Le Node veut promouvoir l’art numérique


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Le Node veut promouvoir l'art numérique

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 12/03/2015 PAR Romain Béteille

Gaël Jaton est responsable, depuis 9 ans, de l’espace 29 à Bordeaux, et un artiste du numérique qui expose pour la deuxième fois depuis le 22 janvier dernier avec l’expo « Hardware ». Sa spécialité ? Le « glitch art » (esthétisation d’erreurs analogiques ou numériques par manipulation d’appareils électroniques). Un art aussi visuel que musical, qui donne des choses étonnantes en court-circuitant de vieilles machines. À l’occasion du dévernissage de son exposition, il était l’un des invités de l’espace de coworking Node, à Bordeaux, mercredi 11 mars dernier, pour une première table ronde autour de l’art numérique. Accompagnés de David Bagel, ancien « DJ Stamba » qui a pu jouer dans le monde entier, et d’André Lombardo, programmateur spécialisé depuis les années 70 dans la musique expérimentale et les créations sortant des circuits habituels, ils ont disserté sur cet art un peu « underground », véritable contre-culture d’une communauté de passionnés. 

Le numérique, un vieil art récent« C’est un art qui se consomme facilement, via une nouvelle génération d’artistes qui n’hésitent pas à être aussi techniciens. Les arts numériques nous apprennent que l’on peut avoir tous les talents pratiques », confie notamment Gaël Jaton. « Les arts numériques ont une histoire récente. D’abord développés dans la recherche médicale, ils ont intégré l’art dans les années 80 via des petites machines qui ont fait que tout le monde a pu se saisir de ces nouvelles capacités de création ». David Bagel porte toujours son intérêt sur ces vieilles machines : c’est l’art du « rétro-computing ». « On explore la manière dont on faisait de la musique électronique à l’époque, et on cherche comment la reproduire avec des programmes plus modernes appliqués à ces ordinateurs-là ». Grâce à sa musique expérimentale, le musicien de stage professionnel a ainsi pu jouer partout : États-Unis, Canada, Colombie, Bulgarie… 

Pour André Lombardo, en revanche, les arts numériques sont déjà « une vieille histoire. Dès 1987, j’avais déposé un projet pour ouvrir un lieu de recherche en matière de musique expérimentale et de nouvelles technologies. La mairie de Bordeaux, le Conseil régional, tous avaient répondu favorablement. Les travaux ont commencé sur le cours de l’Intendance, il y a même une première manifestation d’artistes avant qu’ils ne débutent. Mais quelques mois plus tard, le projet a stagné. On nous disait qu’on ne voulait pas de concurrence au CAPC, qui en 2015 reste d’ailleurs toujours figé dans l’art conceptuel ». Victime de pressions, le projet est abandonné pour des raisons politiques. Le chercheur de talents prend ses distances. En 99, il revient aux commandes de l’association Présence Capitale. Travail avec l’université d’Hourtin, 1er symposium au CAPC… De 99 à 2008, confie-t-il, « on a fait venir tout ce qui pouvait exister en matière de musique expérimentale. Mais tout cela n’a servi à rien. On recevait de minables subventions d’à peine 1500 euros, on nous renvoyait à nous même ». 

Une contre-culture devenue populaireLassé de ces échecs à répétition, André Lombardo continue quand même de travailler de son côté. En 2014, il a tenu un colloque sur David Lynch (cinéaste et artiste). Frédéric Autechaud, hôte de la table ronde et spécialisé dans la communication numérique, a souligné l’enjeu de développer cet art à Bordeaux : « Bordeaux est capable d’exposer ces artistes, de générer et d’entretenir l’enthousiasme atour d’eux pour toucher un public plus large. Aujourd’hui, l’art numérique est pourtant très peu représenté : le CAPC est très élitiste, Cap Sciences fait de la pédagogie, tout est un peu disjoint, en train de se mettre en réseau. Confronter les gens à la création numérique, c’est fait pour ventiler les cervelles ». Pourtant, « quasiment tout le monde est soumis à cette culture » comme le souligne Gaël Jaton. « La semaine digitale ne sert strictement à rien », dénonce pour sa part André Lombardo. « Aujourd’hui, j’ai peut-être 100 artistes à proposer qui ne demanderaient qu’à venir. C’est donc une volonté et un choix politique de présenter des vitrines technologiques plutôt que de la véritable création. Cette ville considère que ces choses-là sont un peu éphémères ». 

Éphémères ? Peut-être pas, puisque c’est son travail numérique sur le son qui a permis au dj de faire le tour du monde. Et quand on voit une démonstration en direct de ce travail sonore et visuel de Gaël Jaton, on se dit que ce serait dommage que ce ne soit qu’éphémère : à partir d’un simple jeu rétro, d’une curieuse antenne et de bidouillages dans les branchements, on arrive à un travail sonore et visuel assez hypnotique : les sons tapent, les couleurs dansent et se mélangent pour un résultat que même les novices pourraient trouver digne d’intérêt. En tout cas, comme le confirme Frédéric Autechaud, « ce type de table ronde, qui avait déjà été testé chez Mollat sans rencontrer de grand succès, peut-être en raison du public visé, est destiné à se reproduire ». Et qui sait, peut-être à devenir un nouveau rendez-vous des amateurs d’art et de culture numérique ?  

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