L’agrivoltaïsme avance mais fait face à de grands défis


Le concept d'agrivoltaïsme fait bouger les lignes de l'agriculture depuis de nombreuses années déjà. Le contexte réglementaire récent semble accélérer les choses vers des réalisations plus concrètes, mais les questions restent encore nombreuses.

Sébastien Ackermann (à gauche), dirigeant d'AS Développement, société accompagnant agriculteurs et développeurs dans la construction de leurs projets, a réuni l'ensemble des acteurs de la filière agrivoltaïque pour un débat dans le cadre du Salon de l'Agriculture de Nouvelle-Aquitaine. Avec lui de gauche à droite pour cette table ronde : Thomas Di Franco, chef de projet de développement et référent agrivoltaïsme à Valorem (développeur spécialisé en énergies vertes), Audrey Juillac, agricultrice et présidente de la FFPA (Fédération Française des Producteurs Agrivoltaïques), Christian Daniau, agriculteur, président de la chambre d'agriculture de la Charente et vice-président de la chambre d'agriculture régionale de Nouvelle-Aquitaine, et Mickaël Chariot, chef du service de l'économie agricole et agroalimentaire au sein de la DRAAF.Sylvain Desgroppes | Aqui

Sébastien Ackermann (à gauche), dirigeant d'AS Développement, société accompagnant agriculteurs et développeurs dans la construction de leurs projets, a réuni l'ensemble des acteurs de la filière agrivoltaïque pour un débat dans le cadre du Salon de l'Agriculture de Nouvelle-Aquitaine.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 27/05/2024 PAR Sylvain Desgroppes

Ce vendredi 24 mai, les acteurs de l’agrivoltaïsme étaient réunis pour une conférence technique au cœur du Salon de l’Agriculture de Nouvelle-Aquitaine, et l’affluence dans la salle n’a fait que prouver l’intérêt que portent collectivités, développeurs, et agriculteurs à ce sujet. Il faut dire que depuis le 10 mars 2023, date du vote de la loi APER (Accélération de la Production d’Énergies Renouvelables), l’attente était réelle.

Les lignes ont fini par bouger avec la publication le 9 avril dernier du décret fixant un cadre pour le développement de la production d’électricité solaire sur les espaces agricoles, naturels ou forestiers. Mais de nombreuses questions restant à soulever, une conférence s’est donc tenue sous l’impulsion de Sébastien Ackermann, président d’AS Développement, société accompagnant agriculteurs et développeurs dans la construction de leurs projets.

La filière se construit

« Entre 2023 et le décret sorti en avril, les acteurs des territoires ont établi leurs doctrines. On sait aussi que les décrets ont besoin d’arrêtés pour pouvoir s’appliquer. Au milieu de tout cela se pose l’articulation des dispositifs sur les territoires », commence Audrey Juillac, agricultrice et présidente de la FFPA, fédération française des producteurs agrivoltaïques, qui a participé à la rédaction de la loi APER.

Les spécificités territoriales, un sujet souvent revenu dans le débat, évoqué aussi par Mickaël Chariot, chef du service de l’économie agricole et agroalimentaire au sein de la DRAAF, ou par Thomas Di Franco, chef de projet de développement chez Valorem, opérateur en énergies vertes. « Il faut tenir compte de l’intégration d’un projet selon le territoire, socialement, juridiquement, économiquement », note ce dernier.

Le premier rôle de l’agriculture, c’est de produire notre alimentation. Il faut donc trouver le bon équilibre

Christian Daniau, président de la chambre d’agriculture de la Charente, a tenu quant à lui à rappeler quelques fondamentaux : « Le premier rôle de l’agriculture, c’est de produire notre alimentation. Il faut donc trouver le bon équilibre, pour que les projets d’agrivoltaïsme s’intègrent dans une démarche de développement durable, où l’on parle d’économie, de social, et d’écologie à la fois ». Garder un ordre de priorité est le point le plus important.

C’est aussi celui qui peut le plus inquiéter la profession. « Notre premier métier, c’est l’énergie. Mais l’exploitation, c’est l’agriculteur. On vient pour répondre aux besoins d’un agriculteur, voir en quoi son projet est compatible, et quel est son avenir », indique Thomas Di Franco. Au-delà de la bonne approche à conserver autour du développement de projets, de nombreuses autres questions restent en suspens.

Et maintenant ?

Un sujet est celui de la diversité des productions. « On ne peut pas promouvoir la richesse de la diversité de nos productions, et ne faire qu’une seule chose sous les panneaux. Pour l’instant, on a beaucoup de projets ovins », rappelle Christian Daniau. La diversité des installations compte aussi. « Des panneaux plus hauts, plus larges, si l’on veut revenir avec des tracteurs pour une fauche par exemple », poursuit le président.

« Si l’on regarde l’aspect technique, on trouvera des solutions par rapport aux différentes productions agricoles que l’on pourra associer à l’agrivoltaïsme, que ce soit dans l’élevage, ou dans l’innovation variétale. Le point crucial, c’est celui de la contractualisation entre l’exploitant, le propriétaire, et le développeur », répond de son côté Thomas Di Franco. Sur ce point, le travail à mener est encore long.

« Il faut réunir le propriétaire, l’exploitant, et le développeur autour d’un contrat tripartite, qualifier les revenus issus de ces projets, protéger chaque partie en cas de défaillance de l’autre… », admet Audrey Juillac. Si l’agrivoltaïsme peut apporter de nombreux aspects positifs, plusieurs points restent encore à soulever pour s’assurer que cela vienne bien renforcer la place de l’agriculture et de ses productions, et non la remplacer.

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