Sur les 38 000 points lumineux qui éclairent Bordeaux la nuit, 57 % d’entre eux sont désormais éteints entre 1h et 5h du matin. Ce dispositif est entré en vigueur le 2 janvier. Il suit la logique des décorations de Noël. En effet, durant la période des fêtes de fin d’année, les illuminations n’ont scintillé que trois semaines au lieu de cinq et sur une plage horaire réduite. Cette plage horaire n’est pas le fruit du hasard. Le trafic routier est le plus faible entre 1h et 5h.
Alors qu’il fait maintenant nuit noire dans plusieurs quartiers résidentiels de Bordeaux cinq heures par nuit, l’extinction des éclairages publics vise à faire des économies d’énergie et ainsi réduire le coût de la facture énergétique, dans un contexte de sobriété énergétique. Sur une facture annuelle d’environ 7,5 millions d’euros, cette mesure devrait permettre à terme d’économiser plus de 800 000 euros, d’après la Mairie.
Bacalan, la Bastide, Caudéran, les Chartrons, Fondaudège et Saint-Seurin sont concernés par cette mesure. Belcier, la Benauge, Grand Parc, Mériadeck, Saint-Michel ainsi que le centre-ville restent, au contraire, éclairés.
Débat houleux entre élus et entre habitants
L’extinction des éclairages publics n’a pas fait l’objet d’une concertation en conseil municipal. Ce dispositif a été présenté à l’occasion des conseils de quartier. Le groupe d’opposition, Renaissance, déplore cela. Aussi, certains membres du parti approuvent l’idée de cette mesure, mais regrettent un potentiel accroissement de l’insécurité, notamment pour les femmes.
Les habitants sont, eux aussi, partagés. Entre avancée climatique et sentiment d’insécurité. Un jeune homme affirme que « l’énergie n’est pas gratuite, ni infinie. Il est donc bien d’économiser ». Néanmoins, « ce n’est pas très sécurisant. Il peut y avoir des accidents ou des agressions dans les rues ». « Le danger sera toujours là, surtout pour les femmes. On verra peut-être moins bien nos assaillants », déclare une jeune femme.
Une mère de famille n’est, quant à elle, pas rassurée à l’idée de voir son enfant s’éloigner à l’aube, dans l’obscurité : « Il fait nuit noire dans notre rue et mon fils part très tôt le matin. Je ne trouve pas cela sécurisant pour les gens qui partent tôt le matin ou rentrent tard le soir. » « À l’époque, à Pessac, les éclairages publics étaient déjà éteints. Pourtant, aucune recrudescence de l’insécurité n’a été constatée », atteste un ancien habitant de Pessac. Sinon, une femme suggère d’installer des cheminements lumineux avec des lampadaires à détecteur de présence : « Ce serait l’idéal ! »