Les éleveurs laitiers girondins en plein doute


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Les éleveurs laitiers girondins en plein doute

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 07/12/2016 PAR Claude-Hélène Yvard

En Gironde, une quinzaine d’éleveurs laitiers ont opté pour la vente directe, pour tenter de sortir de la crise et de dégager de meilleurs revenus. Parmi eux, Elodie Augeau, jeune éleveuse laitière de 25 ans, s’est installée l’an dernier. Après avoir obtenu un BTS de conception industrielle, elle a décidé pourtant de rejoindre la ferme de son père, à Vendays Montalivet, par passion de la terre et des vaches. Hier, lors de la conférence départementale laitière, organisée dans la commune du Tourne, près de Langoiran, la jeune femme est venue témoigner de ses espoirs, de ses difficultés. « Nous avons un cheptel laitier d’une quarantaine de têtes. Dès le départ, avec mon arrivée sur la ferme, nous avons fait le choix de mieux valoriser le prix du lait en pariant sur la vente directe et la mise en valeur des produits du terroir. Sur le secteur, nous ne sommes que plus deux exploitations laitières. Nous avons donc des craintes concernant la collecte. »

Blocage administratif
L’exploitation produit 250 000 litres de lait, et  actuellement 10 000 litres sont transformés en yaourts, en frômage blanc et en en yaourts à boire. « La demande est là, surtout en période estivale, où nous travaillons beaucoup. »  La jeune agricultrice a des projets plein la tête : elle voudrait étoffer sa gamme, par des glaces, des fromages, commercialiser ses produits aux cantines locales. Pour accroître la production et atteindre l’objectif fixé de chiffre d’affaires de 150 000 euros sur la vente directe, elle a besoin d’un nouvel outil de transformation. L’investissement représente 120 000 euros. « Actuellement, le dossier de permis de construire subit un blocage administratif en raison de la loi Littoral. C’est long et fastidieux, cela prend énormément de temps, j’espère qu’on l’on va trouver rapidement une solution pour voir aboutir notre dossier. »
Hier,  comme elle, plusieurs éleveurs ont témoigné des solutions qu’ils mettent en place sur leur ferme pour continuer à croire en l’avenir.  La vente directe peut paraître comme une bonne option, mais celle-ci ne convient pas à tout le monde, ni à toutes les structures.  » Il faut avoir l’esprit commerçant, savoir se vendre et être très présent sur les réseaux sociaux. Ouvrir sa ferme n’a rien d’évident pour certains, » intervient Alain Duvialard.
D’autres comme Philippe Pujos, éleveur à Bazas, qui a troupeau laitier et un troupeau allaitant en race bazadaise, hésite au contraire à arrêter la vente directe l’an prochain.  « Nous avons plus de trente  ans d’expérience dans ce domaine. Avant, la vente directe – exclusivement du lait cru- représentait 60 000 litres, aujourd’hui, nous sommes tombés à 15 000 litres, en raison notamment des contraintes dues à la DLC courte. Ce n’est plus très rentable. » Son Gaec a vu le départ à la retraite de deux associés. Ce départ aurait pu mettre fin à l’activité laitière, comme cela se passe dans la majorité des cas. Philippe Pujos a fait un autre choix : celui d’investir dans un robot de traite d’occasion. Résultat, la production de lait par vache a progressé.

76 exploitations
La filière laitière en Gironde réunit 76 exploitations : malgré ses faiblesses : dépendance vis à vis des groupes laitiers, effondrement des cours subis par l’ensemble de la profession, nombreuses cessations laitières ou reconversions dans d’autres productions, elle n’est pas dénuée d’atouts. « Ses deux principaux sont le très bon niveau technique des éleveurs de la Gironde et la moyenne d’âge. 32 exploitations ont un associé de moins de 40 ans et il y a eu des installations au cours des quinze dernières années, souligne François Rausher, de la chambre d’agricuture de la Gironde. Le Département a fait le choix de continuer à soutenir les élevages bovins viande et bovins lait. La collectivité, par les voix de son vice président chargé du développement économique, Bernard Castagnet et de Dominique Fédieu, conseiller départemental du canton Sud Médoc et président de la commission agriculture, mer et forêt, ont tenu à réaffirmer leur soutien à la filière. « On ne peut laisser disparaitre la filière lait en Gironde. Il existe de nombreux partenariats entre le Conseil départemental et les structures professionnelles girondines. » En 2016, le Département a consacré 1 052 000 euros d’aides aux élevages et 800 000 euros pour la filière lait sur les cinq dernières années, principalement des aides à l’investissement. Au cours de cette réunion, la représentante des services de l’état a rappelé les différents dispositifs d’aides proposés aux éleveurs : exemple, aide à la réduction de la production laitière, aide à la trésorerie, ou encore le dispositif « année blanche ». Lors de cette conférence départementale, les éleveurs laitiers de la Gironde ont surtout démontré, malgré les doutes, les tracas administratifs, qu’ils ne baissaient pas les bras et souhaitaient vivre  tout simplement de leur métier.

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