Né de l’imagination de la danseuse d’origine japonaise Naomi Mutoh et du compositeur Laurent Paris, du groupe Spina, Radix est à la croisée des univers entre le bûto et les musiques amplifiées. On y croise des riffs de guitare bruts et des visages pétrifiés, des tableaux troublants et esotériques où se déploie un univers contrasté faisant appel à deux énergies puissantes et ténébreuses: une danse née sur le traumatisme d’Hiroshima s’inspirant de l’expressionnisme allemand et la violence sourde du rock’n roll. Ce parcours « cho-rock-graphique » comme le qualifie ses auteurs livre une vision graphique du monde entre enfer et paradis, une balade visuelle qui conjugue danse, musique, chant et image. Radix est la seconde collaboration artistique de Naomi Mutoh (alors interprète) et Spina, après une première confrontation butô-rock dans Togué chorégraphié par l’autre grande figure du butô Carlotta Ikeda. Ici, les deux créateurs entendent vouloir actualiser les énergies communes de ces deux mouvements artistiques autour de couples qui leur sont intrinsèques: amplification/simplification ou encore exhibition/occultation. Un étrange voyage initiatique au coeur de deux mondes formellement opposés qui se reconcilient en un tableau composite et fantastique, comme un écho aux oeuvres plastiques des allemands Anselm Kieffer ou Edvard Munch.
Photo : Vincent Paris
Hélène Fiszpan
Radix de la compagnie Medulla au Gloib Theâtre, jusqu’au 11 décembre
Renseignements au 05 56 69 06 66 ou sur www.globtheatre.net
Tarifs: entre 6 et 14 euros