L’AOC Cadillac veut renforcer la typicité de ses vins rouges


200 vignerons de l'appellation de Cadillac se sont associés avec Bordeaux Sciences Agro afin de mener une étude de potentialité viticole de son terroir au profit d'une plus grande typicité des vins rouges de l'appellation. Une cartographie inédite.

AOC Cadillac Côte de BordeauxCIVB Mathieu Anglada

L'AOC Cadillac Côte de Bordeaux a cartographié en partenariat avec Bordeaux Sciences Agro les potentialités pédoclimatiques viticoles de son terroir pour la production de vins rouges

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 30/05/2023 PAR Camille Juanicotena

L’appellation Cadillac Côtes de Bordeaux compte 97% de ses volumes vinifiés en AOC rouge. En 2022, cela représente 57 400 hectolitres, 1 628 hectares de terrain et 158 vignerons. Face à cette importante production, la Maison des Vins de Cadillac a lancé une étude de potentialité viticole pour le vin rouge en novembre 2021. À la tête de cette étude, Etienne Fayolle, ancien ingénieur pour Bordeaux Sciences Agro, aujourd’hui consultant et Philippe Cherry, maître de conférences en pédologie à Bordeaux Sciences Agro.

39 communes soient 27 000 hectares de territoire ont été cartographiés par les deux scientifiques en se basant sur une ancienne étude menée sur l’Entre-Deux-Mers. 

Chaque appellation mérite d’être évolutive

Minéralité, sol, topographie, climatologie… un panel d’analyses ont été effectuées afin de définir un indicateur de potentialité viticole et ainsi, de « faire évoluer le tracé historique de l’appellation » complète Paul Gonfrier, vigneron Château de Lestiac en appellation Cadillac Côtes de Bordeaux.  Le travail s’est décomposé en trois phases : construction, validation puis amélioration du modèle. La première version de la carte a été proposée aux experts locaux, à savoir les vignerons, qui ont livré leurs remarques et retours afin de faire évoluer cette carte. À cela s’ajoutent les retours des experts globaux : consultants, négociants, courtiers, etc.

Après cette double « relecture », 70% du modèle a été validé, nécessitant un réajustement des classes de paramètres sur certaines zones du plateau, notamment. La dernière version du modèle se veut être concluante, test du nouveau tracé à l’appui. En identifiant les meilleures parcelles, « nous pourrons faire un vin rouge qualitatif, concentré et apte au vieillissement » poursuit Paul Gonfrier. Un vin rouge qui permettra d’affirmer la typicité de l’appellation Cadillac Côtes de Bordeaux, dans la foule des vins rouges des AOC alentours.

70% favorable à extrêmement favorable

Une zone climatique océanique, voire océanique dégradée, un contexte géographie et géologique avantageux, l’étude montre au final que 70% de la surface est en zone favorable et extrêmement favorable à la production de vin rouge AOC de l’appellation. Les 30% en zones peu favorables ne sont pas pour autant à laisser de côté. Ces surfaces « laissent présager de bons potentiels pour les vins blancs » souligne Etienne Fayolle.

Carte - Etude de "potentialité pédoclimatique viticole pour la production de vins rouges"Maison des Vins de Cadillac

Modèle validé qui découle de l’étude de « potentialité pédoclimatique viticole pour la production de vins rouges » réalisé par la Maison des Vins de Cadillac en partenariat avec Bordeaux Sciences Agro

Depuis près d’un mois, les vignerons de la région ont entre leurs mains ce nouvel « instrument [avec lequel] ils pourront adapter leurs modes de conduite » assure Chantal Larnaudie, Présidente de la Maison des Vins de Cadillac.

Face à la déconsommation de vin rouge des Français, pourquoi avoir consacré 45 000 € à ce projet ? « Les vins rouges identitaires se vendent bien. Nous exportons beaucoup de nos produits, également. Et puis, nous ne nous sommes pas intéressés au marché en réalisant ces analyses. Il s’agit d’une carte à potentiel pédoclimatique viticole, à ne pas confondre avec une carte de la qualité des vins » déclarent Etienne Fayolle et Paul Gonfrier.

Typique, traditionnel, emblématique

« Nous voulons produire des vins qualitatifs et mettre en valeur ces terroirs » exprime Chantal Larnaudie. Finalement, l’étude vise à respecter les appellations viticoles tout en appréhendant correctement sa surface.

Les parties prenantes de cette étude sont conscientes qu’ils entrent dans la sphère des choix privés des viticulteurs. « L’idée doit germer et doit induire des changements. Cela se fera petit à petit » se convainc Paul Gonfrier. Précurseur en France, d’autres pays européens comme l’Italie tentent de préserver leur terroir en menant ce type d’étude. Et pour les vins blancs ? « Nous avons lancé une demande dans le cadre du réchauffement climatique, mais nous sommes en manque de financement » répond Emma Baudry, directrice de l’appellation Cadillac Côte de Bordeaux.

« Nous croyons beaucoup en nos AOC. Aujourd’hui, nous n’avons pas d’autres choix que de donner ce type d’outils à nos vignerons » conclut-elle.

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