Les auteurs de violences conjugales dans le viseur


Suite au Grenelle de 2019, 30 centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales (CPCA) ont été créés en France. Bérangère Couillard, la ministre déléguée chargée de l’égalité femmes/hommes, a fait le point à Limoges.

ministre et prsonnalitésCorinne Merigaud | Aqui

Bérangère Couillard, la ministre chargée de l'égalité femmes/hommes, a visité le centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales situé à Limoges.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 11/09/2023 PAR Corinne Merigaud

Le but des CPCA est de prévenir les violences conjugales en accompagnant des personnes pouvant passer à l’acte, de protéger les victimes et de prévenir la récidive des auteurs. La coordination nationale est assurée à Limoges par l’Association de réinsertion sociale du Limousin (ARSL) qui gère le CPCA Nord Nouvelle-Aquitaine soit six départements. Un pilotage qui fait écho à l’antériorité de la prise en charge des auteurs initiée dès 1994.

Les besoins ne cessent d’augmenter face à la multiplication des féminicides. Déjà 76 cette année, après une année 2022 noire où 118 femmes sont décédées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. Conséquence directe, le nombre d’auteurs orientés vers les CPCA grimpe. Au 1er trimestre 2023, 301 ont été orientés vers ce CPCA contre 254 au 1er trimestre 2022. Au niveau national, l’an dernier, 13 895 auteurs ont été accompagnés par les 30 CPCA, 90 % suite à une mesure judiciaire, 10 % venant volontairement. L’expérimentation du dispositif s’achèvera fin 2023 alors qu’il est méconnu du grand public.

Sans auteurs, il n’y a pas de victimes

Lors de son déplacement, Bérangère Couillard a annoncé qu’un bilan national serait tirer début 2024. « Il faut lutter contre l’envie des auteurs de réitérer leurs gestes, si on ne traite que les victimes, ce n’est pas suffisant », appuie-t-elle. Cette année, le gouvernement a débloqué 6 millions d’euros pour la prise en charge des auteurs. « Sans auteurs, il n’y a pas de victimes poursuit-elle, il faut qu’on soit en capacité de traiter les auteurs pour éviter la récidive.» Elle annonce une évaluation du dispositif en début d’année pour « regarder comment on réinsère les auteurs qui viennent dans ces centres, comment on traite leur addiction à l’alcool et aux drogues et quel est l’accompagnement psychologique pour éviter la récidive. On verra comment monter en charge pour accueillir de nouveaux auteurs.» Le délai d’accompagnement d’un auteur volontaire est d’un mois, un temps bien trop long.

Claire Robert Haury directrice de l’ARSL, Antoine Roméra, président de l’association et Bérangère Couillard ont longuement échangé sur la prise en charge des auteurs de violences conjugales.

La prise en charge peut être salvatrice comme pour cet auteur, sous contrainte judiciaire, accompagné par ce CPCA. « C’est un très bon accompagnement reconnaît-il, ça m’a aidé à prendre conscience du danger et du risque de normaliser des conflits violents au sein du couple. C’est un endroit où on est dans la parole. »

A quelques mois de la fin de cette expérimentation, l’ARSL espère des moyens supplémentaires pour pérenniser le fonctionnement et le financement du CPCA. « Les demandes sont exponentielles avec des listes d’attente pour les personnes volontaires », constate Claire Robert Haury, la directrice. Un programme de recherche a été lancé sur l’impact des CPCA sur la prise en charge des auteurs.

 

Des BAR nouvelle génération

Pour faire connaître les CPCA, une campagne de sensibilisation est prévue à la fin de l’année à la télévision et sur le web, ce qui devrait augmenter les demandes de prise en charge. Quant aux victimes, elles peuvent être protégées par un bracelet anti-rapprochement (BAR), plus d’un millier au niveau national. « Nous attendons une nouvelle génération de BAR plus efficace annonce la ministre. Nous avons déployé des téléphones grave danger, 5 000 sont disponibles et 75 % utilisés. Nous avons augmenté de plus de 80 % le nombre de places d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences conjugales avec plus de 11 000 places. La lutte contre la violence aux femmes est la priorité du gouvernement.»

Des efforts restent à faire pour former tous les policiers et gendarmes à recueillir la parole des victimes. Si 160 000 l’ont été en quatre ans, 90 000 attendent leur tour. « Aucun élève policier et gendarme ne sort de l’école sans être sensibilisé sur ce sujet, je vais regarder les modules de formation pour voir comment cela peut être réitéré dans le temps. »

A Limoges, la Maison de Protection des Familles assure la formation des gendarmes haut-viennois. « Nous avons formé la totalité des gendarmes à l’accueil des victimes et à la libération de la parole, indique l’adjudante chef Stéphanie Tignol, une remise à jour sera faite en janvier pour les gendarmes mutés sur notre département. Le parquet nous donne des directives, il est interdit de refuser une plainte pour des violences. »

Infos pratiques !

Un colloque sera organisé par l’ARSL les 11 et 12 décembre sur le thème « Violences conjugales : quels modèles d’intervention auprès des auteurs ? ». L’objectif sera de fédérer les acteurs exerçant dans ce secteur, de croiser leurs pratiques et de mettre en valeur leurs réalisations.

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