Les agriculteurs se font tirer le portrait


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Les agriculteurs se font tirer le portrait

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 25/05/2017 PAR Romain Béteille

Quel meilleur moment que le Salon de l’Agriculture de Nouvelle Aquitaine, véritable vitrine de promotion de cette ambitieuse première région agricole d’Europe, pour faire parler ceux qui la font vivre ? Magdalena Arbitre, docteur en droit communautaire spécialisée sur la question de la sécurité alimentaire et Jean-Charles Rivas, photographe basque, proposent à travers leur nouvel ouvrage paru récemment aux éditions Sud-Ouest, 193 pages d’un voyage de 20 000 kilomètres à la rencontre de 46 agriculteurs au sein des 12 départements composant la grande région. Presque un travail journalistique, donc, sous forme de reportage et de moments de vie, de l’éleveur de chèvres dans les Deux-Sèvres à un spécialiste de la culture du tabac. ils partagent leur quotidien, « leurs espoirs et leurs craintes pour le futur », de l’aveu même de celle qui a su les faire parler, présente ce mercredi sur le salon pour présenter son travail à tout un banc de curieux. 

Contexte politique

On a dit presque car le point de départ est moins le point de vue d’un reporter que d’une spécialiste inquiète par le climat politique entourant la vision publique déclinante d’une agriculture nationale minée par un contexte économique défiant. « L’idée du livre a germé au moment des élections régionales en décembre 2015, ces dernières se déroulant en même temps que la COP21 à Paris », précise ainsi Magdalena Arbitre. « J’ai été assez choquée de ce que j’y ai entendu : les agriculteurs y étaient dépeints comme des pollueurs et les distributeurs continuaient d’affirmer que la meilleure denrée alimentaire était la moins chère. Comme je suis une européenne convaincue, je me suis dit qu’il fallait replacer le citoyen au coeur de cette démocratie. Pour les agriculteurs de Nouvelle Aquitaine, c’est assez difficile en raison du nombre d’appellations existantes, souvent ils sont discriminés par rapport à des produits moins chers. C’était intéressant de montrer le visage de vrais agriculteurs, c’est pour ça qu’on a voulu faire des portraits ». 

Cours d’Histoires

Le contexte historique et son évolution sont donc aussi importants que les têtes que l’on pourra y croiser, entre crises et révolutions des dernières décennies agricoles. Quotas laitiers, origines de la PAC, scandales sanitaires, remise en question de l’origine des produits et de leur méthode de production jusqu’à devenir « raisonnée » : tout ou presque y passe à travers les différents chapitres au détour desquels une grande figure sert de témoin. « Les agriculteurs qui ont accepté de témoigner ont osé se jeter à l’eau pour parler de leur vie et se montrer sous leur vrai jour. Il y a aussi un fil conducteur tout au long du livre. Par rapport à la formation que j’ai eue, j’ai rajouté des éléments sur l’histoire de la Politique Agricole Commune (soixantenaire) pour faire un état des lieux actuel sur la réalité d’aujourd’hui, à la fois concernant l’OMC, les droits de douane et les difficultés auxquelles sont confrontées les agriculteurs et comment ils essayent de s’en sortir et de s’adapter à cet environnement hostile », commente ainsi Magdalena Arbitre.

Avec et sans clichés

Les photos, elles, sont là pour dépeindre les visages autant que les réalités d’un terrain. « J’ai été très surpris de voir la réalité de l’agriculture par rapport à la manière dont elle est présentée aujourd’hui », affirme ainsi l’auteur des clichés composant les pages de « Portraits d’Agriculteurs en Nouvelle Aquitaine », Jean-Charles Rivas. « On pensait que c’était un milieu fermé, hors on à affaire à des gens qui protègent leur environnement et leur outil de travail. J’ai essayé de montrer à travers mes photos ce qu’ils sont vraiment ». Une partie d’entre elles sont d’ailleurs exposées sur des panneaux lors du Salon, et une rencontre-débat s’est même tenue ce mercredi en présence des deux auteurs et de quelques-uns des quarante-six portraits proposés dans l’ouvrage, réalisé par ailleurs en partenariat avec la Chambre d’Agriculture de Nouvelle Aquitaine. Ces histoires personnelles sont en tout cas un bon moyen, même sans être de réels « reportages » de presse au sens propre, de mettre en lumière quelques figures locales et régionales qui devraient l’être plus souvent. C’est sans doute là que le livre tape le plus juste.

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