L’industrie du satellite en pleine mutationComment assurer la pérennité des activités historiques d’un site tout en développant des activités nouvelles dédiées aux générations futures ? Cette question est au cœur du projet appelé « L’Etoile by Aerocampus », prévoyant le rachat du site de l’Observatoire de Floirac par Aerocampus, le centre de formation en aéronautique basé à Latresne. Aujourd’hui propriété de l’Etat, le site de l’Observatoire de Floirac dispose d’équipements rares permettant l’étude des Sciences de l’Univers. Avec des bâtiments classés historiques, le site protégé fait partie du patrimoine de la région. L’objectif est d’en faire un campus dédié à la formation aéronautique et spatiale, mais aussi un espace d’accueil pour les entreprises et un espace culturel, ouvert au public. Ce serait alors le premier campus en Europe dédié aux applications numériques issues du spatial. Cela représente un enjeu économique important, puisque l’industrie du satellite représente plus de 200 milliards de dollars par an et plus de 185 milliards de dollars de chiffre d’affaire.
L’émergence du « New Space »« Nous sommes arrivés à maturité du marché spatial. Il y a un désengagement des gouvernements sur certains aspects de l’industrie spatiale qui nous intéresse » explique Laurent Husson, cofondateur de la société European XLab et participant au plan opérationnel de reprise du site avec Aerocampus. En effet, le secteur spatial connaît aujourd’hui une véritable révolution. D’abord sur les infrastructures (miniaturisation des infrastructures, révolution industrielle) et ensuite sur les applications : il y a une démocratisation de plus en plus importante des données spatiales. Ces données, autrefois privées, sont désormais accessibles au plus grand nombre et entraînent l’émergence de nouvelles applications qui permettent de conjuguer les données spatiales avec d’autres données numériques. Tout cela est appelé le « New Space » : de nouvelles entreprises qui développent un accès low-cost au spatial et à ses technologies.
Plusieurs acteurs qui s’accrochent au projetC’est justement ce que veut développer Jérôme Verschave, directeur général d’Aerocampus : « Il y a un virage à prendre dans ce domaine que nous ne voulons pas rater. Cette évolution de l’industrie du spatial est intéressante économiquement, mais aussi pour la formation des jeunes et la création d’entreprises ». C’est notamment la raison pour laquelle Aerocampus travaille sur ce projet de reconversion de l’Observatoire en compagnie de Telespazio, entreprise majeure du spatial et pionniers des services satellitaires dans le monde. De son côté, le président du Conseil Régional, Alain Rousset, a longuement soutenu le projet durant la visite du site de l’Observatoire : « Nous voulons nous engager dans cette aventure technologique et économique. La région s’est engagée à développer trois domaines en plein émergence : l’étude neurologique (cerveau), l’étude de l’Océan et enfin l’étude de l’espace et de l’aéronautique. Nous nous portons garants de cette sécurisation scientifique en Aquitaine ».
Ce projet, soutenu par de nombreux acteurs (l’Université de Bordeaux, attributaire du site, en fait aussi partie), n’en est qu’à ses débuts. Le chemin est encore long et la mutation de ce site protégé par l’Etat demande une étude financière plus approfondie. Néanmoins, le directeur d’Aerocampus estime le coût potentiel des travaux à plus de 20 millions d’euros.