Les élus girondins veulent croire à la capacité d’écoute d’Emmanuel Macron


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Les élus girondins veulent croire à la capacité d'écoute d'Emmanuel Macron

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 01/03/2019 PAR Claude-Hélène Yvard

 La visite d’Emmanuel Macron à Bordeaux  vendredi 1er mars, fut particulière à plus d’un titre. Premièrement, Bordeaux vit depuis plusieurs semaines avec les conséquences de la crise des Gilets jaunes, avec des actes de violence et de nombreux commerçants du centre ville qui souffrent. Deuxièmement, on retiendra que cette journée de visite présidentielle fut la dernière d’Alain Juppé en tant que maire de Bordeaux. Quelques heures avant de remettre sa démission au préfet, Alain Juppé s’est entretenu en tête à tête avec le chef de l’état, lequel n’a pas manqué de lui rendre un hommage appuyé en ouverture de son long échange  de trois heures avec une quarantaine d’élus de la Gironde. « J’ai le privilège de vivre avec vous mes dernières heures de maire de Bordeaux à l’occasion de ce grand débat national avec les élus locaux, a souligné Alain Juppé. Parmi les élus conviés, on notait la présence de Nicolas Florian, qui devrait devenir d’ici quelques jours, le premier magistrat de de la ville. Son émotion au moment d’entrer dans la résidence préfectorale était perceptible :  » C’est une journée particulière à quelques jours d’une passation qui se fait sous la bienveillance du Président à de la République. » Nicolas Florian a également indiqué qu’il mobilisera toute son énergie pour sa ville et qu’il serait attentif aux suites du débat national et annoncé qu’il mettrait en place des initiatives pour développer la parole de nos concitoyens.

Une forte proportion d’élus de la métropole 

L’échange entre une quarantaine d’élus de Gironde et Emmanuel Macron, dans le cadre du Grand débat national a duré trois heures. On notait la présence de nombreux élus des communes de la métropole : Cenon, Villenave d’Ornon, Talence, Pessac, Lormont . Ce qui a fait réagir Hélène Estrade, conseillère régionale et maire de Lapouyade, commune du Libournais de 504 habitants.  « Sincèrement, je suis un peu remontée, car il n’y avait pas de maires de petites communes et surtout des maires de la métropole, des hommes principalement. Je ne sais pas comment a été fait le choix des élus, mais je ne trouve pas que globalement la ruralité très présente en Gironde, n’a pas été suffisamment mise à l’honneur à travers ce débat. Je fais des partie des ces maires de petites communes rurales qui se bougent pour leur territoire avec une faible indemnité devenue imposable. Si j’en avais eu l’occasion, voici ce que j’aurais aimé dire au Président de la République. «  Si j’avais été conviée, j’aurais pu lui demander pourquoi l’Etat demande, une nouvelle fois cette année à la petite commune rurale de Lapouyade,de participer au  redressement de ses finances à hauteur de 22 400€ ? Est ce parce que Lapouyade a été exemplaire et a accepté ce que personne ne voulait avec  une immense décharge, qui a permis de créer une centaine d’emplois en milieu rural et généré des recettes fiscales qui irriguent la Communauté d’agglomération (750000€/an), le département (350000€/an) et la Région (90000€/an. Lapouyade c’est aussi une Médiathèque, une maison des services,  un petit quartier résidentiel intergénérationnel.  Toutes ces réalisations, c’est aussi du travail pour les entreprises locales. Lapouyade est une commune financièrement favorisée mais c’est le fruit d’une volonté, d’un travail. Lapouyade est une commune qui a acquis une richesse mais est ce une raison juste pour la taxer ? indique Hélène Estrade, qui a suivi une partie du débat à la télévision.  

Sur la fermeture de Ford 

De très nombreux sujets ont été abordés entre la quarantaine d’élus de Gironde et Emmanuel Macron : la crise des gilets jaunes, la fiscalité locale, les relations entre les services de l’Etat et les territoire  et la situation de Ford, la question des mobilités du quotidien. Interpellé sur la situation de Ford, par Alain Rousset,  président du Conseil régional avec lequel il s’est entretenu en tout début de matinée, mais aussi par la maire d’Eysines Christine Bost, Emmanuel Macron a été clair sur le cynisme de l’entreprise, qui devra financer la réindustrialisation du site. « Les élus de ce territoire et les services de l’Etat se sont battus. Mais nous avons eu à faire à un véritable cynisme de l’entreprise. La solution de reprise était fragile et imparfaite, maintenant, il faut être au côté des salariés, les accompagner par de la formation, des indemnités. » Le chef de l’État a plaidé pour la mise en œuvre d’un dispositif spécificique de suivi afin de leur « présenter des offres d’emploi ou des formations qualifiantes« . Il a ajouté : « Nous allons forcer l’entreprise à revitaliser le territoire et à investir dans la conversion industrielle du site. »

Fiscalité et services publics

Plusieurs maires ont abordé la question de la suppression de la taxe d’habitation. Emmanuel Macron persiste et signe, considérant qu’il s’agit de l’impôt le plus injuste qu’il soit. « Cette taxe est l’un des mécanismes les plus injustes géographiquement et socialement. Je considère que sa suppression est un bon choix. » Aux élus inquiets, il répond que cette perte de recette sera compensée : « Vous n’allez pas perdre du potentiel fiscal. » Les dotations aux communes ont également a été abordées : Daniel Barbe, président des maires ruraux de la Gironde, a soulevé l’inéquité entre la DGF des communes rurales et des communes urbaines. Le chef de l’état a en effet confirmé que les dotations avaient baissé sur la période de 2013 à 2017 de 12 milliards d’euros. Cette diminution a touché toutes les collectivités de manière aveugle. Depuis 2017, il n’y a pas plus de baisse : l’effort se concentre aujourd’hui sur les 300 collectivités principales. Le sujet des services publics est aussi au coeur des préoccupations des élus. Certains dont Gérard César, demandent un moratoire sur la fermeture des services publics. A Emmanuel Macron de répondre, « il faut une réponse plus intelligente mais le moratoire ne peut pas être une bonne réponse. » Sur ce sujet, il a dit souhaiter « plus de concertation ». « Dans la sortie de ce débat, on va devoir changer nos règles d’organisation de l’État et des services publics au niveau local », a-t-il souligné. Concrètement, il veut engager « un fort mouvement de déconcentration » et plaide pour une nouvelle cartographie des services.  Il souhaite donner plus de responsabilité aux fonctionnaires sur le terrain. Il a été interpellé sur un assouplissement du non-cumul des mandats. « Ce n’est pas totalement l’esprit du moment. Il y a un besoin de proximité et je vois vos parlementaires qui ne chôment pas. Faut-il retrouver de la souplesse pour les plus petites collectivités ? » En clair, le chef de l’État ne semble pas vouloir suivre cette voie à un moment où  nos concitoyens, très critiques vis-à vis des élus, souhaitent davantage de proximité. 

Plus de décentralisation

Sur la crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron a plaidé pour « un retour au calme » et en a appelé à la raison de tous. La situation n’est plus compréhensible pour bon nombre de nos concitoyens. » « Ce grand débat n’est pas seulement une séance d’écoute avant de passer à autre chose, indiquant que des « décisions seront prises » et » des chantiers ouverts. » Parmi ces chantiers futurs, celui d’une nouvelle étape de décentralisation, comme l’a appelé de ses voeux Alain Rousset, ce matin lors de son entretien avec le Président de la République. Cette idée d’une nouvelle étape vers davantage de décentralisation accompagnée d’expérimentations est partagée par Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde qui a trouvé Emmanuel Macron, plutôt à l’écoute des élus girondins au cours de ses trois heures de débat. « Le président a apporté quelques éléments de réponse, on attend la suite avec des actes, a t- indiqué à la sortie.   


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