Les premiers enseignements du recensement agricole 2020


Le recensement agricole a lieu tous les dix ans afin d'éclairer la conduite des politiques publiques de ce secteur stratégique de l’économie française.

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 16/12/2021 PAR Emmanuelle Diaz

C’est depuis le lycée agricole de Blanquefort que Philippe de Guénin, Directeur Régional de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt d’Aquitaine (DRAAF) a, en fin de semaine dernière, diffusé les premières données du recensement agricole 2020 pour la région Nouvelle-Aquitaine. Une photographie de l’agriculture française qui est organisée tous les dix ans afin d’obtenir des informations précises et exhaustives sur ce secteur stratégique de l’économie du pays.

C’est donc en direct du plus grand lycée agricole de France et « l’un des meilleurs lycées viticoles du pays » que Philippe de Guénin, Directeur Régional de l’Alimentation de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF) a détaillé en début de semaine, les premières données du recensement agricole 2020 pour la région Nouvelle-Aquitaine. Un recensement réalisé par le service de la statistique et de la prospective et les services statistiques régionaux du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et qui, pour la première fois, s’est déroulé dans un contexte de crise sanitaire via internet. Son objectif ? Alimenter des travaux de comparaisons internationales et éclairer la conduite des politiques publiques en la matière. Ainsi, ce sont 290 000 questionnaires qui ont été réalisés dans la France entière entre octobre 2020 et mai 2021 et au final, seuls 3% des enquêtés n’ont pas pu être contactés ou ont refusé de répondre. Un travail précis et rigoureux qui, pour la première région agricole de France, fait d’ores et déjà remonter quelques chiffres permettant d’établir un état des lieux et de mesurer l’évolution de ce secteur économique majeur.

La Nouvelle-Aquitaine, première région agricole française

Forte de 64 100 exploitations, la région Nouvelle-Aquitaine demeure la première région agricole de France, aussi bien termes de nombre d’exploitations (avec l’Occitanie) qu’en surface agricole utilisée (SAU) estimée à 3,9 millions d’hectares. Au final, la région accueille 15% des exploitations agricoles du pays ; une diminution de 19 000 d’entre elles ayant été observée en l’espace de dix ans. Une baisse du nombre d’exploitations qui est cependant moins élevée que lors des précédentes décennies : -2,6% par an entre 2010 et 2020, -2,8% par an entre 2000 et 2010 et -3,2% par an entre 1988 et 2000.

Autre constat : toutes les productions de France existent en Nouvelle-Aquitaine. « C’est une mosaïque ; la France en petit », précise Philippe de Guénin. Des types d’exploitations très diversifiés mais marqués par des spécificités départementales très fortes. Ainsi, « autour de Bordeaux, on trouve surtout de la vigne et plus au sud, de la forêt », poursuit-il. Des céréales (orge, colza, maïs), de l’élevage allaitant (Limousin) ainsi que des ovins et bovins (massif Pyrénéen) sont également à signaler sur le territoire régional.

Une surface agricole utilisée stable mais moins d’exploitations
Un paysage néo-aquitain dans lequel domine d’ailleurs les micro-exploitations (moins de 25 000€ de Production Brute Standart) qui représentent une exploitation sur trois. En ajoutant les petites exploitations (chiffre d’affaires inférieur à 50 000€) à l’ensemble, la part est de 58% des exploitations régionales, soit près de trois sur cinq. Les moyennes exploitations (chiffre d’affaires de 100 000€ à 250 000€ ) représentent 24% des exploitations ; les grandes exploitations (chiffre d’affaires supérieur à 250 000€), 18%.

« Pour autant, l’effectif des micro-exploitations diminue à un rythme plus soutenu que celui de l’ensemble des exploitations (-32% entre 2010 et 2020). Elles cultivent en moyenne 12 ha. Ces micro-exploitations valorisent 6% des surfaces agricoles régionales tout en mobilisant 10% du temps de travail des exploitations. Fréquentes dans les élevages d’ovins, caprins ou autres herbivores (43%) et dans les grandes cultures (49%), elles sont plus rares parmi les élevages de vaches laitières (4%), la viticulture (10%) et les élevages de granivores (11%).

Les grandes exploitations demeurent minoritaires. Leur nombre reste quasi stable en 2020 (-1,6%). Elles exploitent un tiers du territoire agricole et mobilisent la moitié de la force de travail agricole. Elles représentent une exploitation viticole sur deux et une exploitation de volailles ou porcins sur deux », précise-t-il.

Côté superficie, la surface agricole moyenne d’une exploitation est de 60 hectares en Nouvelle-Aquitaine contre 69 hectares en France métropolitaine et 5 hectares dans les départements d’outre-mer.

Et si la surface agricole utilisée (SAU) totale reste stable par rapport à 2010, le nombre d’exploitations diminue. « On est sur la même poursuite de diminution des exploitations qu’on connaît depuis l’après-guerre. Tous les dix ans, on perd environ 20% des exploitations agricoles. De fait, les exploitations s’agrandissent. En 2020 dans la région, elles font en moyenne 13 hectares de plus qu’en 2010 et 23 de plus qu’en 2000. »

La vente directe se développe

Une agriculture diversifiée, de qualité et en circuit court

« En 2020, 53 % des exploitations sont spécialisées en production végétale contre 46 % en 2010. Elles résistent mieux (-11%), malgré un recul en viticulture (-23%). Seules les exploitations maraîchères voient leur effectif s’accroître en 10 ans (800 en 2010 et 1500 en 2020, +82%) . À l’inverse, les exploitations spécialisées en élevage sont celles dont les effectifs se réduisent le plus, en parallèle de l’accroissement des surfaces. Entre 2010 et 2020, leur nombre diminue de 33 % (-10 700). La baisse est très marquée pour les exploitations spécialisées en production de lait de vache (-48%). Elle est également conséquente en porcins et volaille (-37%) et parmi les exploitations associant cultures et ou élevages. (-35%) », note le responsable.

Autre caractéristique notable : le fait qu’en Nouvelle-Aquitaine, 35% de l’ensemble des exploitations agricoles aient au moins une production sous signe de qualité ou d’origine autre qu’agriculture biologique (Label rouge, IGP, AOC-AOP, STG). C’était 30% des exploitations en 2010.

Une production sous signe de qualité ou d’origine qui est généralisée dans la viticulture (97% des exploitations). Elle est également fréquente en exploitations fruitières (42%) et, de façon moins marquée dans les élevages (30% en bovins lait, 55% en aviculture ou 57% en porcins).

De même, de plus en plus d’exploitations ont recours au circuit court : 22% en 2020 contre 17% en 2010. « Elles commercialisent en vente directe ou par un seul intermédiaire. Cela confirme l’engouement des consommateurs à s’approvisionner localement pour soutenir les producteurs de leurs territoires », explique Philippe de Guénin.

A noter que la part des exploitations agricoles pratiquant la vente en circuits courts augmente de 6 points en 10 ans.

Également en augmentation ; le nombre d’exploitations en agriculture biologique qui a triplé en 10 ans, passant de 3% à 11%. Un chiffre qui continue d’augmenter. « Nous poursuivons l’objectif d’arriver à 18% ou 20% d’exploitations agricoles en agriculture bio », explique-t-il.

Un secteur qui continue de se professionnaliser

Autre évolution majeure: la part du travail familial qui diminue au profit du salariat non familial.

« En 2020, 126 300 personnes occupent un emploi permanent dans les exploitations agricoles. C’est l’équivalent de 96 900 emplois à temps plein. En incluant l’emploi saisonnier, les exploitations recourent au total à 111 500 emplois, soit une baisse de 12% en 10 ans », précise-t-il.

La part des exploitants et co-exploitants dans le volume de travail a diminué mais reste prédominante. Celle des aidants familiaux se réduit au profit des salariés permanents non familiaux et des saisonniers. A noter que 27% de femmes sont à la tête des exploitations agricoles en région en 2020. En 2010, elles représentaient 29% de la profession.

Des chefs d’exploitations, co-exploitants et associés actifs en Nouvelle-Aquitaine dont 28% ont désormais 60 ans ou plus, alors qu’ils ne représentaient que 23% en 2010. « Pour renouveler les générations, compte tenu du très grand nombre de départs à la retraite, nous avons la certitude que dans les 10 prochaines années, il y aura une majorité de hors cadre familial pour s’en sortir. On a besoin d’augmenter le nombre d’installations ne provenant pas de familles d’agriculteurs. Nous stimulons les vocations dans les lycées agricoles», poursuit-il.

« On a un certain succès avec les jeunes qui ne sont pas issus du monde rural ou agricole mais qui trouvent au travers de la pédagogie concrète, un chemin vers les multiples métiers qu’offre l’enseignement agricole », conclut Corinne Reulet, Directrice du Lycée agricole de Blanquefort.

NDLR : Les données présentées sont provisoires et ne couvrent pas l’ensemble des questions posées. Elles sont un point d’étape avant la publication des données définitives au mois de mars 2022.

 

Pour retrouver tous les résultats de Nouvelle-Aquitaine: https://draaf.nouvelle-aquitaine.agriculture.gouv.fr/

 Pour retrouver les résultats nationaux et plus d’information: https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/

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