« La Ferme Fourcade », la ferme biologique de Jean-Denis Dubois, à Bruges, sort du lot


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« La Ferme Fourcade », la ferme biologique de Jean-Denis Dubois, à Bruges, sort du lot

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 04/08/2015 PAR Nicolas Leboeuf

Loin des usines, près de la ville « Un mal pour un bien », une expression qui prend tout son sens au regard des curieux débuts professionnels de Jean-Denis Dubois. À la fin des années 90, la grande confusion semée par la crise de la vache folle n’a fait que flouter les différences entre précurseurs du bio français et exploitants déjà engagés dans une logique industrielle. Contrarié par ce manque de reconnaissance qualitatif, ce passionné décide alors de se lancer dans l’élevage biologique de races à viande, à l’époque où l’idée même de rayons bio en grandes surfaces n’avait pas encore germé. Fidèle à la tradition familiale, il revient sur les terres de son père, à l’époque producteur laitier implanté parmi les 260 hectares que couvre la réserve naturelle des marais de Bruges. Aujourd’hui, le voici aux commandes d’une ferme de 140 hectares en prairie naturelle, destinée à l’élevage biologique de presque autant de bovins.

Tourner le dos à l’exploitation intensive tout en tendant les bras à Bordeaux et à ses milliers de clients potentiels, tel est l’équilibre à trouver pour Jean-Denis Dubois. Lorsque ses belles pièces de bœuf ou de veau rosé n’approvisionnent pas les marchés de la Métropole sur les étals de son boucher, elles alimentent son service de vente directe. Depuis une dizaine d’années, le bouche-à-oreille fonctionne : sans véritable support de promotion, M. Dubois a ainsi su profiter de son emplacement stratégique aux portes de la ville pour réaliser 30 à 40 % de sa production par circuit court, renforçant chaque semaine son carnet d’adresses.

Oubliez les produits de synthèse et les engrais chimiques ! Qu’il s’agisse du foin que Jean-Denis Dubois récolte dans ses prairies, ou des céréales qu’il importe des campagnes aquitaines et pyrénéennes, l’alimentation consommée par ses bêtes est certifiée biologique. « Une sécurité alimentaire » pour le consommateur, en même temps que la garantie d’une viande de qualité, bien engraissée.

« L’industrialisation de l’agriculture n’enrichit pas les agriculteurs, mais les industriels » Resté à l’écart des manifestations et de la colère montante, Jean-Denis Dubois dévoile ses sentiments à propos du malaise agricole actuel. Un malaise dans lequel les imposantes grandes surfaces, en tirant toujours plus leurs prix vers le bas, ont leur part de responsabilité : « Les supermarchés volent la viande, lors des promotions notamment. Je ne pourrai pas me permettre de pratiquer les mêmes prix qu’eux, sinon mon activité ne serait pas rentable » déplore-t-il. Les raisons de cette grande braderie tiennent peut-être en un chiffre : 15 %, c’est la part actuelle de l’alimentation dans le budget des ménages. Depuis un siècle, elle n’a fait que diminuer au profit de dépenses autres qu’alimentaires. Les agriculteurs des pays d’élevage, contraints de passer par de grosses coopératives pour espérer exister sur le marché, en sont les premières victimes.

Fermement converti à la philosophie agricole traditionnelle de son père, Jean-Denis Dubois ne voit pas en l’industrialisation du secteur une solution viable sur le long terme. « Pour moi, les histoires de performances, les fermes de milliers de vaches, c’est de la connerie » conteste-t-il durement. Principale entrave : la nécessaire protection de la planète, à l’heure où l’équivalent d’un département français en surface agricole disparaît tous les dix ans. Aussi, à l’importation excessive et coûteuse en énergie de viande bovine parfois qualitativement douteuse, cet amoureux de la nature répond par une production locale raisonnée, animée par des circuits courts, au cœur d’une indispensable « ceinture verte ». À la surproduction, Jean-Denis Dubois préfère la traditionnelle agriculture paysanne, dont la qualité des produits régionaux rayonnerait par delà les frontières françaises. Une conviction qu’il concrétise en élevant cinq femelles de race bordelaise, population vestige dont le nombre de représentants a longtemps été en forte régression, afin de participer à la conservation de la lignée.

Ces dernières années, l’abandon à répétition de terres maraîchères a morcelé une ceinture verte bordelaise aujourd’hui à bout de souffle. Depuis sa ferme Fourcade, protégée du grignotage urbain depuis toujours par la réserve naturelle, M.Dubois appelle les politiques à donner les moyens aux jeunes de s’installer par le biais d’aides directes ou indirectes : « Politiquement, c’est important de garder ces terres agricoles, en zone inondable et donc non constructible pour pouvoir produire plus local demain. » soutient-il.

Beau programme, dont la réussite ne tient pas seulement entre les mains des éleveurs : « Les consommateurs doivent changer leurs habitudes et devenir des consom’acteurs. Ils n’ont pas besoin de manger de la viande tous les jours. Du coup, autant se procurer de la qualité, certes un peu plus chère, auprès des bouchers de quartier ou d’exploitants en direct ». En quelques mots : privilégier la qualité à la quantité, encore et toujours. Décidément, les formules ne manquent pas pour qualifier le travail de M. Dubois.

Prenez contact avec Jean-Denis Dubois par mail ou par téléphone : Téléphone : 06 70 37 02 99 — Email : jddleplusbio@gmail.com (ventes le vendredi après-midi et le samedi matin)

 

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