La solitude : un mal des sociétés modernes


Depuis 2010, la Fondation de France publie par le biais de son Observatoire de la Philanthropie, une étude sur la solitude. Particulièrement riche et documentée, l'édition 2022 révèle l'ampleur et la complexité de ce mal devenu un fait de société.

Homme seul regarde par sa fenêtrePexels (pixabay.com)

La solitude apparait plus importante en milieu urbain.

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 11/05/2023 PAR Emmanuelle Diaz

C’est un signe des temps. Dans nos sociétés actuelles, le sentiment de solitude est devenu un mal incontournable. Alors que, paradoxalement, la fréquentation des réseaux dits sociaux ne cesse de s’accroître. En vain. Un fléau tel que la Fondation de France , premier réseau philanthropique de France et organisme reconnu d’utilité publique, lui consacre un rapport annuel depuis 2010. Intitulée « Regard sur les fragilités relationnelles », l’édition 2022 interroge près de 3400 personnes résidant en France par le biais d’une enquête statistique réalisée par le CREDOC. Elle recueille également les témoignages de professionnels et de personnes exposées à la solitude dans le cadre d’une enquête ethnographique menée sur le territoire français, en zone urbaine et rurale. Et les chiffres sont sans appel.

Les chômeurs, ils souffrent deux fois plus d’isolement relationnel que les actifs en poste

En France, 11% des plus de 15 ans se trouveraient en situation d’isolement relationnel. « C’est à dire qu’ils n’ont pas ou très peu de contacts physiques avec d’autres personnes selon cinq critères de sociabilité : la famille, les amis, les voisins, le travail et le monde associatif. Un niveau qui correspond à celui d’avant la crise sanitaire qui avait vu une aggravation notable de la situation avec un pic de inédit de 24% de la population en 2021 », explique Béatrice Bausse, déléguée générale de la Fondation de France Sud-Ouest.

Béatrice Bausse, déléguée générale de la Fondation de France Sud-Ouest

Et si l’on se sent globalement plus seul en ville -car davantage d’anonymat- qu’à la campagne, d’autres éléments sont aussi à prendre en compte. Ainsi, « la proportion de personnes isolées varie considérablement en fonction de leur situation économique puisque parmi les personnes à bas revenus, 15% sont isolées contre 8% pour les hauts revenus. Quant aux chômeurs, ils souffrent deux fois plus d’isolement relationnel que les actifs en poste (21% vs 10%) », poursuit-elle.

La solitude : un mal aux formes plurielles

Autres révélations de l’étude : le mal serait plus profond et surtout plus subtil. Ainsi, en 2022, une personne sur cinq se sentirait régulièrement seule et l’existence d’une vie sociale ne protégerait pas du sentiment de solitude. Une situation vécue comme une épreuve par 8 personnes sur 10, soit 9 millions d’individus en France. « La solitude peut aussi être cause d’une dévalorisation de soi-même, l’impression qu’on n’a plus beaucoup d’intérêt pour les autres puisqu’on ne vit pas grand chose. Un sentiment de honte qui aggrave l’isolement car on n’ose plus aller vers les autres. C’est la double peine », poursuit Béatrice Bausse.

Une nouvelle approche du problème

Phénomène sociétal et « socle de tous les malheurs » pour la déléguée générale, l’isolement ne semble cependant pas être une fatalité. « La crise covid a mis en exergue des situations qui n’apparaissaient pas avant et dont on a pu s’occuper. Paradoxalement, l’isolement qu’elle a causé nous a poussé à nous rapprocher des associations et autres structures, à avoir une approche plus territoriale que thématique. Déjà, de nouveaux programmes, comme « Inventer demain » voient le jour », précise-t-elle. La solitude, au final ? Un problème que La Fondation de France considère désormais comme une partie intégrante et transverse de toutes les actions de solidarité et non plus comme une thématique concernant des catégories de personnes spécifiques. Une approche du problème qui devrait ouvrir la voie à de nouvelles solutions.

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