L’Afdi engagée dans les partenariats économiques en Afrique


L'Afdi Nouvelle-Aquitaine est à l'initiative de partenariats économiques au Bénin. Un levier pour concilier commerce et solidarité internationale.

L'Afdi Nouvelle-Aquitaine est à l'initiative de deux PER au Bénin : un sur la filière de la noix de cajou et un autre sur l'ananasAfdi Nouvelle-Aquitaine

L'Afdi Nouvelle-Aquitaine est à l'initiative de deux PER au Bénin : un sur la filière de la noix de cajou et un autre sur l'ananas

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 05/07/2022 PAR Julien PRIVAT

L’antenne régionale Afdi (Agriculteurs français et développement international) est à l’initiative de deux PER (partenariats économiques responsables) entre des coopératives du Nord et du Sud. Ce qui s’inscrit pleinement dans les missions de cette association de solidarité internationale qui construit des partenariats entre les mondes agricoles français et ceux des pays en développement.

À l’occasion de son assemblée générale, Afdi (agriculteurs français et développement international) de Nouvelle-Aquitaine a accueilli des directeurs de coopératives béninoises, ainsi que les coopératives de Nouvelle-Aquitaine engagées, le directeur et le président d’Afdi nationale pour discuter autour de tables rondes sur la thématiques des Partenariats économiques Responsables (PER) entre coopératives du Nord et du Sud.

Il s’agit d’un partenariat entre une coopérative française, une coopérative du Sud et une ou plusieurs entreprises de transformation qui s’engagent dans une filière agro alimentaire partagée, inclusive et durable. Afdi exerce le rôle de médiateur et animateur entre opérateurs économiques agricoles et agro-alimentaires français et africains. Elle est aussi appui technique et financier aux organisations paysannes du Sud et garant éthique dans la co-construction de démarches équitables et responsables.

La souveraineté alimentaire pour éviter la famine ?
Samuel Diéval, directeur Afdi nationale, a brossé quelques grandes lignes concernant les propositions du réseau Afdi, en  s’appuyant sur les quatre Partenariats Economiques Responsables déjà mis en place. « Aujourd’hui avec le contexte international, celui de la guerre en Ukraine, il y a un impact sur la sécurité alimentaire et la question de la souveraineté alimentaire se pose. C’est un concept que nous pratiquons déjà depuis plusieurs décennies avec les pays africains où les politiques publiques permettent aux agriculteurs de nourrir la population ».

La question de la faim à travers le monde est primordiale. Les derniers chiffres remontent déjà à 7 ans: en 2015, 800 millions d’individus sur la Terre souffraient de la faim. Afdi propose d’investir massivement dans le développement durable, favoriser des systèmes alimentaires durables, flécher l’aide publique vers le secteur agroalimentaire, respecter l’exception agricole dans les négociations commerciales, attribuer davantage d’aides au développement aux organisations agricoles et rurales africaines et créer une plateforme afro-européenne de jeunes agriculteurs.

L'ananas du BéninAfdi Nouvelle-Aquitaine

L’ananas du Bénin

De l’ananas bio et équitable du Bénin
Deux partenariats économiques responsables, soutenus par Afdi Nouvelle-Aquitaine. Le premier réunit le Réseau des producteurs d’ananas du Bénin (RépaB) et la coopérative Terres du Sud. « La rencontre avec le RépaB remonte déjà à une dizaine d’années », introduit Patrick Grizou, président du groupe coopératif Terres du Sud. « On venait de reprendre l’activité de Jus de Marmande et les Jus Vallée Verte et on voulait développer un production équitable. On s’est intéressé à la production de jus d’ananas du Bénin. » Le partenariat a débuté en 2015.

Damien Kiki, directeur général du RépaB, apparaît satisfait par cet échange et accompagnement. Car le réseau des producteurs d’ananas a obtenu une certification bio et équitable. « Elle nous a beaucoup apporté, reconnaît-il. Avant l’ananas bio n’était pas valorisé, aujourd’hui on en produit 4 000 tonnes à l’année ». Les prix sont supérieurs et plus rémunérateurs. Le RépaB représente 250 hectares d’ananas bio. 135 producteurs sont certifiés bio sur les 800 que comptent le réseau. Afdi leur a permis d’avoir pour objectif les certificats mais aussi d’étudier les prix de vente pour mieux valoriser. « Au-delà de la valorisation sur le marché, il y a des histoires d’hommes, poursuit Patrick Grizou. Il y a de vraies réalités économiques pour que l’ananas soit durable ». Le bio / équitable permet de concurrencer d’autres ananas… notamment ceux en provenance du Costa Rica.

La noix de cajou est transformée dans l'usine de Tolaro Global à Parakou au BéninJulie ALLEAU

La noix de cajou est transformée dans l’usine de Tolaro Global à Parakou au Bénin

Unicoque soutient la noix de cajou du Bénin
Autre partenariat économique responsable, celui entre la coopérative unicoque (plus connue sous la marque Koki) qui produit des noisettes et noix à Cancon en Lot-et-Garonne et URCPA-AD (l’Union régionale des coopératives de producteurs d’anacarde de l’Atacora Donga) qui produit des anacardes (autrement dit des noix de cajou) et Tolaro Global, une entreprise américano-béninoise qui transforme l’anacarde.

Jean-Luc Jagueneau, administrateur Adfi Nouvelle-Aquitaine, responsable du PER cajou retrace:  « L’URCPA a trouvé ce client qui voulait développer son approvisionnement en bio. Tolaro s’interrogeait également sur sa capacité à intégrer le marché européen. Ils avaient besoin d’un oeil extérieur. » Un audit fut réalisé par la coopérative Unicoque à Tolaro au Bénin et inversement Tolaro est venue faire audit d’Unicoque à Cancon. Mais ce PER a apporté aussi à l’URCPA. Afdi est partenaire avec cette union des coopératives depuis 2004. « On a donc travaillé sur les acquis des années précédentes, indique Mohamed Baranon, directeur général de l’URCPA-AD. Cela nous a donné la possibilité de contractualiser ». Tolaro s’était engagé à acheter sur trois ans 3 000 tonnes bio aux producteurs de l’URCPA. Ce qui a permis à l’union régionale des coopératives de développer le bio. Aujourd’hui elle a 2 300 producteurs en bio pour 4 000 tonnes produites. « On a quand même un problème de fidélisation de nos coopérateurs. Le marché de la cajou est très fluctuant et les producteurs veulent vendre le plus cher possible », enchérit Mohamed Baranon.

Finalement les relations entre les coopératives du Nord et celles du Sud sont riches. Cependant, ces synergies entre ONG, entreprises, coopératives ont besoin de financements. Il existe des fonds, comme le fonds Moringa, un Fonds qui se veut socialement responsable, créé en 2012 à l’initiative de la Compagnie Benjamin de Rothschild (CBR) et de l’Office National des Forêts International (ONFI). « Nous investissons dans des sociétés de transformation en Afrique de l’Ouest et en Amérique latine, précise Lenny Martinez, ESG & Impact Manager de Moringa. On soutient 18 projets avec une participation en moyenne de 80 000 euros. » Le financement d’une centrale biomasse pour Tolaro et la valorisation de la coquille d’anacardes sont à l’éTude. La région Nouvelle-Aquitaine accompagne aussi les deux campagnes de PER avec le Bénin.

Le PER fait partie des objectifs de développement pour Afdi. De nouveaux sont en préparation. «  L’Europe et l’Afrique ont un avenir commun et le PER permet de renouveler la coopération Europe-Afrique, affirme Sophie Fonquernie, présidente Adfi Nationale. Dans PER, il y a le mot partenariat. Des politiques doivent être mises en place pour éviter la famine, le djihadisme montant, le terrorisme… Grâce aux coopératives, un partenariat d’accompagnement peut se développer et déboucher sur un lien commercial. Il faut sortir d’une culture descendante pour imaginer ensemble ce développement », conclut-elle.

Infos pratiques !

Après six ans et deux mandats en tant que président d’Afdi Nouvelle-Aquitaine, Thierry Boudaud a laissé place à François Lesparre. Ce dernier est agriculteur dans les Landes, actuellement Président d’Afdi 40 et de la FNSEA 40, son engagement à Afdi ne date pas d’hier et son attachement à l’Afrique encore moins. En effet, François a commencé sa carrière en tant que coopérant en Afrique Centrale et depuis, a toujours suivi les actions d’Afdi, principalement au Bénin.

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