L’eau des aqueducs romains refait surface à Limoges


La Ville de Limoges a dévoilé, le 16 juin, son plan eau durable parmi lequel figure un projet inédit : remettre en service les aqueducs. Les Romains qui les avaient construits avaient déjà compris l’importance de gérer la ressource en eau.

arrosage espaces vertsVille de Limoges

La Ville de Limoges pourrait récupérer l'eau qui circule dans les anciens aqueducs souterrains pour l'arrosage des espaces verts.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/06/2023 PAR Corinne Merigaud

Près de 2 000 ans après leur construction, les trois aqueducs romains qui traversent le sous-sol de la ville intéressent à nouveau la municipalité. En l’an 30, c’est un certain Postumus, qui occupait une fonction similaire au maire, qui commanda la construction de ces ouvrages d’art souterrains. La ville d’Augustoritum comptait alors 15 000 habitants. Bien que ces installations aient été endommagées au fil des siècles, l’idée de les utiliser à nouveau refait surface. Abandonnés depuis 1876 au profit d’un nouveau réseau et de nouvelles sources, ils subsistent partiellement malgré des effondrements, interruptions et dérivations.

En réalité, c’est un ingénieux réseau souterrain qui serpente sous la ville et qui comprend 10 km de drains et galeries. La conduite-mère, l’aqueduc d’Aigoulène, s’étend sur plus de 1,6 km avec un tracé rectiligne. Il capte des sources de la vallée de l’Aurence. Cette artère principale reçoit, au Sud, l’embranchement du Puy-las-Rodas long de 1,5 km. Au Nord, un second embranchement l’alimente avec les eaux de Beaubreuil et de La Brégère qui proviennent du versant de la Vienne, rallongeant le réseau de près de 5 km.

piscineVille de Limoges

La Ville récupère déjà l’eau des piscines pour arroser les espaces verts et les stades. Bientôt ce sera au tour de l’eau de vidange de l’Aquarium du Limousin.


Taillé dans le tuf, l’aqueduc d’Aigoulène est partiellement maçonné sur 1,2 m de hauteur et 60 cm de largeur. Il aboutissait à un réservoir situé place d’Aine, à partir duquel on distribuait l’eau sous pression dans des tuyaux en plomb. Cette eau alimentait les thermes, les fontaines et même l’ancien hôpital qui en manqua au XVIII ème siècle. (*)

« Jusqu’à 2 500 m³ d’eau par jour »

 L’idée de remettre ce réseau en service a été soufflée au maire de Limoges par l’archéologue Jean-Pierre Loustaud. « On pourrait les nettoyer et utiliser cette eau qui va dans les égouts pour arroser, diminuer la température en ville suggère Emile Roger Lombertie, cela éviterait que la terre ne se rétracte et aux maisons de se fissurer, c’est aussi garder la ville vivante. » Il va commander au bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) une étude de réhabilitation de ces aqueducs « qui drainent toujours jusqu’à 2 500 m³ d’eau par jour » révèle-t-il. Cela permettra d’avoir un état des lieux et de chiffrer les éventuels travaux à réaliser.

Un plan pour réduire de 10 % la consommation en eau de la Ville d’ici à 2030 voire l’atteindre avant

Cette piste autant spectaculaire qu’inattendue n’a été mentionnée qu’en dernier par le premier magistrat. D’autres actions vont être déclinées au travers d’un plan sur 5 ans avec, pour objectif, de « réduire de 10 % la consommation en eau de la Ville d’ici à 2030 voire l’atteindre avant » annonce Marie-Anne Robert Kerbrat, en charge du développement durable. En 2022, la Ville a payé une facture de 693 000 € pour 255 600 m³ consommés. La sobriété sera donc le mot d’ordre pour la collectivité avec des sous compteurs posés dans les bâtiments pour mesurer les prélèvements.

Récupérer l’eau des piscines et de l’aquarium

Pour les habitants, une enveloppe de 50 000 € pour l’achat de récupérateurs d’eau, avec une aide jusqu’à 100 € par foyer, plafonnée à 50 % du prix d’achat du matériel. Un système de supervision et de pilotage à distance en temps réel de l’alimentation en eau va être installé sur six sites pilotes (écoles, complexes sportifs, centre technique), un investissement de 40 000 € pour limiter les pertes d’eau. Des fontaines sèches seront également installées dans les quartiers et en ville très prisées en période de canicule pour se rafraîchir.

Après avoir récupéré l’eau de ses piscines pour arroser les espaces verts et les stades, celle de l’aquarium sera prochainement récupérée deux fois par semaine soit 3m³ de plus pour cet usage. Une eau riche en minéraux et bénéfique aux plantes. Un vaste plan de désimperméabilisation des cours d’école est également lancé pour créer des îlots de fraîcheur et de biodiversité avec, en prime, l’installation de récupérateurs d’eaux pluviales. Plusieurs ont déjà été installés sur certains sites comme aux serres municipales (1210 m³ de capacité) dans le cadre du programme de maraîchage « Limoges ville nourricière » et d’autres sites vont être équipés notamment au Palais des sports de Beaublanc (200 m³) et au centre de loisirs d’Uzurat (30m3).


(*) Sources : « Histoires d’aqueducs : de Limoges à Chassenon, en passant par Rochechouart » par Les Amis de Chassenon

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