« Le bonheur est dans le chai », Guilain Latournerie


Guilain Latournerie, viticulteur en appellation Graves, développe également l'accueil du public sur sa propriété.

Guilain Latournerie, viticulteur en appellation Graves, développe également l'accueil du public sur sa propriété.Emmanuelle Diaz

Guilain Latournerie, viticulteur en appellation Graves, développe également l'accueil du public sur sa propriété.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 18/05/2022 PAR Emmanuelle Diaz

Originaire du Sud Gironde, Guilain Latournerie, est, il y a quelques années, revenu sur les terres de son enfance et a, dans la foulée, racheté le château Caillivet à Mazèzes. Ingénieur agronome de formation, il propose des « vins de garde » mais envisage aussi d’autres cuvées plus confidentielles. L’élevage et l’oenotourisme font également partie des projets de ce jeune viticulteur qui a choisi, d’entrée de jeu, de passer au bio.

Niché entre la forteresse de Roquetaillade et la vallée de la Garonne, la château Caillivet, sis à Mazères, dans le sud Gironde, bénéficie d’une vue imprenable sur la campagne girondine. Propriété depuis août 2020 de Guilain Latournerie, cette Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) produit des vins de Graves rouges (Merlot et Cabernet Sauvignon) et blancs (Sauvignon blanc et Sémillon) sous l’œil averti de ce jeune viticulteur de 31 ans.

Un rêve de gosse, pour cet ingénieur agronome de formation, ancien régisseur du Château Agassac dans le Médoc, formé dans quelques uns des grands châteaux du bordelais, et qui a complété son savoir en travaillant dans des vignobles du nouveau monde, notamment en Australie, au Chili ou en Californie. L’occasion pour le viticulteur en devenir, de non seulement découvrir de nouvelles techniques de vinification, mais aussi de se former à une autre approche du métier, celle de l’accueil du public dans les propriétés, un concept « bien plus développé dans ces pays ». Un parcours professionnel qui lui ouvre des horizons nouveaux et lui « permet d’avoir une panoplie plus large que celle qu’il aurait eue en restant à Bordeaux »

Les vignes

Le passage au bio : une évidence

Riche de cet enseignement, ce natif de Bazas qui désirait revenir sur ses terres natales et racheter Caillivet qu’il connaissait depuis son enfance, a fini par réaliser son rêve. Aidé par la Chambre d’Agriculture de la Gironde et le Crédit Agricole, il s’y installe il y a 18 mois, encouragé en cela par sa famille, dont certains cousins, eux-mêmes viticulteurs dans le bordelais.

Alors en perte de vitesse et commercialement déficitaire, l’exploitation connaît, depuis, un regain d’activité, et ce, malgré des débuts difficiles, dont le gel de 2021 qui a brûlé un tiers de sa récolte. Mais qu’importe. Loin de se décourager, il persévère et poursuit sur sa lancée, allant même jusqu’à décider de passer au bio dès son installation. Un choix risqué mais qu’il assume et revendique pour de solides raisons : « Nous pratiquons l’éco-pâturage. Un troupeau de brebis des Pyrénées (des tarasconnaises) vient brouter sur le domaine durant les mois d’hiver, puis repartent dans les estives en été ; ce qui leur permet de fertiliser les vignes tout en de profitant du grand air toute l’année sans avoir à rester cloisonnées en bergerie. Nous reproduisons ce qui se faisait autrefois. Par ailleurs, nous avons aussi des ruches dont nous vendons le miel, de même que la viande des agneaux durant la période de Pâques. Des pratiques incompatibles avec l’usage de pesticides », précise le jeune entrepreneur, ouvertement réfractaire au « tout viticulture ».

Un domaine riche de potentiel

Fort d’une superficie de 37 hectares, dont 10 hectares de vigne, d’un lac et d’une « magnifique et sauvage » forêt, véritable éco-système qui protège le raisin, le domaine accueille également le public pour « en faire profiter un maximum de gens ». A cette fin, une salle de réception et un gîte de caractère sont désormais loués pour des séminaires professionnels, des mariages, ou à des citadins et des touristes désireux de découvrir les beautés du Sud Gironde. L’occasion, aussi, pour Guilain Latournerie, d’organiser des visites, des dégustations et de faire connaître ses produits ainsi que sa façon de travailler, pour se constituer une clientèle. Sur les 40 000 bouteilles en moyenne, produites chaque année sur la propriété, « 60% sont vendus à des professionnels, cavistes ou restaurateurs et 40% à des particuliers », précise le vigneron qui privilégie la vente directe et le contact avec les clients auxquels il souhaite transmettre son approche du métier.

Les tonneaux

Un château et des projets

Devenu viticulteur « par passion », Guilain Latournerie vendange « 50% machine, 50% main » et vinifie lui-même. Fabricant un vin de garde, produit classique dans le bordelais, il envisage aussi, suivant en cela les nouvelles attentes de la clientèle, de proposer des « vins plus fruités et légers pour lesquels il n’est pas nécessaire d’attendre pour les consommer ». Des vins en foudre tels que le pigeage (technique de vinification bourguignonne) et qui permet d’obtenir des profils différents, ou élevés en amphore (méthode qui micro-oxygéne le vin sans y apporter de caractère boisé ou structurant) devraient donc bientôt enrichir sa gamme.

Parallèlement, des vaches bazadaises, race endémique du Sud Gironde, devraient prochainement faire leur apparition sur la propriété. Un projet qui lui teint à cœur car « elles font partie du patrimoine local » et cela « s’inscrit vraiment dans la logique territoriale » qu’il souhaite mettre en valeur. Ce qui lui permettrait de valoriser ses 17 hectares de pâture.

Autre projet et non des moindres : l’oenotourisme. « On a créé une offre qui n’existait pas vraiment dans les domaines environnants et on est en train de développer une synergie avec d’autres acteurs du Sud Gironde, (monuments historiques, hébergeurs ou activités de plein air) pour faire venir des gens de Bordeaux afin qu’on valorise l’ensemble de notre territoire d’un point de vue patrimonial », précise-t-il. Des visites orientées sur la biodiversité, des dégustations à thème permettant de remonter le temps sur plusieurs millésimes ou géo-sensorielles remettant en mémoire les différents terroirs présents sur Caillivet pour sensibiliser et éduquer le consommateur sont également au programme. « Via toutes ces offres, on espère faire venir le plus de monde possible pour partager ce lieu et être reconnu pour cela », conclut le jeune propriétaire qui souhaite avant tout, faire partager à tous son amour de la vigne.


L’info en plus :
Aqui publie une série de portraits de jeunes installés en agriculture en amont de la Journée Installation Transmission, le 24 mai à 14h Hall 4 du Parc des Expositions de Bordeaux dans le cadre du Salon de l’agriculture Nouvelle-Aquitaine.



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