) ont ouvert les Journées Hydrogène dans les territoires

En Occitanie, la première région à avoir voté un plan hydrogène massif (150 M€), « nous travaillons sur les questions de production, de distribution et d’usage », assure, bonne élève, sa présidente Carole Delga. Côté production, une première usine de production d’hydrogène vert, produit à partir d’éolien en mer, va bientôt être inaugurée à Port-La-Nouvelle, et un second projet est en cours, dans un maillage qui à terme compterait une dizaine de sites de production sur toute la région. Une ligne pilote de fabrication d’électrolyseurs permettant la production d’hydrogène, vient d’être inaugurée à Béziers.

Dans un souci de « coalition » aussi des appels à projets communs aux transporteurs et aux chargeurs ont été lancés par la Région pour favoriser la mobilité lourde. Avec succès : d’ici la fin de l’année, 40 camions et 62 unités frigorifiques devraient emprunter les routes régionales. S’ils passent par le Tarn, ils pourront y croiser la flotte occitane de 15 cars régionaux à hydrogène, dont la circulation est promise « avant la fin de l’année ». Pour ce qui est de la distribution de cette hydrogène à des fins de mobilité, 7 stations à hydrogène sont en cours de construction.

« Une formidable carte de visite pour le territoire »

La poule et l’oeuf ; à l’image de celui qui à l’occasion de ces Journées paloises a été le roi de la fête : le Fébus, le bus hydrogène de l’agglomération paloise lancé avec son électrolyseur « maison » pour produire l’hydrogène nécessaire, à partir « de l’électricité des barrages des Pyrénées et de l’eau de Pau ». Nicolas Patriarche, Président de Pau Béarn Mobilités, n’en finit pas de compter les visites de délégations venant admirer ce bus articulé de 18 m de long et sa station de production. « Le Fébus est une formidable carte de visite pour le territoire, en plus d’être une réussite technologique en exploitation réelle » se satisfait l’élu qui reconnaît pourtant volontiers que les coûts de production sont un frein pour développer cette motorisation sur l’ensemble des lignes du réseau palois. Seule la ligne principale est en effet concernée. « Si on m’annonce que demain, on peut m’amener le gaz de Lacq jusqu’à Pau, alors je bascule les 100 bus de l’agglo sur l’hydrogène », promet-il.

En matière de mobilité lourde, le bus Fébus de l’agglomération de Pau, est un totem des usages possibles de l’hydrogène

Créer des clusters, pôles et « vallées de l’hydrogène » à Bordeaux et entre Pau et Lacq c’est l’ambition affichée par Alain Rousset (en vidéo) qui au coté de Carole Delga, n’oublie pas de suivre de près les dossiers de transport et de stockage de l’hydrogène à l’image du projet européen « BarMar » de pipeline sous-marin entre Barcelone et Marseille. Les deux présidents de Région lui préfèrent un schéma de réseau côtier entre Barcelone et Port-la-Nouvelle, dont le nœud gazier pré-existant, permettrait de « servir Toulouse et Alain Rousset », glisse Carle Delga. 

Sur les réserves d’hydrogène blanc, on ne peut pas trouver ce que l’on a pas encore cherché

La cerise sur le gâteau, pour ne pas dire le Graal de la décarbonation la plus verte possible et de l’industrialisation la moins chère possible, serait la découverte de réserve d’hydrogène naturel, dit « blanc » à domicile ou presque, dans les Pyrénées. Les acteurs locaux, dont François Bayrou, y croient, mais comme le souligne Philippe Boucly : « on ne peut pas trouver ce que l’on a pas encore cherché ».  À propos de l’hydrogène, comme il en va, selon Alain Rousset, « de notre avenir, de notre souveraineté et des emplois de demain », il fait peu de doute que des études vont être lancées dans ce sens en coopération avec nos voisins d’Espagne et d’Andorre. C’est en tout cas un des souhaits de Carole Delga qui s’apprête à prendre la présidence de la Communauté de travail des Pyrénées à la fin du mandat d’Iñigo Urkullu Rentería, Lehendakari d’Euskadi.

Le train à hydrogène, une réalité

La mobilité ne s’arrête pas au routier. Le tant attendu TER à hydrogène, fruit de la collaboration entre SNCF, Alstom (dont Alstom Tarbes) et les 4 régions partenaires de cette expérimentation (Occitanie, Bourgogne Franche Comté, Grand Est, Auvergne Rhône Alpes ) va effectuer ses premiers tests cet été sur la ligne Montréjeau-Luchon réouverte. La mise en service des 12 TER neufs est prévue pour fin 2025. A ceux-là, il faudra ajouter dans un second temps, le reconditionnement de 150 TER supplémentaires estime Philippe Tardivon, directeur du projet TER H2  à la SNCF.

Lancé il y a déjà 2 ans en Allemagne, Alstom doit aussi construire un train à hydrogène pour Le Royaume Uni et 14 pour l’Italie. « Désormais on vend bien des trains à hydrogène, ce ne sont plus des prospects », précise Yannick Legay, directeur technico-commercial d’Alstom.

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