« Le Centre de la Mémoire d’Oradour va fermer pour travaux »


Inauguré en 1999 par Jacques Chirac, le Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane fermera ses portes fin 2024 pour entamer sa transformation. L’exposition permanente sera reconfigurée et les espaces refaits comme l’explique sa directrice Babeth Robert

babeth Robert directrice centre mémoire OradourCorinne Merigaud | Aqui

Babeth Robert, directrice du Centre de la Mémoire d'Oradour, dévoile les projets à venir.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 09/01/2023 PAR Corinne Merigaud

aqui ! : Quelle est la nature des travaux envisagés au Centre de la Mémoire ?
Babeth Robert : Le Centre de la Mémoire va fermer durant dix-huit mois car des travaux vont débuter fin 2024 en vue d’une reconfiguration complète de tous les espaces d’accueil du public. On espère une réouverture le 10 juin 2026. L’exposition permanente, qui n’a jamais été retouchée depuis 1999 sera entièrement refaite, ainsi que les espaces intérieurs, tout sera donc cassé. Les attentes du public d’alors, ne sont plus les mêmes que celles du public d’aujourd’hui. L’exposition contient beaucoup de textes et beaucoup d’informations, les visiteurs sont réticents à lire. Nous devons leur apporter les informations d’une autre façon, par des outils numériques. A l’ouverture, le parti-pris était de contextualiser le massacre dans l’Europe sous la domination nazie et la France de Vichy. Les visiteurs attendaient longtemps avant d’arriver à Oradour. Le parti-pris sera probablement différent. Avec la médiation d’outils numériques, nous leur apporterons des informations sans les imposer.

De plus, nous recevons beaucoup de groupes dont 50.000 scolaires par an. Le bâtiment n’a pas été pensé pour cela, il n’y a pas de salle pour les accueillir et les allées sont étroites.

« Le site accueille 250 000 visiteurs par an, dont 25% d’étrangers »

@! : Qui est en charge de cette reconfiguration ?
B. R. : Le travail est mené par un comité scientifique dirigé par l’historien Henry Rousso. A ses côtés, des historiens de renom et chercheurs spécialistes du nazisme ou d’Oradour comme Stéphane Michonneau, professeur d’histoire à l’Université de Lille et coordonnateur du programme « Ruines » de l’Agence nationale de la recherche, mais aussi Sarah Farmer, professeure américaine qui a travaillé sur Oradour dans les années 90. L’architecte scénographe parisien « Terreneuve » a été choisi. Le personnel du CMO est associé, beaucoup sont là depuis le début. Ils ont une expérience du site, de l’exposition et du public. C’est important qu’il y ait cet échange. Rien n’est encore arrêté, nous sommes en phase d’avant projet.

@! : A combien est estimé le coût des travaux ?
B. R. : Le maître d’oeuvre, à savoir le Conseil départemental, financera les travaux, un budget de 10,3 millions d’euros avec des demandes de subventions. Durant les travaux, le village restera accessible gratuitement. Nous réfléchissons à une proposition alternative à proximité du Centre pour l’accueil du public avec une exposition différente, des services comme la librairie et des activités pour les scolaires. Nous voulons vraiment maintenir une capacité d’accueil et d’information du public sur place.

L’exposition permanente, visible depuis 1999, sera totalement reconfigurée.


@! : D’où viennent les visiteurs du Centre de la Mémoire?
B. R. : Le site accueille 250 000 visiteurs par an, la fréquentation a été très bonne en novembre grâce à la météo mais le retour du public est progressif depuis la crise sanitaire. La proportion d’étrangers est de 25 % en moyenne par an, plus l’été avec en tête des Néerlandais, Belges, Britanniques et un peu plus d’Espagnols depuis l’identification d’une 643ème victime espagnole. Les visiteurs viennent de toute la France, Nouvelle-Aquitaine en tête.

Quant aux établissements scolaires, depuis un an ils peuvent utiliser le « Pass Culture » établissements. Face à la hausse du carburant et de l’explosion du prix des transporteurs, le Conseil départemental rembourse les factures de transport des collèges de la Haute-Vienne qui visitent le Centre.

La commémoration des 80 ans du massacre

@! : Dans l’attente de sa fermeture pour travaux, quels sont les temps forts à venir pour le Centre de la Mémoire ?

B.R. : Nous avons de grands projets pour la commémoration des 80 ans qui débutera avec l’exposition temporaire, inaugurée début avril. Elle sera consacrée aux objets d’Oradour retrouvés dans le village après le 10 juin. Les visiteurs pourront aussi découvrir des objets appartenant à des habitants des hameaux. Ils sont témoins du massacre, vecteurs de transmission mémorielle et dégagent une force incroyable. Cette exposition, qui se poursuivra jusqu’à la fermeture, est montée en partenariat avec des chercheurs de « Ruines » et l’Association nationale des familles de martyrs d’Oradour qui, pour l’occasion, va prêter des objets. Des familles vont aussi en donner au CMO pour qu’ils soient conservés correctement.

Un projet éducatif sera aussi mené sur deux ans avec des élèves de CM1-CM2 d’Oradour qui créeront deux albums, en collaboration avec le Centre, un auteur, une illustratrice et un photographe. Le premier, prévu cette année, parlera de la vie du village avant 1944. Le second, attendu en 2024, évoquera la vie après le 10 juin. L’important pour eux est de savoir que ce village était vivant avec des fêtes, une équipe de foot, des gens qui dansaient… Un autre projet est en construction avec des collégiens et un auteur jeunesse avec un travail sur les enfants.

Enfin, dans le cadre d’un appel à projet européen pour les 15-25 ans, nous espérons organiser une session internationale du Parlement européen des jeunes. Nous aurons la réponse en juin.

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