Le vignoble bordelais, le bel endormi de l’oenotourisme?


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Le vignoble bordelais, le bel endormi de l'oenotourisme?

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/06/2015 PAR Solène MÉRIC

Si ailleurs dans le monde les acteurs considèrent que les activités oenotouristiques vont amener plus de revenus à l’ensemble de leur région viticole et à eux-mêmes à travers leurs propres activités dans les 5 prochaines années, « les bordelais, semblent optimistes sur les apports du développement de l’oenotourisme au niveau régional, mais pas forcément sur leurs propres exploitations », constate perplexe, Chris Faugère.
Mais au delà de cette différence de point de vue, et sans doute de confiance, la manière d’envisager l’activité oenotouristique en elle-même varie selon que l’on soit acteur du vignoble bordelais ou d’un autre grand vignoble. La stratégie bordelaise sur les 3 dernières années a privilégié les investissements sur les infrastructures du vignoble. Dans les autres capitales vinicoles étudiées les investissements se sont faits au profit du développement de services, d’activités évènementielles, ou encore de la formation des personnels autour de l’activité oenotouristique, choix manifestement, et étonnement boudé dans les stratégies bordelaises. Le constat de Chris Faugère est alors assez logique : en Bordelais les principales sources de rentabilité sont la vente de vin « peu cher » sur place, les dégustations ou encore la visite des chais, là où dans les autres capitales les sources de rentabilités sont plus diversifiées : services hôteliers, restauration, événement,… « Un contraste intéressant », note le chercheur.

« Une position d’attentisme »Autre différence notable, l’appropriation des outils numériques. Si les acteurs de Bordeaux, à l’image des autres capitales viticoles utilisent largement Facebook comme moyen de communication, contrairement à leurs homologues internationaux, ils sont beaucoup moins présents sur les autres réseaux sociaux comme Twitter, Pinterest, etc… Autre constat « étonnant » pour le chercheur : « le nombre de sites internet propre à chaque structure est très bas en Bordelais », là où les acteurs des autres capitales du réseau étudiées s’en sont bien davantage dotés.
Enfin, l’étude prend également en compte le regard des propriétaires viticoles sur leur vision des facteurs les plus impactants sur leur propre activité oenotouristique. Ici l’unanimité règne pour tous les acteurs des capitales sur l’impact fort de la réputation de la région viticole, de sa beauté naturelle ou encore de ses atouts historiques, bref du capital social de la Région. Autant dire, synthétise Fred Faugère, que « c’est un peu une position d’attentisme ». Une positionnement qui se base donc sur la concurrence entre les atoûts régions, mais qui ne peut pas suffire pour développer à long terme son visitorat. Pour « sortir du lot » il, faut parvenir à concurrencer sur d’autres terrains. Un enjeu concurrentiel que les capitales viticoles, sauf Bordeaux, semblent avoir pris conscience. « Dans les autres capitales viti-vinicoles, les acteurs ont développé une approche coopérative forte avec d’autres entreprises sur leur territoire. Des coordinations se font avec des agences de voyage ou d’autres acteurs privés ou non. L’idée est de proposer une expérience globale au touriste qui ne reste pas autocentrée sur le vin, mais qui lui permet de bouger, de découvrir d’autres choses».

« Le vin comme oeuvre d’art »De bonnes pistes selon le chercheur pour envisager le futur, d’autant qu’il constate que les acteurs étrangers restent aussi beaucoup plus en contact avec leur client via notamment les outils numériques que les acteurs Bordelais, même si ces derniers ont conscience de l’impact du numérique est des réseaux sociaux sur leur visitorat. La dimension coopérative et l’ « économie du relationnel », voit déjà quelques résultats différenciant. En effet, la nouvelle génération d’amateurs de vin (les moins de 35 ans) sont sensibles à ce genre de propositionS et sont plus présents chez les acteurs oenotouristiques des capitales étrangères que dans les Châteaux de Bordeaux, qui jouent la carte de la sacralisation du vin. La proposition oenotouristique bordelaise qui met globalement le vin au rang d’oeuvre d’art, et  propose une sophistication du Bordeaux, semble certes plaire aux étrangers (ils sont un peu plus nombreux à Bordeaux qu’ailleurs), mais attire moins les jeunes au profit d’une population touristique plus âgée. Autant dire un pari sur l’avenir, pour le moins maladroit…
Au total, selon le professeur Chris Faugère, envisager l’oenotourisme comme « une expérience de vie authentique et plus globale », peut être en bordelais une piste à privilégier qui collerait d’avantage aux attentes des (nouveaux ) touristes, sans oublier de les fidéliser davantage via les écrans numériques. Une vision des choses qui est au final celle portée par la future Cité des Civilisations du vin, qui donnera sans doute de nouvelles perspectives et une nouvel élan de l’oenotourisme en bordelais.

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