Les Chroniques de l’Agronome: Marie Bugnicourt à la recherche des mycorhizes de la vigne


Marie Bugnicourt

Les Chroniques de l'Agronome: Marie Bugnicourt à la recherche des mycorhizes de la vigne

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 20/01/2013 PAR Opaline Lysiak

Rassurez-vous :
1) Une année fraîchement entamée est la période idéale pour enrichir intelligemment notre vocabulaire…
2) Les mycorhizes sont essentielles à la vie : il semblerait qu’elle ait été indispensable à la colonisation des continents par les végétaux ! Près de 90% des végétaux sont dits « mycorhizés »…  Maintenant que vous comprenez l’intérêt de cet article, poursuivez la lecture.

Marie Bugnicourt, pétillante blonde originaire de Lille, a été piquée par la passion de la vigne en première année à l’école d’ingénieurs Bordeaux Sciences Agro. Une semaine consacrée au sujet, suivie d’un stage chez des vignerons passionnés à Orléans, ont suffit à orienter son choix de spécialisation. En troisième année, il  lui faut trouver un stage de fins d’études.

Après avoir répondu à une offre sur internet, elle s’installe pour six mois à Sancerre, recrutée par le SICAVAC, une interprofession des professionnels de la vigne de la région Centre-Loire.  A l’originaire laboratoire d’œnologie, le groupe a développé une activité de conseil aux vignerons. Et c’est là que l’on peut toucher du doigt l’intérêt du stage de Marie. En fait, les organismes ayant une action de conseil aux professionnels ont tout intérêt à mener des expérimentations dans les domaines les moins connus afin d’épauler au mieux ses adhérents.  Un domaine peu connu ? Les mycorhizes justement !

Le mycorhize et la vigne

Composé à partir du grec « myco » (champignon) et « rhize » (racine), la mycorhize est une association à bénéfice réciproque (symbiose) entre un champignon et un végétal. Le champignon pousse sur la racine et prélève dans le sol ce que le végétal a du mal à prélever : eau et sels minéraux. En échange, la racine fournit des sucres au champignon. Aujourd’hui, la façon dont les mycorhizes fonctionnent ainsi que leurs bienfaits pour les cultures sont plutôt maîtrisés… sauf sur la vigne ! « Il y a deux ans, le SICAVAC a lancé un sujet d’expérimentation. On savait que la vigne pouvait s’associer avec des mycorhizes mais on ne savait pas si c’était encore le cas dans les conditions de culture d’aujourd’hui. Il s’agissait aussi de trouver un lien éventuel entre la quantité de fongicides utilisée sur la vigne et la quantité de mycorhizes et leur efficacité » explique Marie. Finalement, Marie a défriché un terrain encore presque inconnu, ce qui est délicat dans le cadre d’un stage de fin d’études ingénieur : « les personnes qui s’occupaient du bon déroulement de notre cursus à l’école ont eu du mal à accepter mon stage, car l’étude d’un sujet peu connu entraîne des risques pour l’obtention du diplôme ! » ajoute la jeune femme.

A son arrivée au SICAVAC, il a fallu commencer par monter un protocole d’expérimentation. « Nous voulions savoir s’il y avait un lien entre la quantité de mycorhizes par racine et différentes modalités : porte-greffe utilisé, type d’entretien du sol (sans herbe ou enherbé), la présence d’un traitement fongicide. J’ai aussi mesuré le taux de mycorhization sur des plants sur lesquels un pépiniériste avait volontairement introduit des mycorhizes ».

La journée de travail type commençait par le prélèvement de racines sur les parcelles d’une dizaine de viticulteurs. La jeune diplômée s’étonne encore de l’intérêt important que les professionnels ont montré pour son travail : « comme je me baladais sur leurs parcelles, ils étaient curieux de savoir ce que je faisais. En discutant avec eux, j’ai réalisé qu’ils avaient déjà tous entendu parler de mycorhizes. Ils m’ont posé plein de questions ! » Cet aspect relationnel avec la profession est essentiel pour Marie, car elle n’était pas « enfermée au labo », malgré le caractère « microscopique » de la chose étudiée.

Et l’après midi… On compte les champignons ! Invisibles à l’œil nu, leur présence est mise en évidence grâce à une coloration. Au fur et à mesure des comptages, une tendance s’est révélée : contrairement à ses attentes, Marie a montré que les mycorhizes étaient très résistantes : porte-greffe, entretien du sol, fongicides… quelque soit la modalité testée « il y avait toujours beaucoup de mycorhizes. A un moment, je me suis dit que mon travail  ne servait à rien, car je ne trouvais pas de résultat flagrant. Mais finalement, j’ai compris que les mycorhizes étaient en fait très résistantes ».  Marie a donc proposé, dans son mémoire, des pistes pour approfondir le sujet : étudier différentes espèces de champignons mycorhiziens, espèces ayant des efficacités différentes au vignoble.

Ce qu’elle retient de sa formation ? Marie est sincère : « C’est surtout la partie gestion de projet, savoir se poser les bonnes questions pour ensuite  chercher l’information au bon endroit. En 3ème année, nous avons réalisé l’audit d’un domaine viticole dans le Médoc afin de restructurer le vignoble et la cave. Cela nous a montré les avantages et les difficultés du travail en groupe, et la relation directe avec les professionnels… qui nous considéraient comme des pros même si nous étions étudiants ! Côté connaissances, on parcourt tellement de sujets à l’école qu’il est difficile de tout retenir… C’est sur le terrain qu’on apprend tout ».

En mars, Marie s’envole vers le Chili pour deux mois de vendanges au sud de Santiago. Et après ? Retour sous les ceps pour étudier la microbiologie du sol ? « C’est la grande question du moment… on verra bien ! »

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