Le Projet Stratégique Agricole Aquitain : « un exercice salutaire » pour le Draaf Aquitaine


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Le Projet Stratégique Agricole Aquitain : "un exercice salutaire" pour le Draaf Aquitaine

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 13/04/2011 PAR Solène MÉRIC

Enthousiaste. Tel est l’état d’esprit d’Hervé Durand à propos du PSAA, tant sur le fond que sur la forme d’ailleurs. « A titre personnel, je trouve que l’exercice est salutaire. Il répond à un réel besoin de jeter les bases d’une vraie politique agricole et agroalimentaire. On ne le perçoit pas toujours, mais l’Aquitaine est une des premières régions agricoles. Pourtant, assure-t-il, on peut aller plus loin. La marge de manœuvre est importante ». Mais pas à n’importe quel prix prévient-il : « cette marche en avant doit se faire sans altérer nos ressources ». Il insiste notamment sur l’irrigation rappelant qu’ « il ne faut pas pousser plus avant le potentiel des terres irriguées. Les pistes d’évolution doivent d’abord et avant tout être cherchées sur les contraintes environnementales. »
Quant à la mise en œuvre partagée du projet, là encore le Directeur régional n’est que louanges : « ce projet est celui de la Chambre régionale d’agriculture mais ne peut pas être que celui de la Chambre régionale. C’est en effet, à l’ensemble de l’agriculture et de l’agroalimentaire de s’en emparer. Ce projet doit permettre de dépasser les approches partisanes et les visions trop réductrices de l’agriculture. C’est par l’échange et le débat, que l’on parviendra à dessiner des esquisses de compromis ». D’autant qu’en Aquitaine, « il y a une grande variété des agricultures. On peut par exemple souligner le dynamisme des installations dans les Pyrénées-Atlantiques, le poids viticole de la Gironde, le tourisme d’accueil à la ferme en Dordogne ou encore le modèle d’une agriculture très compétitive dans les Landes et dans le Sud Gironde. Il n’y a pas un seul et unique modèle d’agriculture mais au contraire beaucoup.» 

Vers un « modèle gagnant » pour les exploitations d’Aquitaine ?
Dans toutes ces diversités des points de convergences apparaissent pourtant : un mouvement de concentration, des exploitations qui vont de plus en plus vers un modèle d’entreprise, un poids des CUMA très important, de même que le poids des formes de travail en commun ou encore celui des entreprises de travaux agricoles… Alors, sur de telles observations peut-on y voir les attributs d’un « modèle gagnant » pour les exploitations agricoles aquitaines de demain ? Pour le Directeur régional et son adjoint, les choses sont claires : malgré ces convergences, « il n’y a pas de modèle dominant : dans chaque filière, il y a des pistes différentes à explorer. » Dans le secteur du lait par exemple, « on favorise des formes de travail différentes : les CUMA, le regroupement d’ateliers en commun, ce sont des solutions qui permettent de compenser le poids des investissements, la dureté du métier et les problèmes de main d’œuvre. Dans la viticulture où les choses restent difficiles en raison notamment de coûts de productions très élevés pour le Bordeaux vrac, les options sont aussi multiples. Quelques-uns choisissent la coopération, d’autres inventent de nouveaux services, tentent de réduire les coûts ou d’augmenter les prix… S’il y avait un modèle gagnant, ce serait trop simple. En vérité, tous les modèles peuvent être gagnants : tout dépend de la stratégie qu’on met en place derrière. Chercher à réduire le poids des investissements, à mutualiser les investissements, à réduire les coûts… plus qu’un modèle, c’est ça la dynamique gagnante ! » Hervé Servat de compléter : « Le « modèle gagnant », ça ne veut pas dire grand-chose : ça peut tout autant être des modèles qui vont vers la spécialisation (ex : le lait), que vers la diversification des activités… mais de toute façon, ce sont des choix qui s’avèreront « gagnants » que s’ils sont réfléchis et adaptés à la situation. Les circuits courts et la transformation peuvent augmenter la valeur ajoutée mais ce n’est pas vrai partout. » Pour Hervé Durand, c’est bien un véritable diagnostic de l’exploitation qu’il faut mener : connaître ses atouts, ses contraintes mais au-delà de ça, « il faut surtout voir comment on l’accompagne au quotidien, ce qui signifie « muscler » les politiques d’accompagnement. »

Des unités de transformation ancrées dans le territoire
Coté filière par contre, il n’y a pas de secret : pour garder une production en bonne santé, « il faut qu’elle soit structurée autour d’une unité de transformation, elle-même bien ancrée dans la région, et le PSAA l’a bien compris, puisqu’il tend à ancrer plus encore la transformation sur le territoire. Nous avons quelques beaux exemples en Aquitaines : le foie gras, le jambon de Bayonne ou encore  l’Osso Iraty qui crée une filière emblématique pour le lait de brebis grâce aux signes officiels de qualité ». Plus inattendue, le Draaf cite également l’aquaculture « une filière dans laquelle nous avons de belles entreprises et notamment deux qui sont leaders l’une nationale, l’autre européenne sur leur production, notamment en production de sushis ! ».
Enfin concernant la forêt, sa prise en compte par le PSAA, est également saluée par les deux hommes qui considérent que « là encore c’est un beau projet ! Les deux tempêtes ont été un véritable séisme pour les professionnels. Il faut désormais que les gens se parlent, et qu’on donne à l’interprofession les moyens d’agir. Maintenant le plan scolyte est finalisé, l’exploitation des chablis en cours et la reconstitution du massif débute. Désormais il faut une stratégie de sortie des bois des aires de stockages. Il faut des perspectives pour le massif aquitain. La forêt une ressource stratégique d’avenir, notamment sur le prix de l’énergie ; le bois connaît une attractivité qui ne va pas se démentir. » En clair, le Directeur régional et son adjoint en sont convaincus, « l’agriculture Aquitaine a de belles cartes à jouer » et, à les entendre, le Projet Stratégique Agricole Aquitain en est vraisemblablement une.

Solène Méric

Photo: Aqui.fr

Sur l’état des lieux des modèles d’exploitation existants, Hervé Durand précise que  » les premiers résultats du recensement agricole tomberont fin juin début juillet ». Organisée tous les dix ans cette étude donne une vision très précise des choses, notamment sur certaines filières habituellement difficiles à suivre telles que l’agriculture péri-urbaine ou encore les fruits et légumes. Cette année, 200 enquêteurs ont été mobilisés sur 55000 points d’entrée (c‘est-à-dire un lieu d’activité agricole, qui n’a pas forcément la forme juridique d’une exploitation mais qui produit ) dont 43000 exploitations. « Grâce à cette étude nous pourront connaître la réalité de toute la diversité des systèmes d’exploitation », assure Hervé Servat.

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