Bordeaux: cette 2° circonscription, si « municipale »


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Déambulation estivale d'un pont à l'autre des quais bordelais

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 06/06/2017 PAR Joël AUBERT

Cette législative bordelaise n’échappe pas, en effet, au constat fait par ailleurs et aux questions que soulèvent les lendemains d’une élection présidentielle sans précédent sous la V° République: est-ce que les électeurs familiers des figures locales vont voter plutôt sur le mode « élu de terrain connu », ou porter sur le devant de la scène des nouveaux-nouvelles venu(e)s? Si tel devait être le cas parce que le président a besoin « d’une majorité » au service de son programme,  alors il va falloir apprendre à connaître celle qui porte les couleurs d’En Marche », Catherine Fabre qui va vouloir tirer bénéfice du résultat obtenu par Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle dans la ville, sans compter le second à 85%.

Michèle Delaunay: ce n’est  » pas ingagnable »

Michèle Delaunay aborde ce troisième rendez vous avec ces mots :  » j’ai eu la chance de me présenter à des élections ingagnables ( 2007-2012); je les ai gagnées: celle-là c’est la même chose… je fais campagne à 200%. La vie municipale ma donné beaucoup de force, d’énergie de détermination  » et d’ajouter avec cette touche d’acidité qui a souvent irrité Alain Juppé: « J’ai apporté à Bordeaux une manière d’équilibre des pouvoirs. » Mais comment la députée sortante aborde-t-ellle la perspective d’un éventuel troisième mandat, dans une assemblée ou d’évidence le parti socialiste sera minoritaire? « Le soutiendrai Macron dans tout ce qui touche à l’avenir de la France et plus encore de l’Europe, mais il est essentiel « d’être en vigie active », de ne pas avoir un parti unique, celui du président, qui votera sans débat. Faisons alors des majorités de projets. Et d’égréner quelques une des idées qu’elle entend défendre demain à l’Assemblée … au sein de la commission sociale qu’elle chosit déjà (!) car il faudra avoir des points de vigilance par rapport au gouvernement; la question du logement lui semble être prioritaire en particulier pour les revenus les plus modestes ce qui la conduit à proposer un système de crédit d’impôt qui réduirait le coût du loyer. Quant à la moralisation de la vie poltique elle ne craint pas d’affirmer : » Je vais apporter des idées que personne n’évoque; il faut supprimer le cumul des mandats parlementaires avec un autre métier pointant, par exemple celui avocats d’affaires ou d’universitaire. Je peux faire avancer une loi que j’ai votée – transparence de la vie politiquee- et obtenir que soit assermenté le mandat de parlementaire ou de président de grande collectivité ainsi dépourvu de tout conflit d’intérêt. »

Anne Walryck: « l’Esprit Bordeaux »

Face à ce rappel, volontairement marqué du sceau de l’expérience, Anne Walryck mène une campagne bienheureuse,  sur le mode au plus près du plus près des citoyens. Et de nous présenter l’une de ces dernières journées type, déclinée sous l’intitulé  » 24 heures de la vie d’une femme consacrée aux femmes », elle qui fait de l’égalité « hommes-femmes » une manière de slogan. Une journée amorcée, dès 6 heures, avec une infirmière libérale accompagnée au domicile des patients, l’occasion selon elle de l’entendre tempêter contre la papasserie administrative qui empêche l’infirmière de consacrer plus de temps à ses patients; un passage aux Capucins saluer les femmes qui disposent leur étal, rencontrer la responsable d’une crèche privée qui souhaiterait la liberté des prix dans une ville attractive qui a donc des besoins nouveaux de crèches, à côté d’un dispositif où la CAF aide les parents en fonction de leur revenu. Et de poursuivre cette journée par le marché à Saint-Augustin, la Maison Rose, la résidence pour personnes âgées à Albert Barraud où elle est tombée sous le charme d’une dame de 83 ans qui lui a « prodigué des conseils », avant de s’intéresser à la cause des femmes victimes de harcèlements et de violences, de s’installer ensuite dans la peau d’un déficient aveugle, de mesurer la difficulté des associations sportives où l’individualisme des parents ne fait pas bon ménage avec la prise en charge des enfants… Bref récit d’une journée où la conseillère municipale depuis 1995, Anne Walryck, se plaît à défendre ce qu’elle appelle « l’esprit Bordeaux » et le « bien vivre ensemble », sans oublier ses recontres avec les représentants de « tous les cultes ». Comprenons que celle qui fut directrice de campagne du maire, aux municipales, cherche à capitaliser un  possible « effet Juppé », sans trop se soucier de l’étiquette LR-UDI, ce que ses concurrents ne manquent pas de souligner et ce à quoi elle répond:  » je suis une élue de terrain et le rôle d’un député, c’est certes de faire des lois mais aussi de porter un territoire ».

Pierre Hurmic: Hulot a besoin de députés écolos

Rien, dans ce dernier propos, que ne renierait Pierre Hurmic, l’homme des Verts depuis toujours qui, cela se sent, a du bonheur à conduire sa campagne, à pied et/ou à vélo, à la recherche des »Paroles de citoyens » souvent accrochées à un fil à linge improvisé, lui qui « s’est battu pour décrocher l’investiture d’EELV », hors de l’accord avec le PS qu’on aurait aimé lui imposer, de « là-haut ». « Je ne tiens pas de permanence dit-il, je vais vers les gens, plutôt qu’ils ne viennent à moi… »  Cela dit, comment vit-il le bouleversement politique du pays et ses conséquences?…: » Macron a rebattu les cartes et tant mieux mais il faut qu’il y ait à l’Assemblée une majorité parlementaire composite; il ne s’agit pas de remplacer une hégémonie ancienne par une nouvelle hégémonie et d’ajouter sur le mode gourmand de l’écologiste de toujours: « nous avons besoin d’un parlement qui représente la biodiversité des territoires » avant d’enfoncer le clou:  » Nicolas Hulot est ministre d’Etat, ne le laissons pas isolé au sein du gouvernement; il aura besoin de députés écologistes et que nous soyons capables de transformer les contraintes écologiques en opportunités économiques, notant qu’au lieu de « financer le BTP il faut être pilote en matière d’emplois vers la transition énergétique. » Quant à la fameuse moralisation de la vie politique, Pierre Hurmic n’y va pas par quatre chemins, prêt à supprimer le « Sénat qui est censé défendre les territoires et n’a rien fait pour la ruralité. » Dans un final qui lui ressemble, l’avocat qui appelle à la suppression de la Cour de justice et son coté « ancien régime », ne craint pas de s’attribuer trois qualités  » la constance de l’écolo pendant les bonnes périodes et les heures creuses (!) la détermination façon têtu comme un basque et indépendant, à traduire par: je ne suis pas le mercenaire d’un parti politique. »

Catherine Fabre « En Marche »: beaucoup de convivialité

Trois figures de la vie municipale et parmi les nouveaux venus, une nouvelle, « En Marche ». Catherine Fabre ne pensait pas du tout à ce qui lui arrive, elle qui enseigne à l’IAE et a rejoint le mouvement d’Emmanuel Macron à ses débuts pour  » y prendre ma part en tant que citoyenne. » Nous avons fait avec le mouvement beaucoup de réunions départementales thématiques, de septembre à janvier autour de Tanguy Bernard notre référent; cette culture de la participation qui se manifeste dans les comités locaux, toutes générations confondues,  je compte bien la porter là-haut assure-t-elle. Catherine Fabre l’avoue avec une dose d’humilité non feinte. « On m’a dit vas-y ; j’ai pris le temps de me renseigner, d’imaginer ce que pourrait être un mandat de député et je me suis convaincue que c’était une bonne idée; aujourd’hui je ressens autour de notre démarche une très grande convivialité… pour que ça marche nous nous sommes dits qu’il fallait que les gens prennent plaisir à la campagne nous posons notre table sur les lieux publics faisons beaucoup de réunions d’appartements, allons sur les marchés… Et la candidate de souligner, avec la parole des nouveaux convertis : l’enjeu de cette élection est très fort; il faut une vraie majorité au président pour créer une dynamique positive et de l’espoir.  » Dans une ville qui a voté Macron à 85% au second tour de la présidentielle, l’espoir lui est en effet permis même si elle est consciente de devoir surmonter le handicap d’un déficit de notoriété par raport à ses concurrents municipaux: alors pourquoi ne pas marcher sur le Pont de pierre, en direction de sa collègue de la première circonscription? C’était samedi 3 juin sous la pluie et dans la bonne humeur… A suivre.

Les candidats: Farid Azzoug (Parti ouvrier), Guy Dupont (Lutte ouvrière), Michèle Delaunay (PS), Christophe Bugeau (DLF), Jean-Pierre Etchoimborde (Union Populaire républicaine) Hélène Touy (Parti animaliste), Pierre Hurmic (EELV), Julie Rechagneux (FN), Alexis Azoulai (Nouvelle Donne), Catherine Fabre (LR En Marche), Daniel Menuet (Solidarité et Progrès), Aude Darchy (France insoumise), Laurence Couteille, Anne Walryck (LR-UDI), Stéphane Boudy ( Divers Gauche), Guillaume Boraud (Force républicaine), Servane Crussière ( PCF), Alexandre Mahfoudhi ( Zadiste)

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