L’arrachage de 10 % du vignoble de Bordeaux enfin financé


Au salon de l’agriculture, le ministre Marc Fesneau a enfin chiffré les aides de l’Etat sur lesquelles les viticulteurs de Gironde pourront compter pour l’arrachage et la distillation, et mettre le vignoble de Bordeaux en adéquation avec le marché.

Solène MÉRIC | Aqui

Marc Fesneau, ministre de l'agriculture et Alain Rousset, président de Nouvelle-Aquitaine, ensemble sur le salon de l'agriculture, mercredi 1er mars.

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 01/03/2023 PAR Solène Meric et Cyrille Pitois

Le ministre de l’agriculture Marc Fesneau était sur le stand de la Nouvelle-Aquitaine ce mercredi midi au salon international de l’agriculture à Paris. En quelques mots, il a indiqué comment l’Etat va accompagner la viticulture en crise, des mesures attendues depuis plusieurs mois par les viticulteurs. « Nous avions besoin de travailler en coopération avec la profession qui a su identifier les problèmes. Il nous fallait le temps de discuter en filière, » indique le ministre avant de sortir le carnet de chèques : « Pour les mesures de distillation déjà annoncées, l’Etat va financer deux fois 80 millions d’euros, avec l’objectif d’atteindre 200 millions à terme. Pour l’arrachage des vignes en Gironde, qui ne doit pas être compris comme un élément de recul mais plutôt comme une façon de préparer la reconquête du marché, ce sont 30 millions d’euros pouvant aller jusqu’à 40 millions sur deux ans pour les mesures immédiates, en essayant de cibler les aspects sanitaires. Nous laisserons à la Région le sujet de la diversification des terres. »

Près de 60 millions d’euros financés: deux tiers par l’Etat, un tiers par la profession

De son côté la profession mobilise aussi des fonds aux côtés des aides de l’Etat. Si le gouvernement finance l’enveloppe aux deux tiers, le Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) s’engage à hauteur d’un tiers. Soit une enveloppe globale entre 55 et 60 millions d’euros.

Pour Bernard Farges, vice-président du CIVB « C’est la bonne solution. Ce n’est pas l’arrachage qui va sauver la viticulture bordelaise. Ce sont plusieurs éléments qui permettront aux entreprises de mieux se porter. Mais l’arrachage est un sujet important sur lequel nous travaillons depuis 2019 sans outil. Depuis l’automne, le ministère a bien voulu travailler sur des outils. Lorsque les vignes seront arrachées, l’outil de diversification accompagné par la région permettra de lancer éventuellement de nouvelles cultures ou de reboiser des parcelles abandonnées avec un autre dispositif. » Au total ce sont 12 000 hectares qui pourraient changer de vocation soit environ 10% de la superficie totale du vignoble de Bordeaux.

Noisetiers, oliviers, petits fruits, bovins…

Alain Rousset, le président de la région, détaille de son côté la contribution du conseil régional pour accélérer la transition écologique et énergétique avec des projets adaptés au changement climatique, hydro-économes et économes en intrants : noisetiers, oliviers, petits fruits, élevages bovins… « La région mobilisera au moins 10 millions d’euros au cours des trois prochaines années pour accompagner au moins 300 viticulteurs dans leurs projets avec une aide moyenne de 25 à 35 000 euros par exploitation, » s’engage le président de région. L’Union européenne contribuera dans un second temps à massifier le dispositif. Une autre contribution pourrait encore venir du conseil départemental de la Gironde.

Un retournement dans le parcours économique de la filière, vécu comme une étape décisive pour les professionnels, même si le le président du CIVB, Allan Sichel ne veut pas séparer ce virage du projet Vitirev qui accompagne la sortie progressive des pesticides et surtout l’invention de la viticulture de demain : « C’est vrai qu’aujourd’hui Bordeaux est en grave difficulté de commercialisation à cause d’une baisse de la consommation en France notamment des vins rouges et une très forte rétractation du marché chinois. Pour autant la reconquête est en vue sur les marchés exports. L’accompagnement de la filière est aujourd’hui nécessaire pour réduire la production et se mettre en adéquation avec les possibilités de commercialisation. »

1320 domaines de Bordeaux se sont déclarés en difficulté, en janvier 2023, répondant à un recensement volontaire de la Chambre d’agriculture et de la préfecture de Gironde.


Ça vous intéresse ?
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! AGRICULTURE > Nos derniers articles