Les marchés fonciers ruraux ont battu des records en 2021


Portés par le retour de la croissance en 2021, les marchés fonciers ruraux, se sont eux aussi inscrits dans une forte dynamique positive.

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Publication PUBLIÉ LE 28/06/2022 PAR Solène MÉRIC

En 2021, l’heure était à la reprise, une reprise qui a rebondit jusque sur les marchés du foncier rural. Le foncier agricole et rural néo-aquitain n’a pas échappé au phénomène affichant des records tant en termes de surfaces que de valeurs échangées. C’est ce que révèlent les chiffres diffusés par la Safer Nouvelle-Aquitaine à l’occasion de son assemblée générale tenue en fin de semaine dernière dans ses locaux à Bruges (33). Un dynamisme qui met d’autant plus en avant le rôle de la Safer en tant que régulateur du foncier rural, en premier lieu à la faveur de l’installation agricole dans un contexte de difficile renouvellement des générations. Cette mission reste « la priorité des priorités » dans le nouveau plan stratégique 2022 – 2028.

« En 2021, quasiment tous les marchés fonciers ruraux ont bondi de +20% par rapport à l’année précédente en termes de surface », pointe Yves Gaonach, directeur adjoint de la Safer Nouvelle-Aquitaine. Au total 145 768 hectares ont en effet changé de mains l’an passé. La valeur totale de ces terres échangées dans la région est de 7,258 milliards d’euros, soit 36 % supérieure au marché 2020. Même si se pose là un bémol souligné par Hervé Olivier, directeur adjoint de la Safer : la hausse importante de cette valeur globale est « surtout tirée par le prix du bâti ; le marché agricole reste assez stable » estime-t-il.

Rebond du marché foncier agricole
Il y a bien pourtant un rebond du marché foncier agricole, en lien direct et logique avec une économie qui elle aussi se redressait en 2021. Avec plus de 17 200 transactions (+23%), c’est 85 347 ha qui se sont échangés (+21%), pour un montant total 1,415 M€, soit 19% de la valeur totale du marché foncier rural, quand en superficie il en représente 59%. A noter aussi que sur le marché agricole, ce sont les vignes qui tirent particulièrement les prix à la hausse, même s’il apparaît difficile de mettre toutes les appellations dans la même dynamique. En Gironde notamment, quelques appellations communales sont très recherchées quand beaucoup des appellations génériques souffrent de débouchés moins porteurs.

Côté forêt aussi, les chiffres marquent une progression avec 30 691 ha vendus en 2021 (+18%) pour une valeur de 308 M€, soit quasiment le double (98% exactement) de la valeur du marché 2020. Si le prix du bâti vient fortement impacter à la hausse la valeur faciale de ce marché, il n’empêche qu’une fois corrigé, les responsables de la Safer, estiment tout de même le prix moyen de l’hectare boisée « en hausse de 20 à 30% en lien avec l’augmentation du prix du bois ».

 

Maison à la campagne, un effet long du Covid
Quant au marché rural non productif, comprendre principalement le marché des maisons à la campagne, il poursuit et même accentue la forte dynamique qui l’anime depuis 2 à 3 ans désormais. Progression du nombre des ventes de 26%, et augmentation en valeurs de 37%. Entre 2019 et 2021, la valeur de ce marché est passé de 2 948 M€ à 4 728 M€. Outre les littoraux, le Périgord semble toujours faire rêver, cumulant sur l’année, le plus grand nombre de transactions sur ce marché des maisons à la campagne.

Cette conséquence du Covid, dont 94% des acquéreurs sont originaires de la région parisienne, pose en parallèle « un vrai problème » pointe Hervé Olivier tant pour l’installation en agriculture, que pour le logement des habitants locaux face aux prix pratiqués. Plus particulièrement sans doute dans les zones les plus peuplées. Mais Philippe Tuzelet, le directeur général de la Safer Nouvelle-Aquitaine nuance, cet attrait des espaces ruraux bénéficie aussi aux territoires en « deuxième ligne » jusque-là en perte de dynamique, y compris agricole, à l’image de départements comme la Creuse.


Accaparement versus installation

Autre marché à la hausse, celui des parts sociales. En 2021, 1 174 opérations ont été notifiées à la Safer équivalent à 148 900 hectares échangés (+19 %). Si la plupart de ces transferts visent à préparer des cessions progressives d’exploitations au bénéfice de tiers ou de la famille, ils peuvent aussi être un moyen de contourner le contrôle des structures effectué par l’opérateur foncier, qui jusque-là n’avait pas le droit d’intervenir sur ces cessions de sociétariat.

L’entrée en vigueur de la loi Sempastous en octobre 2022 permettra de réguler désormais aussi ce marché à partir du dépassement d’un certain seuil de surfaces passé sous le contrôle d’une personne morale ou physique. « L’idée ici est bien d’imposer une régulation aux personnes qui cherchent à s’accaparer des terres par l’acquisition de surfaces très significatives », insiste Hervé Olivier. Pour autant, dans l’attente du mois d’octobre, et de l’application de la nouvelle loi, on ne peut s’empêcher de noter, côté Safer, une augmentation de ce type de cessions. « Au-delà de stratégies internationales d’accaparement d’espaces agricoles qui peuvent exister, l’accaparement des terres est d’abord un sujet franco-français et pose des problèmes de transmission de ces exploitations », appuie Philippe Tuzelier. « S’en soucier, c’est se soucier de l’égalité des chances dans l’accès au foncier ».

Un accès au foncier et plus particulièrement à destination de l’installation agricole qui est au cœur des missions de la Safer. En effet, au sein des comités départementaux du foncier rural, sur les « 15 865 hectares attribués en 2021, 7 364 ha (soit près de la moitié) l’ont été à 549 jeunes agriculteurs préparant leur installation, s’installant ou récemment installés », pointe les responsables. Une orientation des terres vers l’installation qui s’ajoute à une palette d’outils fonciers voire financiers de l’opérateur, facilitant l’accès au foncier des jeunes installés. Parmi eux, le portage ou le stockage de foncier en vue de sa ré-attribution pour l’installation d’un jeune, le tout accompagné par de nombreux acteurs partenaires permettant de faciliter son installation de fait et/ou l’intégration dans le tissu rural et agricole local.

Signature du plan stratégique 2022-2028 de la SAFER Nouvelle-Aquitaine entre Patrice Coutin, président de la SAFER NA et Fabienne Buccio, préfète de régionSAFER NA

Signature du plan stratégique 2022-2028 de la SAFER Nouvelle-Aquitaine entre Patrice Coutin, président de la SAFER NA et Fabienne Buccio, préfète de région

« Jouer collectif »

Une mission autour de l’installation et du renouvellement des générations ainsi qu’une méthode du « jouer collectif », selon l’expression du président de la SAFER Nouvelle-Aquitaine, Patrice Coutin, que le nouveau plan stratégique 2022 – 2028 vient fortement réaffirmer. Un document conçu en lien avec 500 partenaires auditionnés, représentants de collectivités locales, membres d’associations environnementales en passant par les coopératives, les chambres d’agriculture, syndicats, filières…

Signé le 23 juin, avec la préfète de région, Fabienne Buccio, ce programme pluriannuel identifie, en sus de l’installation agricole, trois autres enjeux et défis à relever pour la Safer : « affirmer son rôle en tant qu’opérateur pluridisciplinaire de l’espace rural » en intervenant aussi sur des enjeux environnementaux (protection de la ressource en eau, lutte contre l’artificialisation des sols, biodiversité…) et de développement local, « intervenir pour restructurer et consolider » les exploitations, et enfin « communiquer » pour faire connaître la Safer, ses missions et son activité au quotidien dans les départements de la Nouvelle-Aquitaine. A ce titre, elle organise 12 conférences départementale du foncier, à destination des acteurs du territoire mais aussi des cédants et des jeunes et porteurs de projets agricoles qui voudraient en savoir plus sur ses activités.

 

Infos et inscriptions sur les conférences départementales du foncier : conferences-saferna.fr


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