Les Jeunesses Hitlériennes au Centre Jean Moulin


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Les Jeunesses Hitlériennes au Centre Jean Moulin

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/10/2007 PAR Piotr Czarzasty

Selon le souhait de Hitler qui voulait une jeunesse « violente, dominatrice, courageuse et cruelle », les Jeunesses Hitlériennes – Hitlerjugend – sont mises en place dès 1926. Ce qui était à l’origine le mouvement de jeunes du parti national-socialiste est vite devenu, avec l’arrivée de Hitler au pouvoir en 1933, la première force représentative de la jeunesse allemande. Sa position est encore renforcée après la délégalisation d’autres associations de jeunes ainsi que l’adhésion obligatoire instaurée en 1939. Les enfants, à partir de l’âge de 10 ans apprennent à incarner l’idéal de « l’homme nouveau ». Séparés de leurs proches, ils sont formés dans l’esprit de l’idéologie du parti, afin de servir au mieux l’Etat ainsi que l’armée.

« L’exposition s’interroge non seulement sur les fondements de cet endoctrinement, mais veut aussi attirer l’attention sur les atrocités qui se cachent derrière. » explique Christian Block, responsable du Centre Jean Moulin. Cette double mission se traduit déjà par l’intitulé de l’exposition. Nuremberg, coeur de manifestation idéologique du national-socialisme d’un côté et Oradour, le symbole des massacres nazi, de l’autre. L’univers d’une enfance soumise au dictat du régime nous est présentée à travers l’histoire de Paul Beyer, le « produit » d’une formation idéologique exemplaire. On observe facilement une fascination et un dévouement sans limites que ce soit dans les lettres adressées à ses parents, signées toujours avec un « Heil Hitler », ou son enthousiasme de défendre Nuremberg, où il laissera finalement sa vie.

Des bourreaux aux visages d’anges

Plusieurs documents, photos, objets et films témoignent tout au long de l’exposition de cette tragédie humaine qu’ont été les effets de l’expérience « Hitlerjugend », sans parler de la deuxième guerre mondiale. Certains sont particulièrement frappants. Par exemple une série de dix photos d’identité d’adolescents. D’un premier coup d’oeil ils ont tous l’aire d’être camarades de classe. En regardant de plus près par contre, cinq d’entre eux sont en uniformes. Les cinq autres, en gamelles de prisonnier, s’avèrent victimes des cinq premiers dans les camps de concentration. Une autre photo montre un soldat allemand exécuter une femme avec un enfant. On dirait qu’on en a vu des pareilles. Mais c’est seulement qu’on on apprend que celle-ci faisait partie d’un concours organisé par les soldats intitulé « le moment de la mort en photo », que tout bascule. « C’est ici que se pose le problème de jugement. On se demande comment ces enfants à priori innocents, ces « anges », ont pu être capables de choses pareilles? » souligne M. Block.

Il ne faut tout de même pas croire que tous les jeunes allemands de l’époque ont suivi le même chemin. C’est ce qu’essaie de démontrer l’exposition en nous faisant découvrir les histoires inconnues d’une résistance au sein de l’Allemagne nazie. Les multiples mouvements de jeunes (Navajos, Swing boys) en sont le meilleur exemple. L’exposition n’a pas manqué non plus de clin d’oeil envers la réalité française de ce temps là. Il s’avère que le régime Vichy ne fut guère épargné par le militantisme prohitlérien chez les jeunes français.

Comprendre pour éviter

L’exposition n’est quand même pas là pour donner des réponses, ni pour juger. « On n’est pas ici pour excuser les choses, mais pour expliquer ce que nous voulons éviter aux générations futures » souligne Hans Christian Taubrich, directeur du Centre de documentation de Nuremberg. « Le but est de comprendre afin d’éviter pour que cela ne se reproduise » avoue de son côté M. Block. Il ne reste qu’espérer que l’humanité sera capable d’en tirer la leçon. Cependant, lorsqu’on jette un dernier regard sur l’un des paneaux de l’exposition, on apprend que toujours plus de 300 000 enfants sont engagés dans des conflits militaires dans le monde entier. Dans de telles circonstances il est vraiment difficile de prévoir un futur en rose.

Piotr Czarzasty

De Nuremberg à Oradour : les jeunesses hitlériennes au Centre Jean Moulin, 48 rue Vital Carles à Bordeaux jusqu’au 9 décembre 2007 du mardi au dimanche de 14h a 18h. Entrée libre

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