Chez l’Arbre Vengeur, on ne se prend pas au sérieux : “nous sommes une toute petite structure associative”,annonce modestement l’éditeur. Au coeur de la démarche des deux amis, la notion de plaisir : “on édite que des textes qui nous plaisent vraiment”, continue David Vincent. L’Arbre Vengeur, une maison d’édition qui réunit les compétences et les talents d’un libraire, “lecteur névrotique”, selon ses propres termes, et d’un graphiste, pour des livres à collectionner, à la couverture et aux illustrations soignées.
Coutures et modernités
“On tire la littérature vers le moderne”, explique David Vincent en présentant ses ouvrages bigarrés. Mais chez l’Arbre Vengeur, il n’en a pas toujours été ainsi. Dans leurs premières années d’éditeurs, les deux hommes cousaient leurs livres un à un à la main. Un labeur de fourmi, effectué après le travail, la nuit. Peut-être à la lueur d’une bougie ? “Après quatre livres réalisés ainsi, on s’est dit que c’était bon, qu’on avait assez de passion pour l’édition”. Des pratiques d’un autre temps, qui tranchent sur les choix graphiques résolument innovants proposés par la maison. Les petits volumes, rose bonbon, rouge sang, jaune citron, sont comme des friandises pop acidulées.
Catalogue-cimetière
Le tout est piquant pour les sens, mais aussi pour l’esprit. Le catalogue de l’Arbre Vengeur est pricipalement composé de rééditions, d’auteurs français ou étrangers, avec un goût prononcé pour l’écriture furieuse et terrible. Les feuilles introuvables de Jules Renard, Pierre Louÿs, Léon Bloy, Octave Mirbeau, Italo Svevo, Gilbert Keith Chesterton et tant d’autres, vous les trouverez ici. Le 18 mars sortira Un drame affreux chez les “tranquilles”, de Marc Stéphane, écrivain du début du siècle, étonnament méconnu. “On a l’impression de lire Céline, mais vingt ans avant”, dit de lui David Vincent. Effectivement, ce voyage nocturne à l’hôpital Sainte-Anne, au bout de la louferie, en rappelle un autre. La langue est truculente et explosive, l’anecdote, féroce, contée avec un soupçon d’humour à la cruauté tendre, rare chez l’auteur de Mort à Crédit.
Mais au fait pourquoi l’arbre ? et pourquoi vengeur ? “Il n’y a pas vraiment de raisons, explique l’éditeur. Peut-être que le livre est la plus belle vengeance qu’un arbre puisse nous faire…”
Présence permanente au salon
Les Nouveautés
Marc Stéphane, La Cité des fous, un drame affreux chez “les tranquilles” (coll l ‘Alambic)
Erckmann-Chatrian, L’oeil invisible, le requiem du corbeau Pierre Louys, Une volupté nouvelle Coup de coeur
Noir Equateur de José de La Cuadra, un auteur majeur d’Amérique du Sud
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